Maximum Apocalypse : à mi-chemin entre Catane et Zombicide

Le hurlement d’une sirène au loin résonne encore. Le périmètre n’a pas pu être évacué à temps et la panique généralisée a laissé place au silence de la mort. Seul le mouvement des phares d’un van frôlant la panne d’essence atteste de la présence de survivants. Pourront-ils survivre à leur recherche de carburant ?

La prémisse du jeu a de quoi intéresser tous les adeptes d’apocalypse. Le jeu Maximum Apocalypse, comme son nom l’indique, se propose comme un jeu de survie complètement coopératif. Différents thèmes sont proposés, allant des classiques zombies à mutants venimeux en passant par les stratégiques aliens et même les puissants robots.  Chaque thème propose trois scénarios et des ennemis différents. Tous ces ennemis ont alors leurs propres particularités et leurs propres stratégies, ce qui demandera aux joueurs de repenser à chaque fois leur approche du jeu.

  • Nombre de joueurs : 1-6
  • Durée : 45-90 minutes
  • Auteur : Mike Gnade
  • Éditeur : Rock Manor Games
  • Année : 2018

Le temps nous manque

Bien que chaque scénario et chaque apocalypse propose des particularités, le but du jeu reste assez similaire. Il faudra généralement partir du van pour aller chercher de l’essence, accomplir un objectif secondaire, puis revenir au van. Les objectifs devront toujours être accomplis en prenant en compte l’armement disponible (et les balles qui viennent avec), la faim et la nourriture. À mesure que la partie s’allonge, les ressources commencent à manquer, mais les monstres continuent de se multiplier  Le jeu doit donc se jouer vite pour éviter une attrition des ressources qui s’avérera mortelle !

Tout un lot de dangers et d’épreuves diverses ralentiront les joueurs dans leur course jusqu’au van.

Une mécanique simple qui nous laisse en terrain connu

Le jeu se joue en quatre phases : l’apparition des monstres, la pioche de carte, la phase d’actions et le nettoyage.

La phase d’apparition des monstres semble calquée sur le principe de Catane. Sur chaque tuile du plateau est écrit un chiffre. En début de tour, le joueur actif lance deux dés et si le chiffre correspond à celui d’une tuile, le joueur actif amasse une carte ressource correspondante place un marqueur monstre sur la case. On sait alors qu’un monstre rôde dans ce lieu et qu’une menace guette le prochain joueur qui y mettra les pieds.

La phase de pioche de carte permet de piocher une carte dans son propre paquet. Ce paquet offre des cartes uniques à notre personnage en fonction de sa classe. Dans cette idée, la mécanicienne obtient principalement de la machinerie servant de support. La chasseuse acquiert un arc ne consommant pas de munitions, des pièges paralysant les monstres et de la nourriture. Le chirurgien trouve des consommables de soin ou un scalpel améliorant ses capacités de soin, etc.

La phase des actions, plutôt classique, donne la possibilité au joueur d’effectuer jusqu’à quatre actions  La liste des actions est simple : le survivant peut se déplacer, utiliser une carte, équiper un équipement ou chercher des ressources. Dans le cas de cette dernière action, le joueur doit piger une carte ressource dans un des trois paquets de ressources. Chaque paquet est associé à un code de couleur étant lui-même associé à des lieux. Par exemple, il sera plus facile de trouver de l’essence dans un poste d’essence que dans une ferme, tout comme il sera plus facile de trouver des armes dans un poste de police que dans une forêt.

Finalement, on calcule l’attaque des monstres toujours en vie devant le joueur. On assigne ensuite les blessures au joueur, il monte sa jauge de faim et on commence un nouveau tour.

Et les monstres dans tout ça ?

C’est un peu là qu’on commence à sentir les faiblesses du jeu. Contrairement à un jeu comme Zombicide, les monstres n’apparaissent pas directement sur le plateau. C’est une carte qu’on pioche et qui va devant un joueur, comme une sorte de malus. Le joueur doit éliminer la créature avant la fin de son tour, sous peine de subir des blessures. L’idée en soi n’est pas mauvaise, mais elle n’est pas non plus très intuitive. Il n’y aura jamais de combat direct entre eux : les joueurs attaquent les monstres durant leur tour et les créatures répliquent à la fin du tour. La victoire d’un combat, due à la mécanique simpliste de celui-ci, génère une sensation de déception.

D’un autre côté, il est donc surprenant qu’un jeu à la base simpliste soit, à la lecture des règles, aussi complexe à apprendre. Certaines cartes comprennent du texte qu’il faudra déchiffrer en fouillant les FAQ trouvées sur le web. Par exemple, la carte Shotgun du pompier dit : « ACTION : Deal 3 damage to one target and 1 damage to all targets in front of you ». Il nous a fallu un moment pour comprendre qu’on parle des monstres pigés qui vont… in front of you. Des habiletés de monstres telles que Draw vont aussi causer des maux de tête. Doit-on faire l’habileté Draw d’un monstre lorsqu’il est mort dans une explosion à l’autre bout de la carte ? Le livret ne répond pas à la question, on doit s’en remettre à la communauté ou à un débat entre joueurs.

Certaines cartes sont presque des énigmes dans leur fonctionnalité.

En conclusion

Maximum Apocalypse s’inspire de plusieurs jeux et on le ressent dans sa mécanique : l’apparition des monstres inspirée de Catane, les quatre actions de Pandémie, le système de tuiles piégées de Room 25. Toutefois, le jeu a su s’inspirer des bonnes mécaniques et se les approprier correctement. Une belle part de hasard vient compliquer le jeu sans que ce soit punitif ou choquant.

Malgré un système de combat plutôt mince et peu inspiré, le jeu reste amusant. Sa courbe d’apprentissage progressive est intéressante pour plaire à tous les types de joueurs. La gestion de la faim et des ressources entraîne une belle sensation de stress. On a constamment l’impression que le temps va manquer. Les joueurs sont forcés de coopérer et ne peuvent pas laisser un débutant à la traîne.

Page officielle | Page BoardGameGeek

Maximum Apocalypse

Graphisme
Matériel
Thématique
Mécanique
Plaisir

Maximum Apocalypse n'est certes pas un excellent jeu. Trop de règles floues le rendent par moment plus complexe qu'il ne devrait. Malgré ses nombreux défauts, le jeu peut tout de même se vanter de nombreuses qualités. Il sait comment créer des tensions et des atmosphères permettant de créer de petites histoires de survie. À défaut d'être acheté, il vaut la peine d'être essayé.

À propos de Philippe Joncas

Passionné des jeux en tout genre et ancien animateur de soirées ludiques au Café Klimt, je suis constamment en quête du Saint-Graal des jeux de société. Entre deux recherches, je me consacre à mon autre passion: l'horreur!

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