À 8h pile du matin arrivera un autobus rempli de criminels endurcis. Destination : la prison où ils devront purger leur peine, être réhabilités ou, dans certains cas, être exécutés pour leurs méfaits commis contre la société. D’ici à leur libération, qui se produira d’une manière ou d’une autre, ils devront avoir accès à certains services de base, une cellule et bien entendu, un ferme encadrement des gardes. Parce que ces malabars chercheront à s’évader dès la première occasion, sans parler de faire circuler toute sorte de contrebande de produits illicites et d’armes ou encore de s’en prendre violemment aux autres détenus et aux gardiens. Les niveaux de confort et d’encadrement des prisonniers sont entre vos mains parce que dans Prison Architect, c’est vous le directeur de la prison !
- Studio de développement : Double Eleven et Introversion Software
- Éditeur : Paradox Interactive
- Plateformes disponibles : XBox One, XBox 360, PlayStation 4, Nintendo Switch, Android, iOS, Linux, MacOS et PC (pas mal toutes les plateformes dans le fond)
- Plateforme de test : PC
- Date de sortie : 6 octobre 2015
- Classement : M pour Mature (Sang, référence aux drogues, nudité partielle, contenu sexuel, langage vulgaire et violence)
- Prix : 39,99$ sur Steam
- Page Steam du jeu
Pourquoi on vous parle d’un jeu publié en 2015, soit il y a presque dix ans ? Parce que son successeur, Prison Architect 2, devrait sortir le 3 septembre prochain. Alors, avant de parler du second, aussi bien parler du premier. On vous reviendra cet automne avec nos appréciations du deuxième opus. D’ici là, quoi penser de Prison Architect premier du nom ? C’est un jeu de simulation de construction et de gestion de prisons privées, dans lequel le joueur doit équilibrer confort et sécurité pour ses locataires involontaires tout en balançant son budget et en prévenant évasions, émeutes et autres catastrophes.
Au bagne de Prison Architect
Après avoir lancé le jeu, on constate que le menu est minimaliste. S’il existe quelques missions de tutoriel pour apprivoiser le jeu, force est de constater que le joueur est rapidement livré à lui-même. Après de nombreuses options pour personnaliser la carte, le type de défi, son directeur de prison et choisir d’inclure, ou non, les contenus des DLC (et Prison Architect en a beaucoup), on se retrouve devant la carte. Une route, quelques éléments de décors et quelques zones sont devant nous. Une lettre du précédent directeur nous félicite pour notre nomination et nous offre quelques indices pour débuter, mais sinon, c’est tout. On peut le dire sincèrement, Prison Architect ne prend pas les joueurs par la main.
Ce qui est dommage, parce que cette sympathique proposition vidéoludique est pourtant pleine de profondeur et truffée d’outils pour les joueurs. Il y a bien entendu la construction de la prison en soi, mais également son administration, la gestion des gardes, les besoins des prisonniers et des employés ainsi que des subventions gouvernementales qui sont, dans les faits, le tutoriel caché de Prison Architect. En effet, pour obtenir les subventions qui sont nécessaires à la survie financière de la prison, il faudra remplir certains objectifs et ceux-ci sont linéaires. Ainsi, au départ, il faudra construire des salles pour accueillir les nouveaux prisonniers. Une fois cette portion de la prison construite, on obtient une nouvelle mission pour construire un bloc de cellule et ainsi de suite. En suivant ces subventions, on se retrouve avec une procédure pas à pas pour réussir la prison.
Travaux forcés
Les choses à faire sont nombreuses dans Prison Architect. Il est par ailleurs possible de délayer l’arrivée des premiers prisonniers jusqu’à ce que certaines installations soient opérationnelles. Et contrairement à d’autres jeux de gestion, dans Prison Architect, il ne suffit pas de cliquer sur un objet pour qu’il apparaisse magiquement sur la carte. Non, en cliquant pour ajouter, disons, une porte, celle-ci devra être livrée par un camion de livraison (qui passe heureusement très fréquemment) puis installée par des constructeurs. Même chose pour les murs : le béton doit être livré puis coulé par vos employés. Il n’est donc pas rare que plusieurs jours, dans le jeu, s’écoulent alors que vous planifiez votre prison.
Et il ne faut absolument pas négliger cette planification. Avec un peu d’expérience, vous pourrez voir comment se comportent les prisonniers. Certains sont agressifs et cachent des armes alors que d’autres cherchent tous les moyens, dont les égouts, pour s’enfuir. Vous devrez vous poser des questions du type : par où passent mes employés pour qu’ils ne soient pas exposés aux prisonniers ? Par où passent les familles en visite ? Quels sont les entonnoirs où l’on peut mettre des détecteurs de métal et des patrouilles de chien ? Comment automatiser certaines portes ? Quelle est la distance raisonnable entre les cellules et la cafétéria ? Et la douche ?
Parce que vous aurez aussi le contrôle sur l’horaire de la prison et donc la distance entre un lieu et un autre a de l’importance pour savoir si un prisonnier aura le temps de manger avant de devoir retourner en cellule. Et toute cette organisation du temps peut se faire en fonction du degré de dangerosité des prisonniers, qui vont de sécurité minimale à super max, condamné à mort et cliniquement fous. À vous de voir, par ailleurs, quels types de prisonniers vous souhaitez loger. Si les cas les plus lourds sont plus payants, ne pensez pas leur attribuer des emplois à la buanderie ou aux cuisines. Cela aussi est une option que vous avez : donner des emplois aux prisonniers pour sauver des coûts ou créer de la richesse. À cette liste de choses sur lesquelles vous devrez prendre des décisions, ajoutons la qualité des repas, la sévérité des punitions, l’accès aux soins et à la réhabilitation, la qualité (ou l’absence de) des cellules et j’en passe.
Comme on le disait plus tôt, Prison Architect est un jeu de simulation très riche et très poussé qui vous donne une immense liberté.
Petits bonhommes pas de cou
Ce qui pourtant n’aurait pas forcément l’air en jetant un regard rapide au jeu. Les graphismes et le design général sont très de base. On pourrait penser un peu au style de Rimworld sorti quelques années avant Prison Architect. Des personnages de base avec des modèles de corps en ovale ou en triangle, la tête soudée aux épaules parfois avec des mains représentés par deux cercles flottants autour d’eux avec les items qu’ils portent.
Le reste des graphismes et de la trame musicale et sonore sont corrects, sans plus. Corrects, certes, mais efficaces. On a rapidement une bonne idée de ce qui se passe dans la prison en un coup d’œil. Les pictogrammes et les alertes sont à la portée de tous et on navigue dans l’interface utilisateur avec une relative aise. Relative parce que Prison Architect, particulièrement avec tous les DLC, commence à faire de l’embonpoint dans son choix d’items. Un peu comme The Sims, plus on ajoute de contenu, plus on noie chaque objet individuellement. S’il y a bien une fonction de recherche et des propositions pertinentes lorsque l’on zoome sur une pièce, ça demeure un peu le fouillis là-dedans.
Qu’à cela ne tienne, si la facture visuelle peut sembler rigolote et simpliste, ne vous laissez pas berner, le titre mérite son classement ESRB de Mature. Les prisonniers que vous recevez, particulièrement les plus dangereux, ne sont pas des enfants de cœur. Chaque prisonnier est individuellement simulé avec sa propre biographie, ses crimes passés, ses traits de caractère, ses addictions, son affiliation à un gang criminel et j’en passe. S’il y a bien quelques gags ici et là dans la description des prisonniers, il ne faudra pas oublier que chacun aura plus ou moins une propension à la violence, perpétrée contre d’autres détenus ou contre les gardiens. Les meurtres en direct ne sont pas rares dans Prison Architect.
Ce sera votre responsabilité avec un mélange bien équilibré de clémence, de thérapie mais aussi de répression, d’éviter que votre prison surchauffe et que les détenus soient poussés à la violence ou l’évasion. Et même avec une gestion habile et rigoureuse, rien ne vous met totalement à l’abri des catastrophes, incendies ou des émeutes. Il faudra réagir rapidement pour ne pas perdre votre titre de directeur.
Mesdames, Messieurs, membres du jury ; le verdict de Prison Architect ?
Prison Architect est un vrai de vrai jeu de simulation pour les plus grands amateurs du genre. Le niveau de granularité des options offertes au joueur est impressionnant. La liberté (du directeur de la prison) est complète. Vous souhaitez faire une prison où les détenus ne sortent jamais de leur cellules, ou presque ? Vous le pouvez. Au contraire, vous aimeriez mieux gérer une prison à sécurité minimale avec de nombreuses activités et une grande chance de réhabilitation, pratiquement plus une clinique qu’une prison ? C’est facile. À l’autre bout du spectre, vous voulez refaire La ligne verte et conduire vos prisonniers à leur dernière marche jusqu’à la chaise électrique ? Bien entendu que Prison Architect vous le permettra.
Les thèmes abordés peuvent être difficiles pour certains. La violence, la drogue, les gangs de rue, etc., seront omniprésents dans la partie. Mais c’est aussi ce qui fait le caractère unique de la proposition. Pour éviter que le pire se produise, les joueurs seront invités à planifier avec soin leur prison, à penser à quels chemins prendront les prisonniers dans leur journée et les dangers que cela représente. Être prudent avec le niveau de confort et de répression pour garder tout le monde calme.
En attendant Prison Architect 2 qui nous promet… du 3D (mais toujours aussi rigolo dans son design graphique), l’on peut se rappeler que Prison Architect premier du nom est l’un des meilleurs jeux de gestion actuellement disponible et qu’il a extrêmement bien vieilli. Si les options en début de partie permettent d’ajuster un peu la difficulté, cela demeure tout de même une expérience moins accessible aux débutants, mais qui saura donner du fil à retordre aux vétérans du genre qui souhaitent s’offrir un solide défi.
J’aime
-
- La profondeur des options de gestion disponibles
- La grande liberté du joueur
- La thématique carcérale en général
- Le niveau de défi qui peut se montrer costaud
- Le genre “construction” et “gestion” qui se prête très bien à la thématique “prison”
J’aime moins
- Les graphismes et la trame sonore relativement simplistes
- La difficulté à trouver ou classer certains items
- La courbe d’apprentissage relativement abrupte
- Les effusions de violence et les émeutes qui me font perdre la partie
La copie de Prison Architect a été achetée par le rédacteur (il y a presque dix ans).
Prison Architect
Scénario
Graphisme
Bande sonore
Jouabilité
Durée de vie
Évitez de vous faire suriner !
Prison Architect est un jeu de gestion et de construction de prison qui a très bien vieilli et qui continue d’être une expérience plaisante pour les joueurs. Le degré de difficulté, bien que modulable, saura plaire aux vétérans du genre, même si les débutants trouveront plus difficile d’apprivoiser le jeu. La thématique carcérale est un choix intéressant pour ce type de jeu, mais elle apporte aussi son lot de violence et de sujets sensibles. En somme, une excellente proposition pour les gestionnaires qui n’ont pas froid aux yeux et qui n’auront pas de dilemmes moraux à équilibrer répression et réhabilitation.