Les îles Canaries, juste en évoquer le nom, rappelle la splendeur de cet archipel de sept îles, situé à l’ouest des côtes marocaines dans l’Atlantique Nord. Ces îles, sous juridiction espagnole depuis 1496, sont effectivement à seulement 97 kilomètres du Maroc. Avant l’arrivée des Européens, on retrouvait sur ces îles le peuple indigène des Guanches. Cette population avait une culture riche et une mythologie foisonnante. C’est ce que l’on nous invite à découvrir dans le jeu de casse-tête Guayota, alors que l’on explore des cavernes et résout des énigmes afin d’en apprendre plus sur les origines mystiques des Îles et de ses habitants.
- Studio de développement : Team Delusion
- Éditeur : Dear Villager
- Plateformes disponibles : Nintendo Switch et PC
- Plateforme de test : PC
- Date de sortie : 13 août 2024
- Classement : E
- Prix : 18,99$ sur Steam
- Page Steam du jeu
La prémisse est excellente ! Raconter la mythologie d’un peuple indigène relativement peu connu (et malheureusement disparu) qui habitait sur des îles légendaires via un jeu de puzzle et d’exploration me semble une excellente idée. En tant que joueur, je suis toujours ouvert à apprendre sur de nouvelles cultures et de nouveaux endroits, surtout que cela permet de varier les environnements de jeu. Or, Guayota manque cruellement d’imagination dans la livraison de son récit et dans la diversité des casse-têtes et échoue là où d’autres ont eu plus de succès.
Les casse-têtes de Guayota
Commençons par le jeu en soi. Après quelques cinématiques de départ et des échanges avec des personnages non-joueurs (PNJ), nous prenons le contrôle d’une vue à la troisième personne de notre sympathique avatar cagoulé. Ce dernier devra explorer des caves afin de comprendre les mystères des îles et potentiellement découvrir l’emplacement de la mythique île de Saint-Brendan. Et dans ces cavernes, il faudra résoudre des casse-têtes.
En général, il s’agit de transporter une pierre qui émane de la lumière d’un endroit à un autre de façon à illuminer certains récepteurs (qui ressemblent à des piliers). Or, pour ce faire, il faudra user d’agilité afin d’éviter des pièges et des ennemis. Il faudra aussi, surtout, user de sa matière grise dans un contexte où les casse-têtes sont de plus en plus complexes. Si, au départ, il suffit de prendre la pierre lumineuse et de la positionner de manière à ce qu’elle éclaire un ou deux piliers, le défi sera de plus en plus corsé, autant dans le monde de la lumière que dans le monde des ombres.
L’ombre et la lumière
Parce que Guayota prévoit une bien étrange mécanique de jeu. Au début de chaque tableau, votre personnage est dans le monde de la lumière. Le défi reste le même, c’est-à-dire d’illuminer des piliers. Mais dans cette version du monde, les pièges sont nombreux et votre personnage dispose d’un nombre de vies limité. Il faudra être rapide sur le clavier ou avec la manette, car on doit esquiver des plaques de pression qui libèrent des gaz empoisonnés, des robots avec des lames aiguisées, des flèches et j’en passe. Une grande quantité de pièges qui vous garderont à l’affût. Et si vous perdez toutes vos vies, vous voilà dans le monde des ombres.
Le monde des ombres présente la même géographie que le monde de la lumière, mais en plus sombre (évidemment). Cette fois-ci, par contre, les casse-têtes sont surchargés aux stéroïdes. Il faudra vraiment penser à chaque déplacement parce qu’on devra prévoir quelles portes ouvrir avec quelles pierres. Certains murs sont à sens unique, donc cela implique que vos déplacements doivent être parfaitement planifiés. Des espaces lumineux deviennent opaques ou translucides dépendamment du sens dans lequel vous les traversez, permettant à lumière d’atteindre les piliers, ou pas. Pour les grands amateurs de puzzles bien cérébraux, vous serez servis.
En toute honnêteté, cette mécanique centrale à Guayota est simplement agaçante. Si, dans les jeux de casse-tête, le défi est de maîtriser le problème présenté, ici on se fait punir avec un autre casse-tête complètement différent et salement plus ardu pour avoir échoué la première fois. C’est désagréable comme ce n’est pas permis. Les développeurs auraient eu intérêt à choisir l’un ou l’autre plutôt que de les superposer. Si chacun des mondes a ses qualités propres, punir les joueurs pour ne pas avoir vu un piège plutôt que de permettre de recommencer en s’améliorant est plus que questionnable comme mécanique de jeu.
L’histoire de Guayota
Je vais me permettre de ne pas trop vous en dire sur l’histoire en soi par souci de ne rien divulgâcher. Sachez simplement qu’après chaque casse-tête, à la fin de chaque tableau (ombre ou lumière), votre personnage en découvrira un peu plus sur l’histoire de l’Île, la mythologie des îles Canaries et la localisation de l’île Saint-Brendan.
Ces découvertes sont faites à l’aide de pictogrammes qu’il faudra assembler. Disons-le tout de suite, la progression dans l’histoire est vachement trop longue pour garder le joueur en haleine. Comme mentionné ci-dessus, il faudra parfois compléter deux mondes avec des défis distinctement singuliers qui prennent parfois de longues minutes de réflexion pour arriver à la fin et obtenir un dessin et une phrase. Les échanges avec les PNJ tombent souvent à plat en plus de ne pas contribuer à la découverte des mystères de l’île.
C’est dommage parce que la prémisse était pourtant pleine de potentiel. J’aurais aimé en apprendre plus sur les dieux de ce peuple disparu, leurs interactions avec les humains et la quête vers l’île mythique, mais inexistante de Saint-Brendan par les Européens. Mais au final la progression est trop lente pour que l’on se souvienne même des chapitres précédents. Guayota aurait eu intérêt à être beaucoup plus généreux en histoire pour récompenser les joueurs.
Le verdict
Une bonne idée au départ, mais mal exécutée. La progression dans l’histoire est lente et ne garde pas le joueur rivé devant son écran. Les casse-têtes sont bons, parfois difficiles et parfois plutôt simples, mais le fait de devoir en faire un deuxième plutôt que de recommencer après une heure est simplement une mauvaise idée.
Les graphiques et l’environnement sonore sont bien, sans plus. Malheureusement, l’environnement est généralement très sombre, ce qui n’aide pas à la facture graphique du jeu.
Guayota saura plaire aux plus grands amateurs de casse-têtes qui ne s’en font pas trop avec le narratif ou le contexte. Pour les plus curieux de l’histoire des îles Canaries ou pour ceux qui apprécient une progression plus marquée, malheureusement, ce sera raté.
J’aime
-
- Le contexte et la prémisse du jeu qui ont beaucoup de potentiel
- Les casse-têtes qui demanderont réflexion et agilité
J’aime moins
- La mécanique du monde de lumière et d’ombre
- La progression lente
- Le manque de diversité des casse-têtes
- L’histoire qui ne se dévoile pas suffisamment rapidement
La copie de Guayota a été fournie par Dear Villager.
Guayota
Scénario
Graphisme
Bande sonore
Jouabilité
Durée de vie
Amer casse-tête
Guayota partait d’une excellente idée dans un contexte inédit et prometteur. Malheureusement, certaines décisions en termes de mécanique de jeu viennent gâcher le portrait. De ne pas pouvoir recommencer les casse-têtes du monde de lumière et d’être obligé d’en faire un autre plus difficile si l’on échoue une première fois est agaçant au possible. L’histoire, qui devrait mener toute l’expérience du jeu, s’assemble si lentement qu’on en perd l’intérêt. Dommage pour ce jeu qu’on aurait tant aimé apprécier.