Quatre ans après la sortie du premier volet, Arkane Studios nous revient en force avec Dishonored 2, lancé le 11 novembre 2016.
Lors de sa sortie en 2012, Dishonored a raflé plusieurs prix, dont celui du Jeu de l’année 2012 par les Spike Video Game Awards. En résumé, on incarne le rôle de Corvo Attano, le garde du corps attitré de l’Impératrice des Îles, Jessamine Kaldwin. Celle-ci est assassinée par Daud, son enfant Emily se fait kidnapper, et on est faussement accusé d’avoir planifié ce coup d’État. Armé de pouvoirs offerts par l’Outsider, un puissant être surnaturel qui n’est ni bon ni mauvais, on se retrouve en quête de vengeance dans cette ville corrompue et frappée par une épidémie de peste.
Non seulement le jeu de base se classe, à mon avis, parmi les meilleurs de son genre, mais ses contenus téléchargeables sont parvenus à hisser la barre encore plus haut. On y incarne Daud, l’assassin le plus redouté des Îles. Son récit complète l’histoire principale avec brio, et ses pouvoirs surnaturels sont encore plus amusants à utiliser que ceux de Corvo. D’ailleurs, il est impératif d’y jouer afin de comprendre l’importance de certains personnages, dont Delilah et Anton Sokolov, pour n’en nommer que deux.
Avec le premier opus ayant été encensé par la critique, Dishonored 2 peut-il surpasser la qualité de son prédécesseur ?
Il était deux fois…
Le récit débute à Dunwall, 15 ans après les événements du premier jeu. Emily Kaldwin, maintenant Impératrice des Îles, revient d’un voyage. La cérémonie de commémoration annuelle de sa défunte mère, Jessamine, est sur le point de s’amorcer. Plusieurs gardes l’accueillent chaleureusement, dont Corvo. Là où leur lien de parenté est plutôt sous-entendu dans Dishonored, il est maintenant bien établi.
La cérémonie est brusquement interrompue par une visite inattendue de Delilah Copperspoon, une sorcière redoutable. Proclamant être la sœur de Jessamine, elle s’empare du trône de force. Une bagarre survient, puis on se retrouve à choisir entre Emily et Corvo, qui demeura notre personnage jusqu’à la fin.
Pour ma première partie, je choisis Emily. Je trouve plus logique de débuter l’aventure avec elle, puisque Corvo a grandi à Karnaca, la villle où se déroule sept des neuf missions du jeu. Je veux être familière avec les lieux quand je jouerai avec lui. La personne que l’on n’a pas sélectionné est donc pétrifiée par Delilah, et on se retrouve emprisonné dans une des pièces du palais. Avec des fenêtres ouvertes.
Une fois que l’on parvient à s’enfuir, on rejoint Meagan Foster, la capitaine du navire The Dreadful Wale. L’actrice lui prêtant sa voix n’est nulle autre que Rosario Dawson, notamment connue pour son rôle de Claire Temple dans la série Daredevil. On quitte ensuite Dunwall pour se rendre à Karnaca dans le but de trouver les aautres personnes responsables de ce deuxième coup d’État.
Bienvenue à Karnaca
Ce qui me frappe le plus quand je pose le pied pour la première fois dans la capitale est l’atmosphère captivante.
En débarquant sur le quai, on voit des dizaines de civils vaquer à leurs occupations. Il y a des marchands, des poissonniers, des marins, on entend des femmes rirent aux éclats en arrière-plan… Certains ont des discussions enflammées, d’autres jouent passionnément aux dés, bref, la ville est très animée. L’ambiance est définitivement réussie. C’est en grand contraste avec le premier opus, où les ravages de la peste font en sorte que croiser des citoyens est assez rare. À moins qu’ils soient morts.
Ceci dit, la présence d’autant d’habitants neutres nous permet d’explorer les niveaux plus librement. Là où il faut constamment être sur ses gardes dans le premier jeu, on peut respirer davantage dans celui-ci si l’on adopte une approche plus furtive. En effet, tant qu’on ne transporte pas le corps (mort ou inconscient) de quelqu’un ou qu’on ne commet pas d’actions violentes envers les passants, se promener parmi eux ne compte pas comme une détection.
La ville possède beaucoup de verticalité. Il y a plusieurs appartements, boutiques et passages à explorer. Quand la mission se déroule à l’intérieur d’un immeuble, il y a toujours beaucoup d’étages et de pièces à visiter. Je suis du type à vouloir toujours tout explorer, à fouiller les moindres racoins pour être certaine de ne rien manquer. Les niveaux sont bien garnis. Toutefois, à quelques reprises, je me suis surprise à m’impatienter et à me dépêcher pour les terminer. En moyenne, j’ai complété chaque mission en trois heures et demi lors de ma première partie.
Des possibilités infinies
La franchise est réputée pour l’éventail des options qu’elle offre aux joueurs. On peut finir le jeu en massacrant tout ce qui se trouve sur notre passage ou en ne tuant personne. Une amélioration significative du premier volet est l’ajout de méthodes pacifiques en ce qui attrait au combat.
Par exemple, il est maintenant possible d’exécuter des « drop assassinations » sans tuer la victime. On peut assommer nos assaillants en plein comabt corps-à-corps. Aussi, pour ceux qui désirent jouer furtivement, on peut consulter la page des statistiques dans le menu des options à tout moment. Il n’est plus nécessaire d’attendre à la fin du niveau avant de savoir si l’on a bel et bien été détecté, ou si quelqu’un est mort « par accident ».
Les boutiques du marché noir donnent accès à plusieurs améliorations pour notre équipement. Il faut toutefois trouver les plans (« blueprints ») appropriés pour les débloquer. Bref, on ne manque de rien pour parvenir à nos fins.
Le système de chaos
Nul besoin de préciser qu’il faut plus d’une partie pour apprécier le jeu à sa juste valeur. Eh oui : le système de chaos est évidemment de retour, et au grand bonheur de tous, il a été perfectionné. Pour ceux qui ne sont pas familier avec ce système, plus on fait de victimes, plus le niveau de chaos s’accroît, et plus le résultat final est sombre et négatif. À l’opposé, plus on gère les ennemis de manière pacifique, plus la fin est positive et optimiste. Comment cela affecte-t-il le déroulement des événements ? C’est là que l’on expérience Dishonored 2 dans toute sa splendeur.
Le chaos modifie autant le dialogue des personnages que les environnements. Karnaca est réputée pour son infestation de mouches sanguines (« bloodflies »). Ces insectes répugnants font leur nid dans les cadavres et se multiplient à une vitesse fulgurante. Dès qu’elles sont au moins en groupe de trois, ces bestioles attaquent tout être vivant qui ose s’aventurer près d’elles. Si vous souffrez de trypophobie, ce jeu vous semblera être un véritable cauchemar.
En outre, lorsqu’on choisit la voie chaotique, Emily et Corvo lancent des commentaires très violents. Un exemple qui m’a marqué est quand j’ai croisé un piano à queue et qu’Emily, la voix remplie de haine, a dit qu’elle étranglerait la moitié de la population avec les cordes de ce piano si elle en avait la chance. J’en profite pour ajouter que les protagonistes ont maintenant une voix au lieu d’être muet ! D’ailleurs, Stephen Russell, qui a marqué les joueurs en prêtant sa voix à Garrett dans la franchise Thief, incarne le personnage de Corvo.
Des niveaux au concept unique
Il y a donc des répercussions pour chaque action que l’on commet. Ces répercussions se remarquent le plus dans la septième mission. Il faut explorer le manoir décrépi d’Aramis Stilton afin de trouver pourquoi et comment Delilah est devenue aussi puissante. Pour se promener dans le manoir, il faut utiliser un « Timepiece » – un mécanisme nous permettant d’alterner entre le passé et le présent.
On est également démunis de tous nos pouvoirs. Les décisions que l’on prend dans le passé crée un effet papillon dans le présent. Cette mission est remplie de surprises. Elle pourrait à elle seule constituer le concept de base d’un tout nouveau jeu. Lorsqu’on est dans le présent, on entend les sifflements des gardes du passé en écho. Ce segment du jeu est une véritable réussite.
La quatrième mission est située dans le Manoir Mécanique de Kirin Jindosh, un brillant inventeur. Chaque fois que l’on actionne un levier, les murs et les planchers se métamorphosent. Regarder ces transformations se produire sous nos yeux est absolument fascinant.
De plus, c’est dans ce niveau que l’on rencontre les ennemis les plus redoutables du jeu : les Soldats Mécaniques. Ils patrouillent les nombreuses pièces et les différents couloirs du manoir. Ils peuvent détecter les intrus qui se trouvent à la fois devant et derrière eux. Rapides, agiles et difficiles à détruire ou à éviter, ils représentent une menace réelle dans tous les aspects. Leur design est tout simplement génial.
Des pouvoirs surnaturels addictifs
Pour débloquer et améliorer nos pouvoirs, il faut récolter des Runes. Les habiletés diffèrent selon le personnage qu’on a sélectionné au début du récit. Emily et Corvo peuvent se téléporter à l’aide de « Far Reach » et de « Blink », respectivement. La ligne de téléportation d’Emily forme un arc qui rend la moitié des déplacements ardue. J’ai souvent de la difficulté à bien viser un rebord qui est bien plus haut que moi. Avec Corvo, je n’ai jamais ce problème.
« Shadow Walk » permet au joueur de se transformer en ombre pouvant éliminer toute victime avec facilité. À cet égard, les amateurs de gore ne seront pas déçus par Dishonored 2. Les développeurs ne se sont pas retenus pour intégrer des exécutions violentes. Il est possible d’augmenter la fréquence des animations sanglantes dans les options du jeu. C’est ainsi que je me suis retrouvée à contempler le visage terrorisé de mes victimes, une seconde avant que je m’empare de leur dernier souffle de vie. La proximité est si frappante que ça en devient intime… voire appétissant.
Domino permet de lier deux personnes (ou plus si on améliore le pouvoir) pour qu’elles subissent le même sort. Cela peut parfois donner des résulats, disons, inattendus. Avec Doppelgänger, on peut invoquer une copie de soi-même. J’ai développé une véritable passion pour le fait d’envoyer mon double en mission suicide. En effet, chaque fois que je fais apparaître un clône, je lui colle une grenade dessus. Emily n° 2 court alors vers les ennemis, puis KABOOM ! Plus d’ennemis !
En ce qui concerne le reste des pouvoirs, je vous laisse les découvrir par vous-mêmes !
Des dizaines de façons de jouer
Vous voulez causer un génocide ? C’est possible. Vous voulez tuer seulement ceux qui le méritent ? Aussi possible. L’Outsider nous donne un cœur qui contient l’âme de Jessamine Kaldwin. Lorsqu’on utilise ce cœur sur des citoyens, son esprit nous révèle leurs plus grands secrets. On peut ainsi déterminer qui mérite de rester en vie et qui mérite de périr. Vous voulez n’être qu’une ombre, compléter le jeu sans que personne ne vous voit ? Possible ! Vous voulez jouer sans aucun pouvoir ? Eh oui : possible. Il vous suffit simplement de refuser l’offre de l’Outsider lors de votre première rencontre avec lui. Vous voulez former une montagne de cadavres ? Vous le pouvez.
Les points plus négatifs
D’abord, le lancement été quelque peu catastrophique. Plusieurs joueurs ont demandé à se faire rembourser dû aux nombreux problèmes techniques et graphiques sur PC.
Il y a des chutes marquées de l’affichage des images par seconde. Les mouvements de la souris sont instables. Certains bogues nécessitent un redémarrage du jeu. D’autres nous font tomber au travers de la map. Les complications s’accumulent, nuisant considérablement à l’expérience vidéoludique. Cependant, elles n’affectent pas tous les joueurs : certains peuvent rouler le jeu sans aucun souci alors que d’autres ne peuvent même pas le démarrer.
Ensuite, Billy Lush, l’acteur qui faisait la voix de l’Outsider dans le premier jeu, a été remplacé par Robin Lord Taylor. Son interprétation du Pingouin dans Gotham est tout à fait admirable, mais dans ce rôle-ci, il me laisse de glace. Dans le premier opus, l’Outsider m’intriguait grandement. Sa voix particulière s’agençait bien avec sa personnalité. J’avais toujours hâte de le rencontrer. Dans Dishonored 2, je trouve ses interventions non pertinentes. On en apprend enfin sur son passé, mais son histoire n’est que brièvement survolée, et en plus, elle est décevante.
On en apprend aussi davantage sur le passé de Delilah, l’antagoniste principale, mais j’ai senti qu’on voulait forcer le joueur à éprouver de la compassion envers elle. À chacune de ses interventions, elle répète encore et encore la même histoire. Malheureusement, ça n’a provoqué que de l’agacement dans mon cas. Elle ne fait aucunement pitié.
La cinématique finale est trop courte et mal exécutée à mon goût. En haut chaos, on nous révèle une information capitale à la toute fin, mais qui provoque un effet anti-climatique due à la manière dont ça nous est présenté. C’est une information qui n’a également aucune importance pour ceux qui n’ont pas joué au premier jeu.
En conclusion
Dishonored 2 est un jeu dont le design brillant est malheureusement camouflé par de nombreuses couches de problèmes techniques.
Les ennemis sont beaucoup plus conscients de leur environnement que dans le premier jeu. Par exemple, si on laisse des portes ouvertes alors qu’elles étaient fermées, ils le remarquent et deviennent plus alertes. S’ils sont à notre recherche, ils lèvent maintenant la tête pour voir si on est au-dessus d’eux.
Le choix des acteurs est sublime. On retrouve entre autres Vincent D’Onofrio en tant que Duc de Serkonos. Il est notamment connu pour son terrifiant rôle de Fisk dans Daredevil. À notre grand bonheur, on peut écouter ses élucubrations au travers des hauts-parleurs installés un peu partout dans la capitale.
Il y a un nouveau système d’artisanat avec les « bonecharms » – des charmes que l’on peut équiper pour obtenir des bonus variés. Celui-ci est très amusant et offre beaucoup de nouvelles possibilités dans la jouabilité.
En bref, devriez-vous acheter Dishonored 2 ? Définitivement. Devriez-vous le faire maintenant ? Absolument pas. Malgré les quelques mises à jour déjà effectuées depuis sa sortie, le jeu n’est toujours pas dans un état optimal. Toutefois, cela ne m’empêche pas de dire que malgré ses défauts, il mérite d’être considéré comme l’un des meilleurs jeux de la décennie.
Dishonored 2 est disponible sur Steam, Xbox One et PS4.
Dishonored 2
Scénario
Graphismes
Bande sonore
Jouabilité
Durée de vie
Très bien !
Je l'avoue : ça me brise le cœur de ne pas pouvoir donner 5 étoiles à Dishonored 2. Même si le jeu a des concepts extrêmement originaux, une atmosphère qui donne des frissons et un design de niveaux quasi impeccable, la faiblesse du scénario ainsi que les problèmes techniques viennent grandement empiéter sur ce qui aurait plus être un chef-d'œuvre. Je conseille donc d'attendre encore quelques semaines avant de vous le procurer afin que votre expérience de jeu soit optimale.
L’histoire de l’Outsider ? Décevante ? On n’a clairement pas les même goûts.
Moi je suis toujours pressée de le voir et d’écouter sa narration. C’est même ma principale motivation dans chaque chapitre : l’autel de l’Outsider ! x)
Arrêtez de comparer l’Outsider du premier opus et celui du deuxième, c’est chiant ! Sérieux, si les devs ont changé la façon d’être du personnage, c’est bien pour une raison. Ils ont peut-être remarqué que l’image qu’ils lui avaient donné au départ ne correspondait pas à celle qu’ils voulaient laisser transparaitre.
Bref, j’ai juste adoré ce jeu ! Et comme je suis bon public, je lui mets volontiers 6 étoiles sur 5. xD