Il y a quelque chose de vraiment particulier à aller voir un bon film au cinéma. Quelque chose d’unique, de privilégié. Même aujourd’hui, alors qu’Internet nous permet de voir à peu près tout ce qu’on veut où on veut, sans avoir à sortir de chez soi, nous continuons d’aller au cinéma. On s’installe dans un gros fauteuil, au milieu d’une salle gigantesque qui se remplit petit à petit, face à un écran de plusieurs mètres, bercés par le bourdonnement excité du public, puis les lumières s’éteignent, le silence se fait, le film commence et vous vous retrouvez submergés par le son, les images, l’incroyable miracle qui se déroule sous vos yeux.
Les Animaux Fantastiques : Les Crimes de Grindelwald est un de ces films..
Le premier nous avait déjà fasciné, avec ses décors splendides et ses créatures toutes plus impressionnantes les unes que les autres, et Les Crimes de Grindelwald, tout juste sorti cette semaine, est son fier successeur. De bout en bout, de la bande son composée par James Newton Howard et décors, aux costumes et aux effets spéciaux, c’est un véritable petit chef d’oeuvre. Cette fois-ci, les créatures ne sont pas les seules à crever l’écran, alors que nous découvrons un monde de la Magie des années 30, de Londres à un Paris Art Déco fleurissant, en passant par Poudlard comme vous ne l’avez jamais vu. Ce film regorge de détails, de délicatesse, d’ingénuité, d’authenticité, et plus encore, de vie.
Que ce film est beau. Pas uniquement pour ses prouesses visuelles, mais aussi pour son univers complexe, toujours en mouvance, que l’on parvient à peine à entre apercevoir. Après avoir découvert le petit monde tenant dans une valise de Norbert Dragonneau, nous poussons cette fois la porte du vaste univers du Monde de la Magie, et tous les enjeux qui s’y jouent.
S’y mêlent géopolitiques, morales, systèmes judiciaires, gouvernements en faillite, extrémismes, et des personnages d’une humanité touchante. Plus encore que l’expérience visuelle et touristique du premier volet, Les Crimes de Grindelwald nous propose un drame humain, où la magie n’est plus la trame principale mais la toile de fond sur laquelle s’entremêlent destins et révélations, rongés d’angoisses, de douleurs et de colère.
Cela se traduit par des choix techniques aussi surprenant que rafraîchissants dans un « blockbuster ». Tremblante, à l’épaule, en plan rapproché ou complètement déconstruit, alors que l’on voit s’étirer un battement de cils ou que l’on plonge littéralement dans le cœur de l’action, la caméra nous guide le long du fil de l’histoire et nous permet d’approcher avec pudeur les personnages à fleur de peau de ce drame inattendu.
Il n’y a que peu de dialogues, peu de mots pour transmettre l’étendue de ce qui se passe à l’écran, transmit par le jeu extraordinaire d’Eddie Reymayne (Norbet Dragonneau), Zoë Kravitz (Leta Lestrange), Ezra Miller (Croyance Bellebosse) ou encore Alison Sudol (Queenie Golstein).
Alors que les intrigues s’entrecoupent et que les dispersions se multiplient, leurs performances est au final la seule chose qui nous permet de ne pas nous perdre ou de nous laisser dépasser par tant de choses, nous ramenant toujours auprès d’eux pour que nous puissions voir à travers eux.
C’est vraiment une performance étonnante, surtout pour un deuxième volet, et alors que les scandales font rage, que ce soit sur le casting de Johnny Depp (Gellert Grindelwald), ou l’opportunisme de J. K. Rowling. Les Crimes de Grindelwald n’en résout aucun. À vrai dire, le scénario est d’une maladresse telle qu’il ne va, sans doute, faire qu’empirer les choses.
À force de vouloir tout faire d’un coup, ce film a perdu beaucoup de la fraîcheur et de l’innocence de son prédécesseur, trop de personnages sont malmenés parce que noyés dans la masse, et la performance de Johnny Depp en est de loin le plus symptomatique. Caricaturale, forcée, monotone et mal dégrossie, sous trop de maquillage, de couches, et d’accrocs au sens même de l’histoire.
C’est triste, parce que ce film est réellement extraordinaire sur tellement d’aspects, mais peine quand même à se dépêtrer de son héritage trop lourd qu’est la saga Harry Potter. Au final, manquant déjà de cohérence et de cohésion, le scénario est charcuté afin de pouvoir s’intégrer à une histoire déjà finie et se passant des années plus tard, simplement dans l’espoir de créer une nostalgie chez le public qui fera rentrer de l’argent pour tout le monde.
Le résultat est que, malgré tant de beauté, tant de prouesses, et tant d’inattendu, on a du mal à retrouver le premier volet et ses personnages que nous aimions tant, et qu’il est difficile d’envisager la suite. Certes, elle sera sans aucun doute aussi belle que Les Crimes de Grindelwald, mais pourra-t-elle faire suite à une histoire de en plus plus compliquée ? Y a-t-il vraiment un sens à tout cela, clair et cohérent et qui puisse satisfaire les amateurs, ou est-ce que cette franchise va se dégonfler comme un pathétique soufflé, incapable de soutenir le poids des attentes qu’elle a créée ?
Je ne peux que m’inquiéter qu’il s’agisse du dernier. Enfin, si cela venait à arriver, nous aurions toujours Paris, et des étoiles plein les yeux. Autant en profiter.
Les Animaux Fantastiques : Les Crimes de Grindelwald
Performance des acteurs
Scénario
Photo, Ambiance, Effets Spéciaux
Musique
Magique
Laissez vous transporter et entrez dans le Paris de la Magie sur les traces de Norbert Dragonneau.