Ma quête… En tant que joueur de Advanced Dungeons & Dragons depuis 1985 (je précise « Advanced » parce que ça fait expérimenté !) j’ai toujours été à la recherche du jeu de société parfait qui se rapprocherait le plus de mon expérience de jeu de rôle. Mon amour du jeu a débuté avec AD&D et, malgré que je joue à plusieurs de styles de jeux de société, le dungeon-crawl/RPG médiéval sera toujours le style qui m’attirera le plus. Le jeu de mes rêves devait aussi pouvoir se jouer en solo, sinon, aussi bien jouer à Dungeons & Dragons pour vrai !
Au fil des années, ma quête m’a amenée à essayer :
- Zombicide Black Plague : Pas vraiment un RPG, plutôt un hack & slash simple, mais je m’amuse beaucoup avec. On passe au suivant malgré tout.
- Folklore the Affliction : J’ai tellement détesté. Si je veux me casser la tête à gérer plein de choses énervantes, je deviendrai PDG à la place !
- Hexplore It ! : Un jeu que j’aime beaucoup. Je l’ai appelé « AD&D in a box » malgré ses problèmes mineurs. Par contre, ce n’est pas un dungeon crawl et il pose certains problèmes d’équilibre.
- Gloomhaven : Un jeu incroyable (vraiment incroyable), mais sa lourdeur m’a mené vers d’autres jeux.
- The City of Kings : Jeu très prometteur (et généralement très apprécié), mais qui comporte un aspect de puzzle à résoudre qui m’a rebuté après 6-7 parties. Superbe mécanique ruinée par ce côté puzzle imprévu.
- Temple of Elemental Evil (série Dungeons & Dragons) : Je pensais avoir trouvé ici LE jeu qui me rappellerait AD&D. Il m’a seulement rappelé c’est quoi jouer avec un Maître de Jeu qui déteste ses joueurs et qui veut les tuer rapidement pour aucune bonne raison. Yark. Frustrant comme jeu.
- Massive Darkness : Alors là, ça promettait ! Superbes figurines avec une mécanique simple et efficace, une super progression des personnages et beaucoup de loot ! Malheureusement, il s’est usé rapidement. Je suis encore volontaire pour y jouer avec des amis, mais pas assez pour avoir gardé ma copie.
- Too Many Bones : L’un de mes jeux préférés, mais il n’y pas de carte sur laquelle se déplacer et pas de figurines alors ce n’est pas le jeu que je cherche pour remplacer AD&D. C’est vraiment bon, en passant ! Vraiment bon !
- Kingdom Death Monster : Un jeu impressionnant, mais ce n’est pas un dungeon crawl.
- Descent (2e édition) : Le champion du titre du meilleur dungeon crawl (qui me rappelle AD&D) pour moi jusqu’à tout récemment. Imparfait comme jeu, mais avec l’application qui joue les monstres, ce jeu était très prenant. Bien tactique comme jeu, mais la progression de personnages n’était pas palpitante.
La découverte
Et j’ai reçu le Kickstarter de Middara (avec 3 ans de retard) il y a un peu plus de trois semaines.
Le Saint Graal. La Révélation. L’El Dorado. L’Utopie. Le Rêve devenu Réalité.
Middara est toute une découverte !
- Auteur : Brooklynn Lundberg
- Éditeur : Succubus Publishing
- Nombre de joueurs : 1-4
- Durée : 60 minutes (ou 70 heures au total)
- Année : 2019
- Prix : 110US$ (Kickstarter de 2015)
- Page officielle
- Page Boardgamegeek
Je pense avoir trouvé MON jeu !
J’admets que j’écris cet article encore sous le coup de la nouveauté, mais rarement un jeu m’a fait un tel effet.
Il est sur ma table depuis son arrivée et à chaque fois que je termine une mission je me dis « Allez, encore une de plus ! ». Et encore une, et encore une… J’adore plusieurs jeux de ma collection, mais leur longue durée ou leur lourdeur me mène rarement à vouloir y rejouer immédiatement. Une petite pause est souvent nécessaire entre les parties. Pas avec Middara.
Qu’est ce que Middara ?
Je ne prétend pas ici vous offrir une description exhaustive du jeu. Il existe plusieurs endroits où vous informer sur les détails du jeu. Voici un bref résumé !
Avertissement : Middara n’est pas disponible sur le marché (sauf en usagé), mais un nouveau Kickstarter sera lancé cet été vu le succès du jeu.
C’est un jeu de rôle de type dungeon crawl où les personnages ont été transportés de la Terre vers le monde de Middara, un monde intimement relié à la Terre par des portails. Au début de la campagne, les héros terminent leur entraînement pour devenir des citoyens officiels de Middara. Le jeu est très inspiré des animes japonais dans son style visuel.
Middara peut se jouer de trois façons :
- Scénario unique. On se fait des personnages et on va tuer des monstres. Hack & slash !
- Courte campagne composée d’une suite de scénarios sans lien narratif entre eux. On conserve les mêmes personnages et ceux-ci progressent au fil des 10-15 scénarios.
- Une longue campagne narrative composée de 60-70 scénarios avec une histoire pré-écrite et très détaillée. Comparable à Gloomhaven.
Un jeu comme les autres ?
On retrouve ici un dungeon crawl/RPG plutôt classique à première vue. Gagnez des points d’expérience et achetez des compétences. Tuez des monstres et trouvez des trésors pour obtenir du butin. Allez au marché entre les scénarios pour vendre et acheter du butin. Vous avez des points de vie, un niveau de défense à battre aux dés pour toucher les monstres et une armure qui réduit les dommages. Déplacez votre figurine sur des cases où il y a souvent des terrains difficiles ou dangereux. Il y a aussi des épées et des sorts. Vous avez des points d’action et vous décidez de ce que vous allez faire avec. Certains objets sont toujours actifs, d’autres une fois par tour et d’autres une fois par scénario. Middara ne réinvente pas la roue, mais intègre ces mécaniques pour nous offrir un jeu vraiment passionnant pour les amateurs de ce style.
Quels sont les points forts de Middara ?
- Beaucoup de choix d’équipements et trésors. Vous avez vraiment l’impression d’équiper votre personnage de la tête aux pieds.
- Système de points d’action très fluide et rapide.
- Monstres contrôlés par une IA très simple et efficace.
- Figurines superbes.
- Les scénarios sont relativement courts (30-60 minutes) et s’enchaînent facilement.
- Livret de règles très bien fait.
- Auteur très impliqué et actif sur les forums BGG.
- Campagne narrative très détaillée avec une histoire qui se tient et progresse bien.
- Se joue très bien en solo avec deux personnages (ou plus si vous avez une très grande table).
- Excellentes vidéos qui expliquent les règles et le monde de Middara.
- Même avec les personnages de départ, vous sentez que vous jouez un héros. Le jeu n’est pas toujours facile, mais la multitude d’actions et habiletés est vraiment intéressante à jouer.
- La progression des personnages est très prenante. Les différents combos d’habiletés et d’équipements rendent les possibilités innombrables et vous pouvez passer de longues minutes à décider de ce que vous allez faire avec vos points d’expérience.
- Dans chaque description des scénarios, il y a des parties cachées qui doivent être lues avec un filtre rouge. Ces parties sont cachées jusqu’à l’atteinte d’un objectif ou lorsqu’un événement survient. Elles contiennent plusieurs surprises, nouveaux monstres, butins et événements. On ne se divulgâche pas en lisant le scénario !
- Les cartes des scénarios peuvent évoluer. Lorsqu’un personnage découvre une entrée cachée dans le scénario, le jeu vous réfère à un deuxième livret contenant des tuiles et monstres à ajouter. On ne sait jamais en commençant si la carte de départ grossira ou non !
Quels sont les points faibles de Middara ?
- Comme il s’agit d’un style de monde où la Terre actuelle rencontre le médiéval, certains items sont des items modernes transportés au Moyen-Âge (un téléavertisseur, une boîte à boire, un manteau de cuir de punk, etc.). Cela peut être un peu bizarre pour certains (personnellement, j’aime moins cet aspect).
- Jeu difficile à trouver et le prochain Kickstarter sera sûrement assez cher (ils ont perdu beaucoup d’argent sur le premier).
- Les livres et cartes du jeu justifient déjà 10 pages d’erreurs publiées par l’auteur (la plupart sont des erreurs mineures, mais quand même).
- La gestion des personnages et cartes prend beaucoup de place sur la table.
- Figurines manquant un peu de définition, ce qui pourrait frustrer les peintres.
- Les règles sont très intimidantes (dans le style de Gloomhaven ou Mage Knight), mais une fois sur la table ça roule beaucoup mieux que Gloomhaven selon moi.
- Beaucoup beaucoup de texte à lire dans la campagne narrative. Tellement de texte que les auteurs ont créé une application avec la narration de chacune des sections narratives ainsi que des résumés écrits de ces sections disponibles sur le web suite aux commentaires des joueurs. Le livre de la campagne narrative fait 4 cm d’épaisseur !
Le choc des titans : Middara vs Gloomhaven
Un choc inévitable, car les deux jeux se ressemblent sur plusieurs points et sont constamment comparés. Il s’agit dans les deux cas d’une campagne narrative à très long terme. Il y a quand même plusieurs différences :
Avertissement : cette liste ne représente que mon opinion. Gloomhaven est un chef-d’oeuvre et je compare ici deux oeuvres d’art entre elles. Je ne veux pas offenser les supporteurs de Gloomhaven. J’ai joué 25+ parties de Gloomhaven et c’est toute une expérience. Je ne désire en aucun cas dénigrer Gloomhaven même si j’ai une préférence claire pour Middara.
- Middara n’est pas un Legacy.
- Middara vient avec des figurines pour les personnages ET les monstres (sauf certaines exceptions pour des monstres rencontrés une seule fois). Les figurines sont beaucoup plus belles que celles de Gloomhaven.
- Middara ne vient pas avec un aspect de gestion de la ville (comme la prospérité de Gloomhaven ou l’église, par exemple).
- Il y a beaucoup plus de butin dans Middara et il est beaucoup plus intéressant à utiliser. Dans Gloomhaven, beaucoup d’items sont des utilisations quasi uniques par scénario.
- Middara est plus rapide à installer sur la table entre chaque scénario, mais l’installation initiale ressemble à Gloomhaven.
- Gloomhaven est plutôt d’inspiration Euro et Middara est plus Ameritrash (des dés, des dés !).
- Gloomhaven est plus tactique. Middara, en étant très tactique aussi, donne plus l’impression de jouer à un jeu que de jouer aux échecs.
- Le niveau de difficulté de Middara ne peut pas s’adapter aussi facilement que dans Gloomhaven, ni le nombre de personnages à jouer.
- Le visuel de Middara est plus attrayant et coloré que Gloomhaven (il y avait sûrement un solde sur la couleur brune pour Gloomhaven !)
- Jeu plus fluide que Gloomhaven avec moins de cassage de tête au niveau des mouvements et actions des ennemis.
- Le scénario narratif de Middara est écrit d’avance. Vous ne décidez pas où vous allez. L’histoire vous mène (sauf pour les quêtes secondaires) plus que dans Gloomhaven.
- Je ne me suis jamais senti immergé « dans le monde » de Gloomhaven en y jouant, ni vraiment attaché à mes personnages. Je pense que sa lourdeur et son côté très tactique (ce n’est pas automatiquement négatif ici) ont causé cela pour moi. Dans Middara, après un seul scénario, j’étais complètement dans l’histoire.
- Middara offre moins la possibilité de tomber dans « l’analysis paralysis » que Gloomhaven. Pas besoin de regarder ses 10-12 cartes et essayer de choisir le meilleur combo. Vous choisissez vos actions au fur et à mesure. Middara est donc beaucoup moins ralenti par les joueurs analytiques (ce qui est important pour moi, car je suis de type impulsif).
En conclusion
Je croise les doigts pour que, dans les prochains mois, mon intérêt soit toujours aussi fort pour ce merveilleux jeu. Je termine ici, car je retourne jouer. Je suis en train de perdre mon premier scénario !