La série télévisuelle la plus attendue de l’année est finalement disponible, Le Seigneur des Anneaux : Les Anneaux du Pouvoir. Disponible sur le service de diffusion en ligne Amazon Video, cette super production au budget presque inégalé (on parle ici de plus de 465 millions de dollars seulement pour la première saison) devait prouver qu’elle méritait tant d’attentes. Bien entendu, il est tout à fait impossible pour n’importe quelle production d’atteindre ces niveaux qui s’apparentent presque à du fanatisme, mais à part quelques pépins, surtout au niveau du scénario, le produit final parvient à être impressionnant. Au moment d’écrire ces lignes, seuls les deux premiers épisodes de la première saison sont disponibles et les chapitres subséquents sortiront à chaque vendredi.
- Responsables du développement : J. D. Payne et Patrick McKay
- Service de diffusion : Amazon Video
- Distribution : Morfydd Clark, Robert Aramayo, Ismael Cruz, Charles Edward, Owain Arthur
- Nombre d’épisodes : 8
- Site officiel
Les événements couverts par la télésérie se déroulent plusieurs milliers d’années avant ceux des romans Le Hobbit et Le Seigneur des Anneaux. Nous sommes au début du Second Âge, la période trouble à la paix fragile qui a suivi la défaite du Grand Ennemi Morgoth et qui a mis un terme au Premier Âge. La plupart des armées d’orques ont disparu de la Terre du Milieu et le lieutenant de Morgoth, un sorcier aux grands pouvoirs appelé Sauron, semble avoir fui avec eux. Les elfes qui ont survécu à la grande guerre souhaitent vivre des jours paisibles, mais une d’entre eux, Galadriel (Morfydd Clark) reste convaincue que Sauron est toujours vivant et se cache quelque part. Elle s’est donnée comme mission de voyager jusqu’aux confins du monde pour retrouver sa trace, même si ses compagnons ne voient en elle qu’une folle obsession. Les terribles événements qui vont suivre vont lui prouver raison.
Dans la capitale des elfes Lindon, le sage roi Gil-Galad (Benjamin Walker) voit que la menace de Sauron a été écartée et il annonce officiellement que la paix est de retour. Ce faisant, il rappelle les soldats qui occupent les avant-postes de laisser tomber leur vigilance et de rentrer à la maison. La vaste majorité d’entre eux sont enchantés par cette nouvelle, mais l’éclaireur Arondir (Ismael Crux) refuse de quitter, sentant en lui que le danger est toujours présent. Les Terres du Sud, un vaste territoire occupé par les humains et où l’elfe était posté, semblent être sous le joug d’une forme de malédiction. Les récoltes sont mauvaises et le bétail semble affligé d’une maladie inconnue. Les craintes d’Arondir seront confirmées lorsqu’un village voisin est complètement anéanti par une force inconnue qui semble avoir surgi de terre.
Des personnages bien connus qui nous reviennent en version plus jeune et téméraire
Le sage elfe Elrond (Robert Aramayo), un architecte et conseiller du roi Gil-Galad, se fait donner comme tâche d’assister le célèbre orfèvre Celebrimbor (Charles Edward) dans un nouveau projet ambitieux dont le but serait d’unir les peuples de la Terre du Milieu. Pour parvenir à forger ces nouveaux bijoux qui seront distribués entre les différentes races, ils auront besoin d’une forge puissante et qui devra être construite rapidement. Seuls les Nains sont capables d’un tel exploit et Elrond entreprend un long périple jusqu’au royaume de Kazad-Dûm et les célèbres Mines de Moria pour demander de l’aide à son vieil ami, le prince Durin (Owain Arthur). Son accueil sera plus froid qu’il ne s’attendait et il devra faire usage de diplomatie pour engager les Nains dans le projet.
Enfin, dans les Terres du Sud se trouvent également une tribu de Hobbits qui y vivent cachés de ceux qu’ils appellent les géants (les humains). Les membres de cette race sont habituellement paisibles, évitent à tout prix la confrontation et voient la curiosité d’un mauvais œil. Cela n’empêche pas la jeune Elanor (Markella Kavenagh) de partir explorer les champs aux alentours, ce qui met en furie sa belle-mère. Sa curiosité sera toutefois comblée plus qu’elle ne s’attendait lorsqu’un homme mystérieux s’écrase tel un météore devant elle. Ne comprenant pas son langage, mais comprenant que son arrivée représente quelque chose d’important, Elanor tentera de communiquer avec cet étranger.
Une série qui en met plein la vue et qui justifie son coût très élevé
La compagnie Amazon ayant obtenu seulement les droits pour les Appendices des œuvres de Tolkien, et non les romans du cycle de l’Anneau, ces derniers ne seront pas mentionnés dans la série. Cependant, plusieurs personnages présents dans les romans et les films de Peter Jackson feront des apparitions dans des versions plus jeunes comme Galadriel et Elrond. L’esthétisme de la série emprunte beaucoup à celle des films des trilogies du Seigneur des Anneaux et du Hobbit de Jackson, donc leurs amateurs seront en terrain connu, du moins visuellement. La production a mis le paquet sur les décors, les costumes et les effets spéciaux qui sont tous exceptionnels. La série a été tournée en Nouvelle-Zélande, le même pays qui avait accueilli les acteurs et artisans des trilogies précédentes et les séquences où sa beauté naturelle est à l’avant-plan sont à couper le souffle. Les maquillages sont également à souligner, surtout ceux des Nains qui ont requis de nombreuses heures à appliquer pour les acteurs, et celui des Orques. Pour ces derniers, l’équipe de production a heureusement utilisé à nouveau des acteurs véritables plutôt que de les générer par ordinateur comme ça a été le cas avec la trilogie Le Hobbit. Le résultat est beaucoup plus convaincant.
Si le côté production de la série est un triomphe, il en est un peu moins du côté du scénario. Comme il a déjà été mentionné, la série s’inspire des Appendices, une série de textes inclus à la fin du Seigneur des Anneaux et qui en dévoilent plus sur la géographie et l’histoire de la Terre du Milieu. La période historique choisie, le Second Âge, est probablement celle qui est la moins explorée dans les Appendices, ce qui a donné beaucoup de latitude aux créateurs. Cependant, contrairement à la trilogie de films qui débute avec un superbe prologue qui explique clairement les enjeux en cours, celui des Anneaux du Pouvoir est plus confus. N’ayant pas les droits du recueil le Silmarillion qui racontait avec force détails les événements du Premier Âge, les scénaristes ont dû passer rapidement sur cette période. Cela peut causer de la confusion chez certains téléspectateurs, surtout ceux qui ne seraient pas familiers avec les écrits de Tolkien autres que Le Hobbit et Le Seigneur des Anneaux. On entend parler de Morgoth et des Silmarils, deux éléments capitaux du Premier Âge, mais sans toutefois aller dans les détails.
Également, ceux qui s’attendaient à plonger immédiatement dans l’action seront un peu déçus par les premiers épisodes. Ayant plus de temps pour développer l’histoire et les personnages qu’un film, la série prend son temps pour les dialogues et pour approfondir les personnages, et les séquences de combat sont plutôt rares et courtes. La bande-annonce nous promet toutefois des batailles épiques lors des épisodes subséquents, donc cet argument pourrait s’avérer futile. Heureusement que les performances des acteurs sont presque toutes superbes, avec quelques-unes qui sont un peu faibles au niveau de l’émotion. Il est recommandé à ceux qui souhaitent regarder la série dans la langue originale anglaise de mettre les sous-titres, certains accents étant difficiles à comprendre.
Nous sommes encore aux tous débuts de la série et il est difficile de lui donner un verdict fiable. Pour l’instant, l’histoire parvient à intriguer et les personnages sont suffisamment attachants pour maintenir l’attention des téléspectateurs qui ont été très nombreux à la visionner la première journée. Je reviendrai sur la série lorsque le dernier épisode sera disponible afin d’en faire un récapitulatif avec un verdict plus concluant.