Lors de mon expérience au Northern Arena Showdown (notre article), j’ai eu la chance de pouvoir interviewer Carl-Edwin Michel, le président et fondateur de l’événement. M. Michel est bien connu du public québécois, étant journaliste technologique à la télévision et sur le web. Malgré un horaire très chargé, il s’est montré d’une grande générosité dans son temps et dans ses réponses. Voici donc la discussion que nous avons eue.
(Geekbecois) Pouvez-vous nous décrire brièvement le développement du concept de Northern Arena ?
(Carl-Edwin Michel) Northern Arena est une idée que j’ai eue il y a quelques années. J’étais déjà un grand fan de Twitch et de retransmission de jeux vidéo en direct. Par contre, je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas de compétition de sport électronique d’envergure au Canada. Je me suis dit que ce serait une belle opportunité de le faire découvrir aux spectateurs canadiens. À cette époque, j’étais producteur du Canadian Video Game Awards, le gala de remise de prix aux développeurs canadiens, et j’ai eu l’idée de lancer une compétition de Counter Strike. Les gens me croyaient fou de me lancer dans cette aventure, mais nous avons réussi à attirer plus de 500 000 spectateurs en ligne. À cette époque, il y avait peu d’équipes de joueurs professionnels de esport, mais notre événement a tout de même fonctionné. Nous avons donc fait un deuxième événement l’année suivante à Toronto où cette fois-ci nous avons eu plus de deux millions de spectateurs. Au mois de novembre 2016, nous avons tenu un événement au Centre Bell où environ 3 000 à 4 000 personnes se sont déplacées sur place, mais plus de 22 millions de spectateurs en ligne nous ont suivi. Ceci a attiré plusieurs nouvelles équipes qui se sont jointes à Northern Arena. Ce qui au départ devait être un simple petit projet a pris beaucoup d’ampleur.
Pensez-vous que l’engouement pour le esport au Canada pourrait atteindre le même niveau que dans certains pays, comme la Corée du Sud ?
Je ne crois pas que la popularité va dépasser celle du hockey (rires). Par contre, je crois que le sport électronique va gagner en popularité avec le temps, autant au niveau des joueurs que des spectateurs. Notre objectif est de faire connaître le sport électronique au Canada et de lui donner de la crédibilité.
Quel est selon vous le secret d’une équipe gagnante dans le domaine du esport ?
C’est une bonne question. Je crois que ce qui fait une équipe gagnante est leur organisation et leur support. Il est nécessaire d’avoir du support au niveau financier et de savoir bien s’entourer afin que les joueurs puissent se concentrer sur le jeu et non sur l’administration. Notre organisation s’occupe de leur déplacement, du logis et de la nourriture lors des compétitions. Certaines équipes viennent d’ailleurs dans le monde et arriver au Canada peut être un choc pour eux, surtout en hiver.
Nous voyons récemment un retour de la mode du rétro dans le monde du jeu vidéo. Croyez-vous qu’il pourrait y avoir des compétitions de jeux moins récents dans un avenir prochain ?
Certains jeux comme Counter Strike ont maintenant plus de dix ans et nous organisons encore des compétitions. Cependant, pour le jeu rétro il pourrait avoir certains jeux qui fonctionneraient en compétition, mais ce qui fera la différence est s’il y a une communauté qui supporte le jeu. Par exemple, nous avons organisé une compétition de Super Smash Bros. Melee cet été. Malgré que le jeu ne soit pas du tout supporté par Nintendo, son engouement auprès des joueurs encore aujourd’hui a fait de l’événement un succès. Nous avons cependant eu de la difficulté à trouver des écrans cathodiques pour bien afficher le jeu ! (rires)
Console ou PC Master Race ?
(Rires) Si on regarde dans certaines parties du monde comme en Asie ou en Europe, pratiquement toutes les compétitions se font sur PC. En Amérique du Nord, nous sommes probablement la seule région où les consoles dominent, malgré que plusieurs compétitions se font sur PC, comme les MOBA. Personnellement, je suis un joueur sur consoles, malgré que je joue beaucoup moins qu’avant par manque de temps. Cette année a été excellente au niveau des jeux vidéo. La Nintendo Switch a été mon coup de coeur, en particulier The Legend of Zelda : Breath of the Wild, car elle permet le jeu en déplacement, et je joue beaucoup à Super Mario Odyssey avec mon petit garçon de quatre ans. Mon jeu de l’année 2017 aura été Resident Evil VII. J’ai toujours été un grand fan de cette franchise et jouer en VR a été toute une expérience !
Quels conseils pourriez-vous donner à quelqu’un qui souhaiterait se lancer dans la compétition du sport électronique ?
En ce moment au Canada, nous n’avons pas de plateformes pour aider les jeunes joueurs qui souhaiteraient entrer en compétition. Il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus malheureusement. Il est important de persévérer et de se faire connaître. Les réseaux sociaux sont d’excellents outils pour se faire valoir et il ne faut pas avoir peur de publier ses exploits car si on ne le fait pas, personne le fera pour nous. Aussi, si un joueur entend parler qu’une équipe se forme, il ne faut pas hésiter à aller frapper à leur porte afin de se faire recruter. Notre organisation tente par plusieurs moyens d’aider ces jeunes aspirants, mais vu le manque de structures établies en ce moment, il est important qu’ils tentent de se frayer un chemin par eux-mêmes.