Après un an de silence, Motorola dévoile le début de sa réinvention avec le Moto X. Un téléphone Android conçu pour le monde réel, pour tout un chacun. Conçu et dessiné dès le premier trait pour simplifier la vie de son utilisateur, le Moto X embarque un lot de petites innovations intéressantes. Démarrage de la caméra par rotation du poignet, reconnaissance vocale toujours active, détection de contexte en sont trois exemples. Le problème est que, lorsqu’on veut faire quelque chose pour tous, on termine souvent en plaisant à personne. Par chance, Motorola a su éviter ce piège. Dans les prochains paragraphes, je vous expliquerai pourquoi. Mettez du Harry Belafonte sur le stéréo, sortez le Dr. Pepper puis lisez mes chers amis, lisez !
Fiche technique
Avant de recevoir mon prêt du Moto X, j’ai eu la chance de m’entretenir avec la vice-présidente des ventes de Motorola Mobility ainsi qu’avec le représentant du portfolio de l’entreprise. La discussion m’a fort renseigné sur le changement de philosophie dans l’entreprise qui a mené à bien la conception du Moto X.
Motorola a longtemps été orientée par un principe de saturation. Mettre le plus de caractéristiques techniques dans le plus d’appareils possible. Concevoir un appareil pour combler tout segment existant. Pour le X, Motorola a choisi d’épurer le processus et d’y aller au besoin plutôt qu’à la disponibilité. La firme a effectué de la recherche pour trouver la forme optimale du boîtier, la taille idéale de l’écran, pour trouver quelles fonctionnalités pouvaient répondre à un réel besoin pour l’usager. La fiche technique, que nous allons regarder ensemble dans un moment, est fortement influencée par cette philosophie de conception.
Moto X
- Architecture Motorola X8 Mobile Computing comportant :
- Qualcomm Snapdragon S4 Pro bicoeur cadencé à 1,7 GHz ;
- Processeur graphique quadricoeur Adreno 320 ;
- Coeur spécialisé dans le traitement de la langue naturelle ;
- Coeur spécialisé dans la gestion de l’informatique contextuelle.
- 2 Go de mémoire vive, 16 Go de stockage interne et 50 Go de stockage gratuit sur Google Drive pendant 2 ans
- Écran HD 720p AMOLED (RGB) de 4,7 pouces
- Connectique :
- GSM/GPRS/EDGE sur fréquences 850/900/1800/1900
- HSPA/HSPA+ sur fréquences 850/900/1900/2100
- LTE sur fréquences 2100 et 2600
- WiFi a/b/g/n/ac
- Bluetooth 4.0 LE + EDR
- GPS (évidemment)
- Caméra principale de 10 mégapixels, à technologie Clear Pixel
- Caméra secondaire (frontale) de 2 mégapixels
- Pile scellée à 2200 mAh
- Contenu de la boîte à l’achat : Téléphone, chargeur rapide, câble USB, outil d’éjection de la SIM et plusieurs guides.
Fait intéressant sur le chargeur fourni : il présente deux ports USB. Il est donc possible de charger deux appareils à la fois. Il est également le chargeur le plus rapide que j’ai eu la chance d’essayer. Environ une heure entre pile vide et pile pleine. Incroyable.
Design de la bête
Au premier regard, et surtout si on le voit de face, le Moto X n’a strictement rien de particulier ou d’excitant. Une façade toute en verre, comme bien d’autres smartphones. Au dos, une seule texture plaque toute la surface, une forme de tressage d’inspiration Kevlar. Probablement afin de ne pas briser l’héritage familial de design masculin.
La face arrière de l’appareil présente une courbe bien spéciale, plus prononcée vers le haut de l’appareil qu’au bas. Le logotype Motorola, juste en dessous de l’objectif de la caméra, est légèrement concave. Il devient un point de repère, une façon de savoir où poser son doigt sans graisser la caméra.
Sur l’arête droite de l’appareil se trouvent le bouton d’alimentation ainsi que le contrôle du volume. Sur l’arête gauche, rien du tout. Au haut, le connecteur pour casque d’écoute et, au bas, la prise microUSB.
Jusqu’à date, rien d’extra ou de notoire. Mais le moment transformateur arrive lorsqu’on prend le Moto X dans la main pour la première fois. C’est à ce moment que la conception de l’appareil prend tout son sens. La courbe épouse la main parfaitement. La texture du dos est assez douce pour être agréable mais pas trop pour rendre l’appareil glissant. Les arêtes sont un peu plus lustrées, pour retenir l’appareil en main. Le poids est parfaitement réparti dans l’appareil. Celui-ci semble dense, bien construit, solide. C’est un appareil de qualité et, en main, ça paraît.
Sur ma table à café des années 60 en plaqué imitation bois, le Moto X ressemble à ce qui suit.
Au Canada, le Moto X est offert en blanc et en noir. Nos voisins du sud, eux, peuvent personnaliser l’appareil à loisir via l’outil web Moto Maker. Le chanceux ou la chanceuse qui commandera son appareil via l’outil pourra choisir la couleur du dos de l’appareil, la couleur de la face avant, une couleur d’accent pour les boutons et le pourtour de la caméra. L’outil permet également d’ajouter une inscription au dos, de prépersonnaliser l’appareil avec un compte Google ainsi que de s’assortir d’une paire d’écouteurs ou d’autres accessoires.
L’outil est pour le moment seulement disponible aux États-Unis. Il est possible que l’outil devienne disponible pour le Canada ou pour d’autres pays. En attendant, il faudra vivre notre vie dans le monochrome.
Expérience logicielle, performance et autonomie
Le Moto X roule sous une version presque pure d’Android 4.2.2 Jelly Bean. Motorola a personnalisé un peu le système, principalement pour lui permettre de prendre en charge l’architecture X8 et ses multiples fonctionnalités. Sinon, c’est un Android avec ses plus beaux habits.
Ce niveau d’intégration et d’optimisation rend l’expérience fluide et intensément agréable. Voilà un exemple dont beaucoup de manufacturiers d’appareils Android pourrait s’inspirer. Ceci prouve également que la performance d’un appareil ne dépend pas simplement de sa fiche technique. Ici nous avons un téléphone qui, à sa base, fait usage d’un processeur de l’an dernier (un processeur qui fait TELLEMENT 2012, là). Mais on n’y voit que du feu. Seuls les gros mangeux de benchmarks ou les amateurs de jeux hyper 3D et ultra-méga intensifs remarqueront le manque de chevaux-vapeurs.
Autre point pouvant irriter les amateurs de gros chiffres : l’écran du téléphone n’est pas 1080p. Cependant, cela ne change rien du tout. L’écran est superbe. Contrasté et saturé comme est coutume sur une dalle AMOLED. En plus, Motorola semble s’éloigner de la trame PenTile. Ici, la trame est RGB. L’image est donc immensément nette. Une jolie preuve que c’est pas la taille qui compte (ou la résolution, dans ce cas), c’est ce que tu fais avec.
Motorola annonce une autonomie sur pile de 24 heures d’usage mixte. Bien que potentiellement optimiste, ce chiffre n’est pas loin de la réalité. Pendant l’essai, à la fin d’une journée d’usage modéré, il restait plus de 50 % d’autonomie. En comparaison, le même type d’usage sur mon Galaxy S4 l’abaisse à 20 %.
« Okay, Google Now ! » et autres rotations du poignet
Les grands différenciateurs du Moto X sont sa reconnaissance vocale toujours active, sa détection du contexte, sa veille active et sa caméra.
Reconnaissance vocale
Le système de reconnaissance vocale du Moto X fonctionne en se basant sur les capacités de commandes vocales de Google Now, en plus d’une série d’ajouts. Pour pouvoir employer la reconnaissance vocale, il faut premièrement entraîner le système. L’assistant de réglage du système demande que l’on enregistre le groupe de mots « Okay, Google Now » trois fois. Idéalement de la même façon, avec le même ton et débit que l’on emploierait dans la vraie vie. Une fois cela fait, pour avoir l’attention du téléphone, il suffit de clamer, haut et fort, la phrase magique. L’écran affichera quelque chose comme l’image ci-contre.
Lorsque cette fenêtre s’affiche, c’est le temps de demander des trucs au téléphone. Appelle Rodrigo Lafraîcheur mobile ; Combien mesure la tour Eiffel ; 196 livres en kilogrammes ; Texte Khoi Mobile yo dawg comment ça va ; Quelle est la racine carrée de Gérard et autres réveille-moi demain matin à 6h sont accessibles via la voix. En réalité, il est maintenant possible de faire beaucoup de chose avec le service vocal. Pour autant que celui-ci vous comprenne.
La reconnaissance vocale française de Google Now (et, par ricochet, du Moto X) est uniquement disponible en français de France. Le système éprouve une certaine difficulté à comprendre la parlure de chez nous. Même pas besoin de faire usage de la langue du terroir pour confondre l’interprétation vocale. Un simple accent des Cantons-de-l’Est fait la job. J’ai donc rapidement compris que je devais internationaliser mon français pour me faire comprendre du téléphone. Couplé avec mon « Okay, Google Now » préenregistré en français de par chez nous, ça donne un drôle d’effet. Imaginez-moi en train de converser avec un objet inanimé en prenant un accent simili-français. C’est un visuel puissant qui pourrait détacher les plus cernées des chemises et laisser une fraîche odeur de lessive partout dans la maisonnée.
En réalité, j’ai vite abandonné mon aspiration de communiquer verbalement avec le Moto X, au risque de reprendre la scène d’Elvis Gratton contre la limousine qui parle, mais avec un téléphone au lieu d’une limousine(revoir la scène ici. Attention, langage épicé). Le seul usage concret que j’ai trouvé au service, vu son apparente incapacité à comprendre les mots sortant de ma bouche lorsque prononcés normalement, aura été d’envoyer des messages texte absurdes à ma soeur. Évidemment, le taux de succès variera d’une personne à l’autre.
Détection de contexte
La détection de contexte est pratique. Via une appli préinstallée nommée Assist, il est possible d’assigner des comportements à prendre lorsque certaines choses se produisent. On peut alors indiquer au téléphone quoi faire lorsque nous sommes en voiture, lorsqu’il fait nuit, ou lors d’un rendez-vous. Lorsqu’en voiture, le téléphone pourra automatiquement passer en mode main libre, faire jouer de la musique et même envoyer un message texte aux appelants pour leur indiquer qu’on est en voiture. Lorsqu’il fait nuit, le téléphone pourra cesser d’afficher et de faire sonner toute notification pendant les heures préprogrammées.
Veille active
La veille active est aisément ma caractéristique préférée du Moto X. Le téléphone affiche l’heure en blanc lorsque celui-ci est en mode veille, avec un aperçu des notifications. Une icône représentant la plus récente notification s’affiche dans un cercle. Les notifications précédentes s’affichent en plus petites icônes en dessous du cercle. Le téléphone, se servant de son système de détection de contexte, n’affichera la veille active que lorsque l’écran du téléphone risque d’être visible. L’écran ne s’affichera pas si le téléphone est dans une poche, s’il est placé face vers le bas sur une table ou s’il est couvert par quelque chose. Également, après un moment d’inactivité, l’écran ne s’affichera plus. Il redeviendra visible en prenant le téléphone en main.
On s’habitue vite à des fonctionnalités comme ça ! Après avoir eu le Moto X avec moi pendant plus de 10 jours, j’ai développé le réflexe de sortir mon téléphone de ma poche et de fixer bêtement l’écran, en attente de l’affichage de la veille active.
Autre élément dont je suis vite devenu fan : l’accès rapide à la caméra. Peu importe le moment, tant que l’appareil est allumé, un geste de torsion répétée du poignet (comme si on vissait une vis avec un tournevis) démarrera la caméra. Oh, et justement, parlant de caméra….
Clear Pixel, si on est chanceux
Le Moto X embarque une caméra de 10 mégapixels. Celle-ci fait usage d’un capteur de type Clear Pixel. En théorie, ce capteur devrait être plus sensible à la lumière et générer moins de bruit lors des scènes à très haut contraste et lorsqu’en faible luminosité. Également, grâce aux capacités HDR du capteur, les images devraient démontrer une meilleure étendue dynamique et une plus grande fidélité des couleurs. En théorie. Supposément. C’est ce qu’ils disent en tout cas.
Mais bon, de la même façon que les Singles de Kraft ne goûtent pas le vrai fromage, les images sortant du Moto X n’ont rien de vraiment remarquable ou d’impressionnant. Les images manquent souvent de contraste, le HDR automatique n’apporte pas de réel avantage non plus. En fait, celui-ci laisse une signature visuelle sur presque toutes les photos où il est employé. Ceci dit, les images ne sont pas atroces non plus. La caméra produit des résultats moyens. Ni très bons, ni très mauvais. Si on sait avec quoi on travaille, il est possible de faire de belles choses tout de même. Le gros problème de la caméra est son manque de constance.
Un bon pourcentage des images seront bien exposées, adéquatement colorées, nettes et agréables à l’oeil. Certaines, dans des conditions similaires d’éclairage, démontreront un réel manque de contraste et de saturation. Au moins, il s’agit sembler d’un problème plus logiciel que matériel, donc ça pourrait très bien se régler avec une mise à jour.
Trêve de bavardage, jouons-nous la comme Playboy puis regardons les photos.
Suite à mon essai de l’appareil, je ne vois aucun réel avantage à la technologie Clear Pixel. Les résultats obtenus se comparent, parfois favorablement, parfois défavorablement, aux iPhone 5, Galaxy S4 et Lumia 920 de ce monde.
Conclusion
Motorola revient en force avec le Moto X. Un appareil conçu avec une finesse iphonesque, une expérience utilisateur des plus agréable, des fonctionnalités nouvelles. Si cet appareil est l’indicateur de la direction que prendra la compagnie, alors j’ai confiance en son succès.
Le positif
- Écran de qualité
- Expérience utilisateur fluide
- Conception irréprochable
Le négatif
- Caméra plutôt moyenne
- Reconnaissance vocale non adaptée au français canadien
- Stockage interne limité à 16 Go au Canada
Le Moto X est disponible au Canada en exclusivité chez Rogers.