Avez-vous plusieurs centaines de milliers de dollars à dépenser ? Souhaitez-vous devenir propriétaire d’un unique morceau d’histoire des jeux vidéo ? Si oui, vous serez heureux d’apprendre que présentement il y a une vente aux enchères pour le seul prototype existant d’une console mythique, la Nintendo PlayStation. Oui, vous avez bien lu, la Nintendo PlayStation.
Un partenariat prometteur qui s’est terminé par la création d’un grand rival pour Nintendo
En 1988, Nintendo et Sony ont conclu un partenariat pour développer une nouvelle version de la console Super Famicon et SNES qui ajouterait un lecteur CD-ROM. Le modèle, appelé Nintendo PlayStation, demeurerait compatible avec tous les jeux sur cartouche, en plus d’une collection de jeux disponibles sur le nouveau format Super Disc, développé par Sony. Les clauses de ce contrat de travail stipulaient que Sony maintiendrait le contrôle sur les logiciels disponibles sur le nouveau format, en plus de détenir les droits sur la musique et les vidéos. Ceci était bien différent du contrôle que Nintendo avait toujours maintenu sur le marché des jeux disponibles sur ses consoles, ce qui a rendu le président de l’époque, Hiroshi Yamauchi, plutôt nerveux. Derrière le dos de son partenaire, Nintendo a alors amorcé des négociations avec sa rivale, Philips, pour développer un lecteur CD-ROM. Au Consumer Electronics Show de 1991, Sony a annoncé en grande pompe la sortie prochaine de la Nintendo PlayStation. Le lendemain, Nintendo a fait l’annonce de son partenariat avec Philips, prenant tout le monde par surprise, surtout Sony.
Cette trahison a causé un fossé entre les deux compagnies. Par la suite, Sony a approché le grand rival de Nintendo, SEGA, afin de développer conjointement une console. Après de premiers pourparlers positifs, les négociations n’auront pas abouti sur une entente. Sony a alors décidé de développer sa propre console, la Sony PlayStation, sortie en 1995. La nouvelle plateforme s’est avérée extrêmement populaire, avec plus de 102 millions de consoles vendues dans le monde. Le partenariat entre Nintendo et Philips n’aura finalement abouti sur rien. Pire encore, une clause dans le contrat stipulait que Philips aurait le droit d’utiliser des franchises de Nintendo pour sa propre console, la CD-i. Cela donnera certains des pires jeux mettant en vedette Mario et Link, comme Hotel Mario et Zelda Wand of Gamelon. Enfin, la réponse de Nintendo à la PlayStation de Sony, la Nintendo 64, aura fait piètre figure au niveau des ventes, ne s’écoulant qu’à 32 millions d’exemplaires, à peine le tiers de sa rivale. Nintendo ne sortira pas de console utilisant un disque optique avant la GameCube en 2001. Cette console aura mordu la poussière face à la PlayStation 2, qui est encore aujourd’hui la console ayant vendu le plus d’exemplaires de l’histoire avec plus de 150 millions d’unités.
Un morceau d’histoire disponible au plus offrant
La Nintendo PlayStation est devenue une sorte de Saint-Graal mythique pour les collectionneurs de consoles rétro. Jusqu’à tout récemment, on croyait qu’aucun prototype n’avait survécu, mais en 2015, un ancien employé de la compagnie de crédit américaine Advanta a reçu un lot de produits divers provenant de son ancien employeur, maintenant en faillite. Parmi ceux-ci se trouvait un prototype de la Nintendo PlayStation, laissé à la banque par l’ancien PDG de Sony Computer Entertainment, Olaf Olafsson. La console pouvait recevoir des cartouches Super Famicon, mais le lecteur CD n’était pas fonctionnel. Ce dernier a été réparé, mais aucun jeu officiel n’a été lancé utilisant le format Super CD. Des programmeurs enthousiastes ont produit quelques jeux maison qui fonctionnent avec le système.
Le modèle a été mis aux enchères par la compagnie Diebold pour une mise de départ de 15,000$ US. Au moment d’écrire cet article, la mise gagnante se hissait à 350 000$ US et il restait encore 18 jours avant la fermeture de l’enchère. Il y a fort à parier que ce montant augmentera encore de façon significative, ce qui pourrait faire de ce prototype la pièce de collection la plus dispendieuse de l’histoire du jeu vidéo.