Des fois, j’aime quelque chose, mais je me demande si c’est objectivement « bon ». Je vois les défauts dans un jeu et même si certains aspects m’agacent, j’y retourne quand même parce que c’est accrocheur. C’est le cas pour Epic Manager, disponible sur Steam. Il s’agit du premier jeu de ManaVoid Entertainment, une toute petite équipe de quatre personnes située à Montréal.
L’Association des Agences d’Aventuriers d’Astraeus
Dans Epic Manager, on vous donne la tâche de gérer une guilde d’aventuriers. Il faut voir à tout ce que cela implique : le recrutement, la négociation de contrats, la recherche des quêtes, la gestion de l’inventaire, les relations avec les autres guildes et même les combats. C’est beaucoup, mais on peut heureusement prendre tout son temps. Epic Manager ne peut être joué qu’à un seul joueur, et les actions sont jouées tour par tour.
Concept et objectif
L’objectif ultime est de devenir la meilleure agence parmi ses compétiteurs. Pour se hisser au classement, il faut accumuler de la réputation, qu’on gagne principalement en complétant des quêtes. À toutes les douze semaines (chaque tour représente une semaine), les deux dernières agences se font éliminer du circuit. À la fin de l’année, soit 48 semaines, les quatre premières agences peuvent passer au circuit suivant. Il y a trois circuits : bronze, argent et or. Il y a donc un temps défini pour réussir, soit trois ans, ou 144 tours.
Cela veut aussi dire qu’il y a un temps limite pour explorer le monde du jeu. La majorité des quêtes font avancer des intrigues et peuvent en débloquer de nouvelles. Ces quêtes sont aussi typiquement liées à une faction. Gagner en faveur avec une faction donne certains bonus, dont l’accès à des quêtes supplémentaires.
Bémol…
Ce que je trouve dommage, c’est que ces histoires ne sont contées que par quelques lignes de texte avant et après les quêtes, et il devient difficile de s’y investir. De plus, il est apparemment très difficile de perdre de la faveur avec une faction. Au cours d’une partie, ce ne m’est arrivé qu’une seule fois, même quand je travaillais activement pendant plusieurs semaines contre d’autres factions.
Les deux grandes phases
On pourrait dire que le jeu est divisé en deux parties. D’abord, il y a la partie « gestion », dans laquelle on s’occupe du côté administratif de l’agence. Puis, il y a la « répartition » : on envoie nos aventuriers en quête de gloire.
Gestion de la guilde
Une bonne partie du temps passé dans Epic Manager est dans la phase de gestion. On accepte des quêtes, recrute des aventuriers, vend et achète des objets et ainsi de suite. Par contre, on ne peut tout faire à la fois. Pas mal toutes les actions dans cette phase utilisent des « Scout Points », une ressource qui se renouvelle à chaque tour.
Au début, on n’en a qu’un, mais on en obtient quelques-uns de plus au fur et à mesure que notre agence monte de niveau. Il faut donc les utiliser avec sagesse. Est-ce qu’on obtient plus d’informations sur une quête, ou est-ce qu’on vend quelques objets pour pouvoir payer nos employés la semaine prochaine ? Même avec deux ou trois « Scout Points », c’est le genre de choix (parfois difficile) qu’il faut faire à chaque tour.
Sur le terrain
La répartition est plutôt simple. On dit à nos groupes d’aventuriers où aller, et ils y vont. En cours de route, il arrive souvent d’avoir des rencontres aléatoires. Des fois, il s’agit de combats, mais la plupart du temps , on nous amène à faire un choix, dont les résultats vont largement varier. Les choix disponibles dans ces situations peuvent être influencés par les aventuriers présents. Par exemple, il arrive de trouver des coffres. On peut choisir de l’ouvrir, mais avoir un voleur dans le groupe permet de le prendre sans activer de piège. Ce genre de petites choses à faire fait en sorte qu’il n’y a pas vraiment de temps mort pendant les voyages entre les quêtes.
Aux armes !
Les combats prennent une place plutôt importante dans le jeu. Toutes les quêtes peuvent être complétées par un combat, bien que certaines peuvent être réussies avec des jets de compétence. Ces bagarres prennent l’allure des Final Fantasy de l’époque. Quand c’est au tour de quelqu’un, il choisit une action et une cible. C’est du déjà vu, mais ça fonctionne.
Epic Manager utilise un système de points d’action. Différentes actions exigent plus ou moins de points, typiquement selon leur force. Il est possible d’en accumuler en passant son tour, en consommant des objets ou utilisant certaines habiletés de classe. En plus, quand les héros gagnent des niveaux, il est parfois possible de réduire le coût en points d’action de certaines habiletés. Ainsi, on peut enchaîner plusieurs actions consécutives pour des résultats satisfaisants.
Il y a seize classes de base pour les aventuriers, ainsi que des classes de prestige qui peuvent être débloquées. Chaque classe permet de choisir entre deux habiletés spéciales et des options spécifiques lors d’un gain de niveau. Au fil des aventures, les personnages obtiendront des traits qui modifieront toutes sortes de statistiques. Enfin, chaque personnage a un niveau de potentiel allant de 1 à 5, dictant combien de classes il peut obtenir en tout.
Chaque aventurier est unique. Malgré le grand nombre d’options, le tout n’est pas très complexe. On peut entraîner des aventuriers personnalisés et optimisés quand on prend le temps de le faire. Bien entendu, plus un héros est haut en niveau et performant, plus il coûtera cher.
C’est pas laid…
En ce qui concerne la présentation visuelle, tout est « correct ». Le style artistique est simple, mais efficace. On peut bien différencier les personnages d’un simple regard. La musique n’est pas exactement mémorable, mais elle accompagne bien ce qui se passe à l’écran. La majorité des menus sont clairs, ce qui est tant mieux considérant le temps qu’on passe dedans.
Il y a tout de même deux points que je voudrais mettre de l’avant…
D’abord, je n’ai pas vraiment de problème avec le style plus minimaliste des animations de combat, mais ce pourrait être pas mal mieux. Quand un archer donne un coup d’arc (comme si c’était une épée) plutôt que de tirer une flèche, je ne peux m’empêcher de sourciller.
Ensuite, bon nombre de sorts ne sont pas plus impressionnants. Il me semble que les combats seraient plus intéressants s’il se passait juste un peu plus d’action à l’écran. Ce serait surtout mieux en fin de partie, quand les combats s’allongent.
Enfin, je veux féliciter ManaVoid pour la transparence de ses mécaniques de jeu. Epic Manager est le genre de jeu dans lequel il faut comprendre ce qu’on fait. Il m’arrive trop dans certains jeux de ne pas être certain de ce que je dois faire parce que certaines mécaniques ne sont pas bien expliquées. Ici, il suffit de passer la souris sur à peu près n’importe quoi pour obtenir plus d’informations. Que ce soit une statistique, une attaque spéciale, un objet ou un effet temporaire, toute l’information pertinente s’y trouve. En plus, pas mal tout est expliqué avec des termes et mots-clés clairs. J’adore ce niveau d’attention au détail.
Epic Manager : Le mot de la fin
Je reviens donc à la question posée au début. Est-ce que Epic Manager est un bon jeu ?
Je dirais bien que oui. Je me vois retourner y jouer dans le futur, tenter les difficultés supérieures. ManaVoid nous offre un concept plutôt unique et livre la marchandise. Il a ce je-ne-sais-quoi qui fait en sorte je dois jouer juste un tour ou deux de plus, le temps de finir ces quelques quêtes, ou bien m’assurer que tout soit bien en ordre pour les prochains tours.
Cependant, il y a toutes ces petites choses qui rendraient le jeu vraiment bon une fois améliorées. Les histoires pourraient être contées de façon plus engageante. Un peu plus d’action rendrait les combats plus excitants. S’allier avec certaines factions devrait être un choix plus important. Quelques mécaniques, dont l’initiative et les jets de compétence, ne sont pas bien expliquées. Il manque d’interaction avec les agences rivales.
Mais bon, quand on considère la taille de l’équipe, il faut avouer qu’ils ont fait du bon travail, surtout pour un premier jeu commercial. Je leur souhaite bien du succès dans leurs futurs projets. Je garderai l’oeil ouvert.
Une copie du jeu a été fournie par ManaVoid Entertainement.
Site officiel
Epic Manager
Accessibilité
Graphiques et son
Mécaniques
Variété
Excellent effort
Malgré ses nombreuses imperfections, Epic Manager peut nous faire perdre le fil du temps. Il y a toujours quelque chose à faire ou à planifier.