Macrotis : A Mother’s Journey est un petit jeu indépendant tout récemment sorti sur la plateforme Steam. Première création du petit studio turc Proud Dinosaurs, Macrotis essaie tant bien que mal de jouer du coude dans un style de jeu de plus en plus exploité. Ayant mis un fort accent sur la narration, il frappe quelques coups de circuit. Cependant, lorsque comparé à certains chefs-d’oeuvre du genre comme Limbo, Celeste et Ori And The Blind Forest, les aspects technique ne font pas le poids. Voici le test d’un jeu qui a reçu beaucoup d’amour dans sa création, mais qui risque de passer sous le radar.
- Studio de développement : Proud Dinosaurs
- Éditeur : Orsam Information Technologies
- Plateformes disponibles : PC
- Plateforme de test : PC
- Prix : 11.49$ CAD
- Site officiel du jeu
- Page Steam du jeu
L’histoire de Macrotis
L’histoire vous est expliquée à l’aide d’images statiques de qualité. Une pluie énorme s’abat sur les terres et certains animaux partent au loin afin d’éviter le déluge. Cependant, une famille de bilbis décide de rester, car leur nouveau-né serait incapable de survivre à un long voyage. Malgré tous leurs efforts, le déluge prend d’assaut leur terrier, séparant alors la mère et ses enfants. C’est ainsi que vous prenez le rôle d’une maman bilbis (ou macrotis, d’où le nom du jeu). Le bilbis est un petit marsupial australien surnommé le rat à long nez. Au départ, les mécaniques du jeu sont basées sur le fait que vous incarnez ce petit animal. Nous voyageons alors dans les différents méandres de terrier en interagissant avec son environnement. Après plusieurs minutes de jeu, Macrotis prend alors une tournure quelque peu inattendue…
Vous trouvez un cristal, mais par malchance, vous le détruisez. Cette destruction aura pour effet de tuer un magicien et de le transférer dans votre corps, vous donnant ainsi accès à de nouveaux pouvoirs. Force est d’avouer que ce retournement de situation met un peu un frein à l’histoire qui s’amorçait plus profonde et sérieuse. De plus, le jeu des acteurs qui font la voix de la mère macrotis et du magicien laisse parfois à désirer au point d’en baisser le volume. Ils répètent souvent les mêmes phrases et la faiblesse d’écriture du scénario se fait alors sentir. Décevant, venant d’un titre qui prônait l’importance de sa narration. Heureusement, la fin de Macrotis est très bien exécutée et nous fait oublier un peu les maladresses réalisées en milieu de parcours. Personnellement, j’ai fini par m’attacher à maman bilbis et à sentir sa fragilité face aux épreuves qu’elle doit surmonter. Seulement environ 4 heures de jeu m’ont été nécessaires pour le terminer.
La jouabilité de Macrotis
Macrotis est avant tout un jeu de plateformes/casse-tête qui est surtout axé sur les essais et erreurs. La plupart des solutions consistent à placer des pierres sur des interrupteurs dans le bon ordre pour ouvrir une porte et passer dans la prochaine pièce. D’autres options s’offrent à vous lorsque vous débloquez les pouvoirs du magicien. Vous pouvez sortir de votre corps pour créer un double qui pourra passer au travers des murs et vous pourrez voyager sur le terrain fragile qui tomberait normalement sous votre poids. Incroyable, vous direz-vous. Malheureusement, cette forme est très limitée, car vous n’êtes pas assez lourd pour presser les interrupteurs et vous ne pouvez pas interagir avec plusieurs objets. Éventuellement, vous débloquez aussi le pouvoir de créer des murs. Les mécaniques de cette dernière magie ne sont pas très bien expliquées, résultant souvent à de la frustration alors que l’énigme est en réalité bien simple.
Nous arrivons alors au point catastrophique de Macrotis : les contrôles du personnage. Bienvenue dans un monde de douleurs, mesdames et messieurs. Maman macrotis semble parfois raide comme une barre d’acier. Peut-être me direz-vous que c’est de ma faute d’avoir fait le jeu entier en utilisant le clavier. Cependant, pour un titre exclusivement PC, le clavier est l’arme de choix à laquelle il faut penser avant tout. Bien souvent, vous allez essayer d’effectuer une action, mais ne pas réussir parce que le temps de réponse est vraiment trop lent. Il y a un très gros délais entre le temps que vous pressez une touche et celui de l’action qui se réalise à l’écran. Afin d’ajouter un peu à la frustration, les développeurs du jeu ont conçu des étapes où il faut agir vite, très vite même. J’imagine déjà plusieurs touches se faire fracasser par certains joueurs lors de ces passages.
Les casses-têtes ne sont pas très complexes. Seulement quelques-uns demandent beaucoup de réflexion. Si vous êtes des habitués du genre, vous ne trouverez rien de bien nouveau dans Macrotis. Le jeu semble avoir un petit problème d’identité dans sa jouabilité. On dirait que les créateurs chez Proud Dinosaurs voulaient un Ori and the Blind Forest. Or, nous avons beaucoup plus l’impression de jouer à un jeu comme Trine. Bien que les mécaniques ne soient pas parfaites, Macrotis est parfaitement jouable et je n’ai eu aucun bogue majeur en y jouant.
La bande sonore de Macrotis
La musique dans Macrotis est très atmosphérique et sert bien l’objectif du jeu. Elle change lors de scènes plus rapides et mélange habilement musique folklorique et épique. Les effets sonores sont un aspect plus faible de la réalisation. Parfois, on dirait même qu’il en manque. Lorsqu’une pierre tombe, elle semble rebondir comme si elle n’avait pas de poids. Il n’y en a pas lorsqu’un objet tombe dans l’eau également. C’est aussi arrivé à quelques reprises que le son ne fonctionnait tout simplement pas après avoir rechargé une partie. Espérons que ce problème sera réglé avec une future mis à jour, car l’immersion du jeu en prend un coup.
Les graphismes de Macrotis et mots de la fin
Macrotis est un jeu 2.5D franchement joli. Au premier coup d’oeil, du moins. Certaines scènes sont beaucoup plus convaincantes que d’autres. L’effet de profondeur des différents plans fonctionne à merveille. Il m’est arrivé de m’arrêter pour tout simplement contempler l’image que j’avais devant les yeux. La palette de couleurs et l’éclairage jouent un rôle clef. Ils nous donnent vraiment l’impression d’être dans un monde féerique. Les animations sont soignées et font bien le travail. Par contre, certaines retouches auraient pu être faites.
Par exemple, l’eau semble solide. Elle ne bouge pas du tout sauf si un objet tombe dedans. Dans certaines scènes, les objets semblent être placés au hasard et en trop grande quantité. L’inverse est aussi vrai avec des environnements quasiment vides. À un certain moment dans le jeu, vous aspirez l’énergie magique de cristaux et l’effet est très basique. Il manque le facteur wow à bien des moments et c’est dommage. Il semble que les bouchées doubles aient été mises à certains moments importants de l’histoire, mais que le reste ait été mis de côté soit pour des raisons budgétaires ou de temps.
Au final, est-ce que je vous conseille d’essayer Macrotis ? Majoritairement, oui. En général, j’ai eu du plaisir et la finale m’a vraiment touché. La narration n’est pas aussi développée que j’aurais souhaité. Macrotis est tout de même un jeu a reçu beaucoup d’amour de la part de ses développeurs. Le côté technique a presque failli faire couler le jeu. Cependant, étant la première oeuvre d’un petit studio indépendant, il est important de surtout regarder ce que Macrotis réussi bien et ne pas voir ses défauts comme une défaite, mais plutôt comme une raison de faire encore mieux la prochaine fois.
La copie du jeu utilisée pour cette critique nous a été offerte par l’éditeur.
Macrotis : A Mother's Journey
Scénario
Graphismes
Bande sonore
Jouabilité
Durée de vie
Prometteur
Bien que Macrotis déçoive côté technique, son personnage attachant et son monde enchanteur lui confèrent un côté unique. Même s'il ne s'agit pas d'un jeu qui va marquer l'histoire, c'est un très bel effort pour un premier jeu et j'ai hâte d'essayer les prochains de Proud Dinosaurs.