No More Heroes III – Le style plutôt que la substance

No More Heroes III, annoncé au E3 2019, est l’équivalent au cinéma d’un film d’auteur ou bien de série B. Petite équipe, pas trop de budget, une vision et surtout, un directeur de renom. Ayant joué aux deux premiers opus étant plus jeune, je n’attendais pas avec impatience le nouveau titre, mais j’avais quand même un certain engouement. Retrouver le style déjanté de SUDA51 (Goichi Suda) est toujours spécial. Disons que c’est une expérience en soi et qu’on ne sait jamais où ça se dirige. Enfin, plusieurs années plus tard, on peut renouer avec Travis Touchdown.

En bref, c’est un otaku, propriétaire d’un katana laser, vivant dans une chambre du miteux motel No More Heroes, conducteur d’un scooter éclaté (Demzamtiger) et vivant dans la ville américaine fictive de Santa Destroy. Le jeu renoue avec une histoire loufoque. FU (Jess Baptiste VI) est un extraterrestre qui revient sur Terre pour la conquérir. Vous entrez alors dans un genre de tournoi intergalactique où vous devrez le vaincre lui et ses neuf assassins (des superhéros galactiques) pour tenter de sauver la Terre. Bref, saurez-vous être à la hauteur ?

No More Heroes III : de l’excellente jouabilité minée par un monde ouvert affreux

Une histoire sens dessus dessous

Premièrement, si vous n’avez pas joué aux trois autres titres, vous allez être perdus. J’ai joué aux deux premiers il y a longtemps et j’étais énormément perdu outre la trame de base des extraterrestres qui veulent conquérir la Terre. Je suis allé regarder des vidéos récapitulatifs pour être capable de suivre. Ce ne sont pas de grosses histoires hyper complexes, mais on se sent perdus tout de même. Mais bref, une fois le choc passé, on retrouve le jeune garçon Damon qui trouve un extraterrestre et s’occupe de lui. Il l’aide à retourner chez lui et l’extraterrestre, FU, lui promet qu’il va revenir.

Lors du retour de celui-ci, on se rend compte qu’il est méchant, qu’il anéantit des planètes et qu’il est de retour pour contrôler le monde avec Damon. FU en tant qu’extraterrestre généreux et bon, offre la chance d’épargner la Terre si quelqu’un arrive à battre ses neuf sbires superhéros galactiques.

No More Heroes III
Le katana est toujours aussi agréable.

Une narration un peu dépassée

Vous retrouverez beaucoup de visages connus et plusieurs nouveaux tout au long de l’aventure. Comme tous les jeux SUDA51, ça passe ou ça casse. Pour celui-ci, l’histoire est correcte. Là où le bât blesse, peut-être que j’ai changé, mais beaucoup d’humour tombe solidement à plat. Ça se résume beaucoup à de l’humour scatologique. Par exemple, pour sauvegarder, on doit aller aux toilettes. Pour ouvrir des points d’intérêts sur la carte, on doit aller déboucher ladite toilette de sauvegarde. Peut-être que je suis rendu trop vieux, mais il me semble qu’on est rendu ailleurs.

Finalement, l’histoire est trop étirée. Les séquences animées prennent une éternité. Les parties narratives qui nous font vivre le jeu comme si c’était des épisodes se répètent et ce n’est pas nécessairement parfait. On en aurait pris un peu moins, ou du moins que ce soit plus intéressant. On est 100 % dans le style SUDA51, mais on oublie de rendre le tout intéressant. Je préfère encore les parties d’intrigues qui ramènent aux anciens opus même si la caractérisation de certains personnages est étrange. J’apprécie aussi beaucoup la progression du personnage de Travis. Je ne suis pas convaincu que ce sera la fin de l’univers No More Heroes, mais Travis pourra prendre une pause, je crois.

No More Heroes III
Des visages connus.

Des séquences d’actions incroyables

Voilà, l’entête dit tout. Ce jeu existe et sera probablement un succès pour ces séquences de jeux. Les combats sont intenses, juste assez difficiles, bien scriptés, mais surtout justes. Si l’on meurt, c’est qu’on a mal appris les aptitudes et les séquences du superhéros que l’on doit tuer. Parfois, on se croit trop bon et l’on essaie de faire deux ou trois attaques de plus pour aller plus rapidement et l’on se retrouve avec une demi-jauge de vie en moins. Tout est opportunisme, attaque et contre-attaque. Plus vous touchez votre ennemi sans vous faire toucher, plus vous faites de dégâts. Attention de ne pas gaspiller vos attaques sinon votre katana laser se retrouvera à sec. Vous devrez alors vous exposer pour charger ses batteries.

Vous avez quatre aptitudes que vous pourrez ajuster à votre goût. Une habileté qui étourdit votre ennemi, une qui ralentit le temps, une qui vous permet de catapulter votre ennemi par télékinésie et une autre qui met une mitrailleuse automatique qui protège une petite portion de l’arène. Vous pourrez utiliser des puces pour améliorer ces habiletés. Une habileté fera des dégâts supplémentaires en échange de recevoir plus de dégâts, par exemple.

Vous pouvez aussi améliorer vos compétences de combat (dégâts, vie, temps de recharge des habiletés, etc.) grâce à une machine d’arcade au sous-sol du motel.

No More Heroes III
Des mouvements de luttes sont à l’honneur.

Un monde ouvert délabré

Les divers gros combats que vous aurez à faire sont uniques et vraiment agréables. Là où ça se gâche, c’est tout le reste qui est tout bonnement désagréable. Se promener en moto dans le monde ouvert franchement pas très beau et vide. C’est ennuyant. On a l’impression d’aller vite, mais au moindre accrochage, on est catapulté hors de la moto. Quand je dis moindre, ça ne prend vraiment pas grand-chose.

Les quêtes annexes sont peu inspirées. On a quelques îles à visiter qui séparent l’histoire, mais au final ça se ressemble. Quelques missions où il faut tuer des ennemis de base, d’autre où il faut déboucher des toilettes… On se tanne à la longue, la force du jeu est vraiment les combats contre les boss. Le reste est bancal et sans intérêt, du moins pour moi. Ça cassait le rythme.

No More Heroes III
Le mode Mecha peut parfois s’activer en combats.

Une technique inégale en tout point

La bande sonore est très bonne. Les voix et surtout la musique sont dynamiques et entraînantes. Lorsqu’on se bat, la musique est adaptée en tout point et fait monter l’adrénaline en flèche. Les contrôles sont juste parfaits en combat. C’est serré et le jeu fait ce qu’on entre avec la manette. En dehors des combats, pas grand-chose à redire. C’est correct outre la moto.

Là où le jeu perd énormément de points, c’est dans les graphismes. Les superhéros et les personnages principaux sont beaux, mais le reste n’est vraiment pas joli. On se croirait sur PS3/Xbox 360 quand la mode était aux graphismes luisants et boueux. Et encore, ce ne serait pas parfait.  L’animation hors combat n’est pas très développée, le monde ouvert est moche. On perd des images secondes rapidement et ça devient saccadé. Tout est vide. Bref, je sais que je me répète, mais le monde ouvert gâche l’expérience pour moi.

Malgré tout ça, je recommande No More Heroes III pour l’action. Si vous êtes capable de passer rapidement à travers le reste du jeu, les séquences de combats sont vraiment bonnes. J’aimerais pouvoir pardonner parce que le jeu est fait par une petite équipe et que c’est normal d’avoir des parties moins polies, mais pas à 80$.

J’ai lu que le développeur avait plusieurs rustines en route pour corriger les défauts du jeu (surtout la perte d’images par seconde), alors je crois que ça risque de s’améliorer. Si vous êtes admirateur de SUDA51, n’hésitez pas. Si vous avez joué aux autres titres, n’hésitez pas, mais si vous êtes néophytes, attendez un peu. Un rabais pourrait sûrement rendre le jeu meilleur pour vous. Comptez entre 15 et 20 heures pour faire le tour de No More Heroes III.

J’aime

  • Les combats
  • La musique
  • Le design des boss

J’aime moins

  • Les graphismes
  • Le monde ouvert
  • L’humour un peu dépassé

La copie de No More Heroes III a été fournie par Nintendo.

No More Heroes III

Scénario
Graphismes
Bande sonore
Jouabilité
Durée de vie

Correct

L'action est intense et amusante. Elle sauve tout le reste du jeu.

À propos de Olivier Grondines

Fanatique des jeux vidéo depuis le premier 386 familial. Cinéphile à temps partiel. J'adore me plonger dans tout ce qui se considère comme jeux vidéo même si mon coeur réside dans le rétro !

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