Il m’arrive souvent d’avoir des idées saugrenues qui font peu de sens. Par exemple, inventer un nouveau style de musique, un nouveau style de danse et sauter dans la neige avec un costume de gorille. Bien que sur papier, ça sonne toujours comme l’idée du siècle, l’exécution n’est pas ce qui est à l’honneur. Malgré ces idées de qualité supérieure, je n’ai jamais eu l’audace de me dire que ce serait une bonne idée de créer un dessin animé avec un cochon qui survole des champs à l’aide d’un avion. Pourtant, c’est l’idée qu’a eu Hayao Miyazaki pour son projet Porco Rosso. Mélangeant plutôt habilement et étrangement réalisme et fantaisie, devriez-vous ajouter ce film à votre collection ou l’éviter ?
- Studio : Studio Ghibli
- Réalisateur : Hayao Miyazaki
- Genre : Animation, comédie
- Durée : 94 minutes
- Date de sortie : 18 juillet 1992
- Classement : Conseillé pour les jeunes de 10 ans et plus
- Page officielle du film
Résumé de Porco Rosso
Notre histoire se passe dans les années 1920, alors que l’on voit notre héros, Porco Rosso, prendre la vie à la légère sous l’écho d’une musique italienne. Porco est en fait un justicier de l’air qui dédie sa vie à mettre fin au règne de pirates, la détestable bande Manma Aiutto. La première scène du film démontre admirablement Porco sauver la vie de jeunes filles qui ont été kidnappées par ces malfrats. Malheureusement, notre héros ne gagne pas toutes ses batailles. Peu de temps après une scène loufoque où une chanteuse essaie tant bien que mal de chanter en français, Porco se fait surprendre par une attaque de pirates. Même s’il se défend bien, un dégât sur son avion le fait s’écraser directement dans l’océan. Est-ce que l’homme-cochon survit à cet accident ? Bien entendu !
C’est grâce à cet événement tortueux que nous rencontrons le deuxième personnage important de notre histoire, Fio. Elle est un véritable génie de la mécanique qui propose à Porco un rehaussement complet de son avion afin d’avoir une longueur d’avance face aux pirates. Ensuite, nous apprenons rapidement que Porco Rosso a un vilain secret qu’il cache à ses nombreux amis : il cumule une dette faramineuse. Comment va t-il réussir à s’acquitter de sa dette et quel sera le dénouement de la friction avec les pirates ? C’est à vous de le découvrir.
Le film politique du Studio Ghibli
Empruntant plusieurs éléments de films des années 1930-40, Porco Rosso ne joue pas dans la dentelle. Bien qu’il ait toujours le petit côté magique que l’on reconnaît facilement dans tous les films du Studio Ghibli, il traite également de thèmes plus matures avec une vocation davantage politique. Nageant dans une Italie en pleine dépression et qui est dirigée par le Partito Nazionale Fascista (le parti national fasciste), Porco ne se gêne pas pour critiquer le partie politique dans plusieurs scènes. Par exemple, alors qu’il est au cinéma avec son ami nommé Ferrarin, il s’exclame : « C’est mieux d’être un cochon qu’un fasciste. »
Dans cette optique, aussi étonnant soit-il, Porco Rosso pourrait être quasiment vu comme un film patriotique prônant l’esprit libre face au totalitarisme. Sans vous mentir, après l’écoute de bijoux d’animation, j’ai accouru au magasin touristique le plus proche pour m’acheter une ceinture fléchée et une pipe. L’esprit des patriotes était en train de prendre possession de mon corps. Cette critique politique va même jusqu’à ridiculiser les vilains, les illustrant comme des personnes stupides à ne pas prendre au sérieux.
Le mal-aimé du Studio Ghibli
Lors de mes diverses recherches concernant Porco Rosso, j’ai été étonné de constater qu’il était souvent placé comme étant le moins bon de tous les titres du Studio Ghibli. Comment cela a bien pu arriver ? Pour faire simple, je mets cette faute sur une incompréhension face au caractère socio-historique du film. Par exemple, The Guardian l’accuse de faire preuve de sexisme et de donner de mauvais exemples aux jeunes. Je crois que c’est un peu injuste et de mauvaise foi. Oui, Fio est traitée différemment par certains personnages parce que c’est une femme et il y a peu de reconnaissance à son égard. Mais en même temps, Porco la respecte énormément et le film nous démontre à de nombreuses reprises comment c’est une mécanicienne incroyable.
Porco Rosso devrait plus être perçu comme une critique du mauvais comportement des hommes dans les années 40, plutôt que comme un film qui dépeint les femmes d’un mauvais œil, alors que les directeurs nous présentent le contraire. Fio est dépeinte comme une femme courageuse et avant-gardiste qui brise le moule de la réalité des femmes dans ces années sombres. Que voulez-vous, ce n’est pas tous les critiques qui sont aussi sublissimes et distingués que moi. Ma nouvelle ceinture en est la preuve.
L’humour dans les moments sombres
Bien que Porco Rosso ne figure pas dans ma liste des films d’animation à ne pas manquer au même titre que Le tombeau des lucioles, c’est tout de même un film d’animation de grand calibre. Il étonne en traitant de thèmes politiques plutôt sombres et il surprend encore davantage en les traitant avec humour. L’idée derrière ce film peut sembler loufoque (sérieusement, un cochon pilote ?), mais lorsqu’on regarde plus loin que la pochette, on y voie une intention claire qui ne laisse personne indifférent. Pour le meilleur et pour le pire.