Fraîchement sortis du Théâtre d’Aujourd’hui après une représentation de la pièce Seeker, nous avons eu le privilège de pouvoir nous entretenir avec Marie-Claude Verdier, l’autrice de la pièce. Elle a accepté chaleureusement de répondre à nos questions. On sentait toute la fierté qu’elle ressent pour son travail et a été sincèrement touchée par nos commentaires élogieux sur le texte et le jeu d’acteurs. Il est évident qu’elle est une grande amatrice de science-fiction et de plusieurs auteurs qui en ont fait sa renommée et aussi qu’elle fait partie de la grande famille des geeks québécois !
Une autrice aux inspirations multiples
Ses inspirations premières dans l’écriture de la pièce provenaient en majeure partie de la littérature de la science-fiction comme Arthur C. Clarke (2001, l’Odyssée de l’Espace) et Philip K. Dick (Blade Runner). Elle apprécie aussi les films de science-fiction, mais plus ceux qui mettent en vedette des gens ordinaires et pas des super-héros. Comme elle l’a dit « Je suis plus Outland (un classique avec Sean Connery) que Star Wars« . Elle est aussi très intéressée par les histoires qui mettent de l’avant un aspect géopolitique comme le film 2010 où une guerre éclate sur Terre et les habitants d’une station spatiale en orbite, un groupe composés d’Américains et de Russes qui sont ennemis sur la surface, doivent faire équipe pour survivre, malgré leurs différents. Une autre source d’inspiration a été le domaine des jeux vidéo, en particulier le titre peu connu, Everybody’s Gone To The Rapture, une expérience narrative peu basée sur l’action, mais sur l’histoire et les émotions. Également, la trilogie Mass Effect a eu un impact, surtout avec sa trame narrative basée sur les choix et les conséquences.
Un détail que nous avions remarqué dans la pièce est que les personnages ont des prénoms anglophones, mais leur langage est typiquement québécois. Nous lui avons demandé si cette particularité était voulue. Marie-Claude m’a expliqué que les personnages sont en fait écossais, l’autrice y ayant vécu quelques années. L’histoire de Seeker fait partie d’une plus grande saga dont font partie les personnages de la pièce. Seeker est donc un chapitre d’une histoire beaucoup plus vaste. Le choix d’utiliser un langage typiquement québécois était pour ancrer les personnages dans cette réalité et les rendre plus authentiques. Le texte de la pièce est présentement en cours de traduction en anglais et l’autrice aimerait bien qu’elle soit jouée par des acteurs écossais avec leur accent très particulier et leur lexique de jurons très variés ! Lorsque je lui ai demandé de décrire la pièce en cinq mots, elle a choisi « mémoire », « sens », « amour », « croire » et « confiance ».
De la science-fiction, mais de l’émotion avant tout
Lors de sa description personnelle de la pièce, elle a insisté sur l’empathie de son personnage principal qui, par sa faculté d’accéder aux souvenirs, peut voir l’humanité dans toute sa beauté, mais aussi toute sa violence. L’aspect émotionnel de la pièce est très important et sa finale laisse plusieurs questions encore en suspens. Nous vivons en ce moment dans une période où les suites sont très présentes et nous avons posé la question à savoir si l’histoire de Seeker allait se poursuivre peut-être sous d’autres formats. Tel que mentionné plus haut, Seeker est un chapitre d’une histoire plus large dont les bases existent déjà. L’élaboration de la pièce s’est faite sur une période de cinq ans et l’autrice a fait le choix de se concentrer sur cette partie, mais les autres sont toujours disponibles pour des projets futurs, comme des romans ou du cinéma.
Nous sommes par la suite revenu sur l’aspect « gens de tous les jours » des personnages de la pièce et si justement cette particularité expliquait leur langage un peu ordurier, mais en fait l’autrice voulait plutôt démontrer que malgré leur haut degré d’éducation, Lomond et son ex-femme ont les mêmes particularités et faiblesses que l’ensemble de la population. Si on les soumet à un stress intense comme c’est le cas ici, ils vont réagir avec impulsivité, et la colère ou la frustration vont prendre le dessus. Enfin, nous lui avons demandé si l’élaboration d’un projet portant sur la science-fiction, un domaine peu exploré dans le théâtre, lui a causé des difficultés pour le développer. Il était évident que la proposition a tout d’abord étonné, mais il reste que la communauté geek de Montréal est bien vivante et prend de plus en plus de place, ce qui a dû aider à la cause. Le théâtre est un des derniers domaines où la science-fiction ne s’est pas encore beaucoup imposée, les auteurs optant plus pour le roman, le cinéma ou la télévision où il est plus facile de développer son histoire. Il fallait trouver l’équilibre entre le genre et l’aspect théâtral, un défi que l’autrice a trouvé passionnant à relever. Elle avait également de l’expérience dans le domaine, ayant travaillé sur un podcast intitulé Menlo Park qui s’inspirait d’un des premiers romans de science-fiction. Elle a également porté notre attention sur la régisseuse de la pièce Seeker qui travaille sur du théâtre geek avec le projet creature/creature.
La pièce Seeker est offerte en représentation au Théâtre d’Aujourd’hui jusqu’au 2 octobre. Pour en savoir plus sur l’autrice, voici quelques liens :