La mode, ces jours-ci dans le domaine du jeu vidéo, semble être de tenter de mélanger le plus de genres possibles. Le dernier jeu que j’ai testé, Liberté, surfe sur cette vague en se voulant un mélange de deck builder, de roguelite et de jeu d’action en vue isométrique à la Diablo. Le tout sur fond de Révolution Française en réalité alternative avec créatures démoniaques, druides et une Inquisition armée jusqu’aux dents. Est-ce que ce cocktail tient la route ou cause-t-il des brûlures d’estomac ?
- Studio de production : Superstatic
- Éditeur : Anshar Publishing
- Plateforme disponible : PC
- Prix : 25,99$
- Site officiel
- Page Steam
Nous sommes à Paris en 1789, l’année où débute la célèbre Révolution Française. Cependant, ce n’est pas la même que l’on retrouve dans les manuels d’histoire. L’héritier du trône, le prince Philippe, s’apprête à être sacré roi, mais la cérémonie est brutalement interrompue par une horde de créatures infernales qui massacrent tout sur leur passage. Au même moment, un groupe de rebelles, poussés à bout par un régime tyrannique, prend les armes contre le nouveau roi.
Enfin, l’Église et son Inquisition sont aux prises avec une tribu chamanique qui vénère d’anciens dieux, ce qui est un blasphème pour eux. Au milieu de tout ce chaos se trouve René, un simple habitant de la capitale française, qui devra choisir son camp, tout en ayant à gérer ses liens avec un être mystérieux qui semble être sorti de l’enfer.
C’est donc une toute nouvelle interprétation de la Révolution Française que le jeu Liberté nous sert. Le Paris de cet univers est non seulement dévasté par la révolte des habitants, il est sous le joug d’une malédiction où des événements surnaturels surviennent. Les quatre groupes cités plus haut tentent chacun de se hisser au-dessus de leurs adversaires et tentent toutes de bénéficier des habiletés du héros de l’histoire, René. À plusieurs reprises, le joueur devra faire le choix de supporter l’une ou l’autre des factions, ce qui modifiera le déroulement du jeu et les missions qu’il devra accomplir.
Un mélange de genres qui s’avère très efficace
À la base, Liberté se joue en vue isométrique et la jouabilité ressemble beaucoup à celle de Diablo. On se déplace à travers les rues de Paris, envahies par les débris et les barricades laissés derrière par la Révolution. Les combats sont en temps réel et offrent une variété dans les types d’attaques. On peut utiliser la rapière pour le corps-à-corps, un pistolet pour attaquer à distance ou faire usage de furtivité pour frapper l’ennemi par derrière. Au début de chacune des tentatives, le joueur aura à choisir parmi trois paquets de cartes différentes, qui offre chacun un type d’attaque particulier (mêlée, à distance et assassinat).
Les cartes ont un effet important car elles donnent accès à des habiletés spéciales. Elles sont divisées en trois catégories. La première comprend des types d’attaques comme frapper en arc de cercle pour atteindre plusieurs ennemis ou utiliser une lame dissimulée, parfait pour attaquer dans le dos. La seconde donne des bonus passifs, comme un certain pourcentage de dommages supplémentaires avec un type d’attaque particulier ou recevoir des points d’armure lorsque l’on élimine un ennemi. Enfin, la troisième donne accès à des objets à usage limité, comme des bandages pour penser ses blessures ou une bombe incendiaire. Le joueur doit choisir une carte par catégorie et il est possible de les changer au courant de la partie.
Des cartes qui donnent de nouvelles habiletés, avec un système d’activation unique
Les habiletés actives, comme les attaques spécialisées, utilisent un système de régénération particulièrement brillant. Plutôt que de devoir attendre un certain nombre de secondes avant de pouvoir les réutiliser, le décompte est affecté par les attaques de base réussies. Le joueur n’a donc pas le choix de se lancer dans la mêlée s’il souhaite pouvoir utiliser ses pouvoirs spéciaux. Il en aura grandement besoin car les ennemis dans Liberté sont particulièrement agressifs. Ils n’hésiteront pas à entourer le joueur et feront usage de toutes leurs habiletés martiales pour en venir à bout.
Se déplacer constamment est d’une importance capitale, car rester en position statique est s’assurer d’une mort rapide. Heureusement, le jeu indique toujours visuellement si une attaque surviendra bientôt, ce qui laisse au joueur une seconde ou deux pour réagir.
Le monde dans lequel évolue René est dynamique. Une foule de passants encombrent les rues étroites de Paris et ils fuient en désordre lorsqu’un combat éclate à proximité. Plusieurs éléments du décor peuvent être détruits afin de dénicher des ressources comme des pièces d’argent ou des cartes supplémentaires. Par contre, il n’est pas toujours évident de savoir quels sont ceux qui peuvent être détruits de ceux qui ne servent que de décorations. Certaines sections sont dépourvues d’ennemis et offrent au joueur un répit et la possibilité d’échanger son argent contre de nouvelles cartes ou visiter un médecin pour renflouer sa vitalité.
Un système roguelite où l’on doit reprendre les mêmes segments encore et encore
Après avoir remporté un certain nombre de combats ou complété des objectifs, le joueur montera de niveau. C’est le seul moment où il peut puiser des cartes de son paquet. Leur activation est basée sur un système de gestion de ressources ingénieux. Pour ce faire, le joueur doit avoir en sa possession le nombre de points de mana requis. Le défi est qu’il ne les génère pas lui-même, le seul moyen d’en obtenir est de sacrifier une carte. Cela lui donne un nombre de points de mana équivalent au coût de la carte éliminée qu’il pourra alors utiliser pour activer une autre carte dans sa main.
Il faut donc faire preuve de stratégie dans le choix des cartes à utiliser et à sacrifier. Certaines cartes n’ont pas de coût, mais il s’agit surtout de cartes à pouvoir unique, comme une pièce d’armure ou un aliment à consommer.
Le joueur pourra mettre la main sur des plans pour de nouvelles cartes au cours de ses tentatives et pourra les forger dans sa base, s’il a en main les ressources nécessaires. Ces dernières sont trouvées soit dans certains éléments du décor ou sur le cadavre d’un ennemi. Une fois une carte fabriquée, celle-ci est ajoutée au paquet qui représente son type et le joueur sera en mesure d’en faire usage lors d’une nouvelle tentative. La possibilité d’obtenir des plans est liée au niveau de difficulté choisi. Plus celui-ci est élevé, plus élevées seront les chances d’en trouver. Il est également possible d’obtenir des plans par l’entremise de la réputation que le joueur a auprès des quatre factions.
Un environnement déprimant qui baigne dans des teintes de brun
Visuellement, Liberté n’est pas le jeu le plus impressionnant sur le marché. Si les décors sont riches en détails, le choix de couleurs laisse à désirer. La plupart des environnements sont baignées dans différentes teintes de brun, ce qui donne au visuel un côté monochrome un peu ennuyeux. Par contre, on voit clairement les angles d’attaque des ennemis qui sont représentés en rouge. Aussi, les portraits des personnages lors des conversations sont superbes et semblent surgir tout droit d’une peinture de l’époque.
La trame sonore du jeu est intéressante, quoique utilisée de façon sporadique. Elle apparaît dès qu’un ennemi est à proximité, mais le choix d’une musique rock est un peu discutable. Heureusement, la musique prend une tournure épique avec orchestre et chœurs lorsque le joueur fait face à un ennemi particulièrement puissant. La qualité du jeu d’acteurs est très variable. Si ceux qui incarnent René, Ana, la chef des rebelles, et le prince Philippe offrent des performances solides, d’autres semblent avoir été choisis directement dans la rue tellement ils livrent leurs répliques de façon monotone.
Le mélange de styles est intéressant, mais il ne plaira pas à tous
Tout comme les autres jeux du genre roguelite, Liberté demande au joueur de recommencer l’aventure à chaque fois qu’il vient à périr. Si l’on perd toutes ses ressources et ses cartes, les nouvelles cartes forgées et les habiletés améliorées du personnage principal sont maintenues, ce qui donne un avantage lors de la tentative suivante. Cependant, devoir reprendre les mêmes segments plusieurs fois peut devenir lassant. De plus, si la structure du décor varie de partie en partie, les dialogues des différentes missions restent les mêmes. Il est heureusement possible de passer par-dessus.
Il est certain que les amateurs purs et durs de la réalité historique seront presque offusqués par les libertés qu’ont prises les développeurs, mais on se prend à apprécier cette approche un peu farfelue d’un des plus importants moments historiques. Si le conflit entre les différentes factions se rapproche de la réalité, les éléments surnaturels nous rappellent rapidement qu’on a affaire à une version très modifiée des événements historiques. Un dernier petit bémol : bien que le jeu se déroule à Paris, il n’offre pas d’option pour y jouer en français.
Liberté ne plaira pas à tout le monde, mais les amateurs de roguelite, de jeux de cartes et d’histoire alternative devraient y jeter un coup d’œil.
J’aime
- Le mélange de styles surprenant ;
- La musique épique des combats contre les boss ;
- L’histoire qui évolue selon les choix.
J’aime moins
- La palette de couleurs limitée ;
- Un côté répétitif agaçant ;
- Certaines performances vocales laissent grandement à désirer.
La copie de Liberté a été fournie par Anshar Publishing.
Liberté
Scénario
Graphismes
Bande sonore
Jouabilité
Durée de vie
Un mélange de styles intéressant
Mélangeant le jeu de cartes, le style roguelite et une jouabilité à la Diablo, Liberté parvient à fonctionner malgré son côté hétéroclite.