Quand des auteurs s’attaquent aux dangers guettant notre civilisation.
Une anthologie de science-fiction, nommée Everything Change a été publiée au début d’octobre 2016. L’œuvre est le résultat d’un concours organisé par l’Université de l’État d’Arizona. Les textes soumis lors de ce concours devaient répondre à trois critères : décrire une humanité transformée par les changements climatiques, refléter les connaissances scientifiques actuelles et inviter à la réflexion. Parmi les centaines de soumissions, provenant d’une soixantaine de pays, une douzaine de textes ont été retenus. L’intégrale de l’œuvre peut être téléchargée gratuitement sur le site du Imagination And Climate Future Initiative de l’Université de l’État d’Arizona.
Des récits de science-fiction hauts en couleur
La toute première histoire du recueil se développe autour du Mythe, une grande tour construite profondément dans un marécage. L’imaginaire déployé rappelle, à plusieurs égards, la fable du Dôme, raconté par Jean Leloup dans une de ses chansons. Dans cette structure s’affairent des artistes, des scientifiques, des soldats et autres. Le but du Mythe ? Pirater la nature par un mégaprojet de permaculture pour la rendre plus forte ; pour créer des milieux humides capables de se répandre et ainsi stabiliser la région du Sud-est américain, accablée par des sécheresses et des inondations importantes.
S’ensuit des récits plus imaginatifs les uns que les autres où l’on retrouve une jeune fille sachant combattre et sauver des vies à l’aide d’un parapluie, une famille traditionnelle vénitienne qui doit quitter une ville appelée à sombrer, un groupe de jeunes qui se donnent comme mission d’envoyer un message d’espoir autour du monde, un Tibet qui est devenu un paradis sur Terre, un coup d’État cherchant à modifier la constitution canadienne pour mitiger les catastrophes environnementales à venir, etc.
La préface de l’anthologie est écrite par Kim Stanley Robinson, un des plus importants écrivains politiques des États-Unis selon le New Yorker. On retrouve en conclusion une entrevue de Paolo Bacigalupi, un éminent auteur de science-fiction américain.
Une oeuvre provoquant la conscience
Dans la préface comme dans l’entrevue, on peut percevoir les raisons derrière la réalisation du projet. En résumé, les gens sont plus inclinés à considérer, retenir et concevoir des faits s’ils sont présentés sous forme de récit. Une bonne histoire est donc une arme d’éducation redoutable qui permet de joindre et d’émouvoir des gens de toute affiliation. Elle permet d’imaginer des futures de toute sorte pour raconter, autrement, les changements climatiques ; pour pouvoir mieux cerner, stimuler et inventer les pistes d’action, pour les contrer voir s’y adapter. À toutes ces raisons d’être s’en rajoute une aussi importante : divertir.
Everything change est un incontournable pour les lecteurs friands d’une science-fiction qui veut allumer des feux dans nos consciences. Il s’inscrit dans une vague de fiction climatique, un sous courant récent de la science-fiction.