Au-delà d’être le jeu de société le plus cher (ou presque), qu’est-ce que Kingdom Death : Monster ?
Imaginez vous réveiller presque nu, sans aucune connaissance du monde qui vous entoure, face à un gigantesque lion avec pour seule arme un morceau de roche. Vous devez survivre. C’est le début d’une campagne de Kingdom Death : Monster. Le monde, les monstres, les histoires et les images, souvent cauchemardesques, sont inspirées en grande partie des rêves du créateur (j’ai un peu peur de lui).
Le jeu
Le jeu se divise en trois phases bien différentes. Ces trois phases constituent une « année Lanterne » de jeu (il y a une grosse obsession sur les lanternes dans ce jeu). La campagne dure 25 années-lanternes pour pouvoir finalement affronter l’ennemi final.
- La chasse (Hunt) : quatre survivants tentent de se pister une proie monstrueuse pour le combattre et récolter ses morceaux. La chasse se compose d’une série d’événements décrits sur des cartes ou dans le livre d’instructions.
- Le combat (Showdown) : les survivants affrontent, dans un combat de figurines, leur proie ou un ennemi qui risque d’écraser une bonne partie du groupe.
- La gestion du village (Settlement) : les survivants rapportent au village le butin obtenu lors de leur combat (en gros, des morceaux découpés du monstre combattu) et tentent d’améliorer leurs équipements, leur village ou découvrir de nouvelles technologies.
KDM est un jeu hors-norme. Il est extrêmement cher (400$ US pour le jeu de base), très difficile (au point d’être frustrant si vous n’êtes pas averti) et conçus pour les adultes (il contient plusieurs images et histoires dérangeantes ou à fortes connotations sexuelles).
Est-ce que ce jeu vaut 400$ US ?
Non. Aucun jeu ne vaut autant d’argent. Non. Enlevez-vous ça de la tête. Acheter Kingdom Death : Monster c’est comme acheter un objet de luxe : on est heureux de l’avoir pour son exclusivité et sa beauté. On appartient à une sorte « d’élite ». En bonus, on s’amuse beaucoup avec. Si ce n’était pas du prix Kickstarter (250$ US), je n’aurais moi-même jamais acheté ce jeu.
Qu’est-ce que ce jeu a de si spécial ?
C’est un jeu qui est extrêmement profond. Le système en soi n’est pas complexe mais la quantité de choix et de possibilités le rend complexe. Les survivants peuvent développer des maladies mentales, des handicaps physiques, apprendre des styles de combat, s’équiper de dizaines d’items différents, devenir des héros, développer leurs statistiques individuelles ou leur coordination d’équipe, devenir des spécialistes ou maîtres de certaines armes, etc. Les possibilités sont incroyables juste avec le jeu de base et Kingdom Death : Monster possède des dizaines d’extensions (souvent composées d’un nouveau monstre qui apporte son lot d’équipements et d’histoires spécifiques).
Les monstres sont gérés par une série de cartes qui simulent le comportement des monstres. C’est très bien fait. Chaque monstre a son approche personnalisée et des réactions différentes en combat. C’est simple à gérer et c’est toujours surprenant car on ne sait pas ce que va faire le monstre.
Les figurines, point assez central de ce jeu, sont superbes et doivent être assemblées avant de jouer. Le jeu vient avec des dizaines de configurations possibles pour l’assemblage des figurines car toutes les armes et armures existantes dans le jeu sont représentées sous forme de pièces à assembler. Il faut donc apprécier l’assemblage des figurines et, idéalement, la peinture de figurines aussi. Il n’est pas obligatoire de les peindre, mais c’est assez tentant. J’ai eu ma dose de peinture avec Warhammer 40000 alors mes figurines vont rester grises !
L’évolution des survivants et du village est aussi vraiment intéressante. À plusieurs moments dans la campagne, vous devez affronter un ennemi spécialement puissant (un « nemesis »). Celui-ci sert un peu de mesure de vos progrès. Si vous vous faites détruire par lui, c’est que vous n’avez pas fait progresser votre village de la bonne façon et vous devez vous ajuster pour la suite.
Dans Kingdom Death : Monster, la peau de monstre est une ressource. Les entrailles de monstre sont des ressources. Les os sont des ressources. Les survivants sont aussi des ressources. Vous devez dépenser vos ressources pour faire avancer votre village. Vous devrez perdre des survivants ici et là en sachant pertinemment que c’est pour le bien du village. C’est un moment douloureux de perdre un survivant expérimenté et puissant pour le bien futur du village. C’est la seule façon d’avancer. Les joueurs qui, comme moi, apprécient le fait de développer leurs personnages trouveront cet aspect difficile à accepter. Soyez avertis.
Est-ce que ce jeu est pour moi ?
Au-delà des superbes figurines, vous devez accepter un jeu très très (très !) basé sur le hasard et les dés. Kingdom Death : Monster est aussi très mortel. Par exemple, après une blessure, le monstre vous frappe à nouveau et, malheur, vous roulez 1 sur votre dé (à dix faces). Vous êtes mort. Sans appel. Vous voulez que vos survivants se reproduisent pour peupler votre village et vous roulez 1 sur votre dé ? Votre couple choisi vire fou et s’enfuit dans les bois. Ils sont morts.
Ce hasard peut être hautement frustrant et il est, généralement, à votre désavantage. Bonne nouvelle : le jeu est très facile à balancer et réajuster avec des règles maisons pour ceux qui veulent une expérience plus légère. De mon côté, j’adore ce jeu, son histoire et son ambiance. Mon plaisir est de faire progresser mes survivants et mon village alors je joue avec un mode de jeu moins mortel. Je suis un hérétique pour plusieurs joueurs fanatiques.
Mot de la fin
Si vous avez les moyens ou si vous obtenez un bon prix, Kingdom Death : Monster est un jeu qui vous marquera profondément, soit en positif ou négatif. Kingdom Death : Monster est et restera dans ma collection à tout jamais car j’y reviens périodiquement pour lancer une campagne avec l’intention, cette fois-ci, de survivre. Et j’échoue lamentablement…et je reviens quand même !