Près de quarante ans après le premier rugissement dans la jungle de 1987, Predator revient hanter le grand écran. Mais cette fois, la créature mythique change de point de vue. Le film est un exemple cinématographique de l’expression « le chasseur devient la proie », avec pour protagoniste un membre de l’espèce traqueuse préférée des adeptes de science-fiction.
Dans Predator : Badlands, le réalisateur Dan Trachtenberg (Prey, 10 Cloverfield Lane) renverse la perspective : le prédateur n’est plus le danger, mais celui que l’on suit dans son parcours. Le résultat ? Un pari audacieux qui pourrait bien redéfinir l’ADN de la franchise.

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- Studio : 20th Century Studios (distribution par The Walt Disney Company)
- Réalisateur : Dan Trachtenberg
- Distribution principale VO anglaise : Elle Fanning (Thia), Dimitrius Schuster‑Koloamatangi (Dek)
- Genre : Science-fiction / action
- Durée : 1 h 47 min
- Date de sortie : 7 novembre 2025
- Classement : PG-13
Synopsis
L’action se déroule sur Genna, la planète de la Mort, une terre hostile de jungle très riche en faune et en flore mortelle.
On y suit Dek, un jeune Yautja (Predator) parti en chasse du Kalisk, une bête légendaire que même le chef de son clan redoute. Dans son périple, il rencontre Thia, une androïde de la corporation Weyland-Yutani. Ensemble, ils entreprennent un voyage pour traquer la créature et survivre à l’environnement particulièrement dangereux de la planète.
C’est la première fois dans la saga que le point de vue du film adopte celui du Prédateur. Trachtenberg s’en sert pour explorer leur culture : codes d’honneur, hiérarchie, langage, mythologie. Cette approche transforme le film en véritable fresque de science-fiction plutôt qu’en simple film d’horreur de survie.

Mes impressions
Je suis entré dans la salle avec peu d’attentes, mais je fus très impressionné et surpris. Le mélange des deux franchises, Alien et Predator, avec la présence de la Weyland-Yutani, semble beaucoup plus fluide et naturel que dans d’autres opus.
Un autre vent de fraîcheur souffle sur la franchise grâce à un choix audacieux : l’action ne se déroule pas sur Terre. En quittant notre planète, Predator : Badlands élargit considérablement l’univers de la saga et offre un terrain de jeu inédit pour la narration. Pour le jeune Yautja, ce monde étranger devient un véritable rite initiatique : un espace où la survie n’est plus dictée par la technologie humaine, mais par les lois brutales d’un écosystème alien.
Pour le spectateur, c’est une redécouverte : paysages déformés, faune menaçante, flore hostile : chaque élément semble vivant et prêt à attaquer. Ce décor à la fois violent et créatif renforce le sentiment d’étrangeté et de danger permanent, tout en injectant une dose bienvenue de nouveauté dans une franchise parfois enfermée dans ses jungles terrestres.

Le personnage de Dek est très représentatif de son espèce : il parle peu et semble bien plus enclin à écouter et observer. Malgré son jeune âge, il apporte un point de vue personnel et encourage la curiosité du spectateur pour le monde qui l’entoure.
Pour sa part, le personnage de Thia, incarnée par Elle Fanning, représente une sorte de tache technologique mal adaptée à cet environnement. N’étant littéralement que la moitié d’elle-même, elle semble surtout servir d’outil (à la fois scénaristique et symbolique) dans le récit. Les dialogues entre elle et Dek sonnent creux et mécaniques, et leur relation évolue de manière très peu organique au fil du film. L’androïde fait d’ailleurs offre un contraste marqué avec les éléments naturels et le monde qui l’entoure, accentuant son étrangeté.

Et quel monde ! Genna est une planète foisonnante de vie où chaque élément, faune ou flore, est un danger potentiel. D’insectes explosifs aux champs de verdure coupante, cette planète est aussi belle qu’hostile.
Mon dernier grand point positif : les costumes. Le respect de l’œuvre originale est bien présent, et les clins d’œil visuels à l’équipement et à la tenue de Dek feront grand plaisir aux vétérans de la franchise. Tout ce qui touche à Weyland-Yutani est fidèle à ce que l’on voit dans les films Alien, à un tel point qu’on pourrait parfois se croire dans un autre opus de la saga. Les deux univers se voient ainsi pleinement respectés dans la conception des accessoires et des costumes, tout en proposant des variations adaptées au ton du film et à l’environnement unique de Genna.

Du côté moins intéressant, on peut mentionner l’histoire. La phrase exacte que je me suis dite en sortant était : « J’ai déjà vu ce film. » C’est un scénario vu et revu et, clairement, ce n’est pas le point de concentration du film. L’histoire que ce dernier raconte passe davantage par sa musique, son environnement et ses visuels que par ses dialogues et son scénario.
Pour les grands fans de la série, l’action est au rendez-vous, tout comme la tension et les décors impressionnants.
Dek, encore inexpérimenté, apprend à faire du terrain et de la faune ses armes au fil de son évolution.
Sur le plan visuel, Badlands garde la patte rugueuse de Prey : caméras portées, éclairages naturels, tension viscérale. La photographie, dominée par des tons ocres et sombres, évoque parfaitement le premier opus, mais avec les rôles inversés. La bande-son reprend certains thèmes remis au goût du jour tout en réinterprétant les sonorités familières de Weyland-Yutani à la sauce Predator.

Avant de passer à la conclusion, il est important de parler de la bande-son. Sarah Schachner et Benjamin Wallfisch ont tous deux travaillé sur les musiques et les ambiances du film, cherchant à donner au Prédateur une dimension encore plus tribale et primitive. Un ton déjà suggéré par la musique de la bande-annonce, signée par le groupe The Hu, formation de métal mongol mêlant sonorités modernes et chant de gorge traditionnel.
La musique nous plonge pleinement dans l’action et les moments de suspense. Elle dynamise les scènes, amplifie les émotions et transmet l’intensité avec une justesse naturelle. Ce film s’écoute autant qu’il se regarde, et les amateurs de bande-son se régaleront à réécouter certains morceaux, notamment celui dédié au Kalisk.

En conclusion
Predator : Badlands n’est pas un film d’horreur, mais plutôt un récit initiatique, ponctué d’action et de violence maîtrisée. En faisant du chasseur la proie, Trachtenberg signe une œuvre plus introspective, sans sacrifier la tension ni la grandeur visuelle.
Ce n’est peut-être pas le Predator le plus féroce, mais c’est sans doute le plus fascinant… et celui avec lequel il est le plus facile de s’identifier.
J’aime
- Les combats
- L’environnement
- L’ambiance
J’aime moins
- Le scénario
- Les dialogues
Predator : Badlands
Scénario
Réalisation
Performance des acteurs
Effets spéciaux
Musique
Excellent
Un Predator revisité : visuellement bluffant et riche en action, mais toujours piégé par un scénario trop classique et des dialogues qui ne marquent pas.
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