Non mais avouez que ce serait à la fois drôle et fascinant d’entendre quelques super héros à la retraite réunis autour d’une (juste une ? bien sûr, oui, c’est ça !) bonne bière en train de raconter de quelle admirable façon ils ont empêché certains vilains de détruire l’univers ou simplement de s’emparer de la planète à notre insu…
Eh bien voici ce que nous propose Dernier Épisode (des productions Katharsis) : devenir un de ces has been dans une taverne en train de relater à ses comparses, eux aussi ex super héros, comment ils sont arrivés à déjouer quelques plans machiavéliques. Imaginez un peu la scène : on se contredit, on s’obstine, on s’accuse, on a du plaisir et on rit.
Ce n’est pas un jeu conventionnel, je vous l’accorde, mais c’est amusant parfois de faire les choses de façon différentes et d’essayer d’inventer et d’entendre les histoires loufoques créées par nos amis. Certains ont beaucoup plus d’imagination qu’on aurait pu le croire et qu’ils auraient pu le croire eux-mêmes. Ce que je veux dire par là, c’est que ce n’est pas toujours ceux qu’on s’imagine qui sont les meilleurs à ce jeu fascinant.
Je pense que ce jeu trouverait habilement sa place dans les classes d’art dramatique dans nos écoles secondaires, si seulement les écoles secondaires avaient le budget d’avoir du matériel de qualité – mais ça c’est une autre histoire et je ne peux me lancer dans un débat à ce sujet…
La boîte et son contenu
La boîte, en plus d’être attrayante de par ses dessins et ses couleurs, est d’un format assez pratique et n’est pas, comme plusieurs autres, surdimensionnée occasionnant une perte d’espace considérable, inutile et anti-écologique. Elle contient 20 cartes Origine, 20 cartes Superpouvoir, 20 cartes Supervilain, 20 cartes Finale, 60 jetons Image, 18 jetons Interaction, 1 sac de tissus et 1 sablier.
Cartes Origine
Les cartes Origine indiquent d’où provient le super héros ou comment il a obtenu ses superpouvoirs. Parmi mes préférées, on retrouve :
- Clone de Jésus
- Venu d’une autre galaxie
- Orphelin mutant
- et la grande vainqueur : allaité par une licorne
Légère déception ici ; toutes les cartes Origine sont représentées par le même dessin. Il est vrai que toutes les cartes Superpouvoir et les Supervilain sont différentes et que ça commence à faire du dessin. Sans compter que ce n’est pas évident de représenter la plupart d’entre elles. Donnons-leur une chance.
Cartes Superpouvoir
Vous ne devinerez jamais à quoi servent les cartes Superpouvoir. Elles vont spécifier le superpouvoir du super héros. (Sans blague !) Il y en a des classiques telles que :
- Invisibilité
- Téléportation
- Super vitesse
- Super force
et des plus amusantes telles que :
- Pyromancien
- Voix hypnotique
- Contrôle du temps
- Contrôle végétal
Cartes Supervilain
Elles sont plus grosses, elles sont plus belles et avec des dessins plus attrayants : ce sont les cartes Supervilain. Sans farce, elles sont superbes. Elles révèlent le nom du supervilain, un dessin qui le représente, la valeur de la carte en points d’héroïsme et un choix de deux conspirations. Leurs noms sont déjà originaux et intéressants, mais ce n’est rien à côté de leurs plans machiavéliques ! Choisir les plus drôles est assez difficile, car il y en a trop. Voici quand même mon top 5 :
- Aquaflaque : Organiser des combats de homards illégaux ou noyer un héros dans une flaque d’eau
- Végéto : Imposer la photosynthèse ou inverser la chaîne alimentaire
- Obscurantor : Faire triompher le créationnisme ou éradiquer l’éducation
- Princesse Facista : Instaurer la nanocratie ou amputer les gauchers
- Cassoulette : Faire pleurer les enfants ou prendre en otage le congrès mondial des clowns
Cartes Finale
Les cartes Finale arrivent, comme leur nom l’indique, à la fin du jeu. Elles servent à expliquer ce que le super héros est devenu à la fin de sa carrière, dans quelles conditions il a pris sa retraite. Tout comme les cartes superpouvoir, certaines sont drôles et d’autres plus classiques. Voici quelques exemples que je vous laisse le soin de les classer dans la catégorie qui vous chante :
- Devenu prof d’autodéfense
- Oublié de tous
- Coupable de trahison
- Millionnaire grâce à ses produits dérivés
- Glorifié par les poètes
- Accident de sécheuse
Jetons Image
Les jetons Image donnent un niveau de difficulté au jeu, puisque les joueurs doivent intégrer dans leur histoire des éléments qui n’ont absolument rien à voir avec les cartes choisies. Le nombre de points de victoires de chaque carte supervilain correspond au nombre de jetons à piger pour raconter le récit.
Jetons Interaction
Aussi surprenant que ça puisse paraître, les jetons interaction servent à interagir dans les histoires des autres. Je sais que c’est mélangeant, mais on arrive à s’y retrouver, ne vous inquiétez pas. Chaque joueur reçoit, en début de partie, 3 de ces jetons.
- L’un d’entre eux sert à ajouter un niveau de difficulté au joueur actif en lui imposant un jeton Image supplémentaire. Il doit incorporer un élément de plus au récit dans les mêmes délais.
- Un autre sert à contredire le joueur actif en affirmant que ce n’est pas lui qui a accompli l’acte d’héroïsme dont il est question, mais celui qui envoie le jeton. Il doit à ce moment retourner le sablier et les jetons Image pour raconter sa version de l’histoire avec les mêmes conditions.
- Le dernier sert lui aussi à contredire le joueur actif en affirmant cette fois-ci qu’il n’a pas réussi l’exploit en question, que le supervilain a gagné. Il doit lui aussi retourner le sablier et les jetons Image pour raconter sa version de l’histoire avec les mêmes conditions.
Sac de tissus et sablier
Le sac de tissus sert à la pige des jetons Images et le sablier sert à limiter les récits dans le temps question de « faire des histoires courtes » : 2 minutes et 5 secondes bien chronométrées. Vous croyez que c’est rapide ? Oh que oui. Compte tenu de tout ce que nous avons à incorporer dans notre exposé, ça passe vite.
Comment on y joue ?
Origine
On commence par distribuer deux cartes « Origine » ainsi que deux cartes « Super pouvoir » à tout le monde et chacun doit en choisir une de chaque. Le premier tour de jeu débute ainsi. Les joueurs expliquent un à un l’origine de leur super héros : son nom, d’où il vient, comment il a acquis ses super pouvoirs, etc. Il a deux minutes top chrono pour mettre en place son personnage. Ce tour est somme toute bien tranquille et ne sert qu’à introduire les protagonistes. Il n’y a pas de points à amasser tout de suite, pas d’interactions possibles ; du simple rodage.
Péripéties
Ensuite, l’action commence : on retourne deux ou trois cartes de vilains au centre de la table (dépendamment du nombre de joueurs). Le premier joueur choisi l’une d’entre elles, pige le nombre de jetons image correspondant, choisi également un des deux plans machiavéliques et commence son récit en racontant comment il a réussi à le neutraliser.
Interactions
Ça ne semble pas si complexe vous me direz… Peut-être, mais là où ça se corse, c’est quand les jetons Interaction entrent en jeu. À la fin du récit du combat avec chaque vilain, suites à ce que tous les joueurs aient utilisé leurs jetons Interaction si désiré, l’ensemble des joueurs votent pour la meilleure histoire et le vainqueur remporte la carte ainsi que les points qui s’y rattachent.
Finale
Dès qu’un joueur a réussi à obtenir deux ou trois cartes supervilain (dépendamment du nombre de joueurs) il peut s’il le désire déclencher la phase finale. Lorsqu’il déclenche la phase finale, il pige trois cartes Finale et en choisit une qu’il devra intégrer à sa dernière histoire. Les jetons Image et Interaction sont utilisés de la même façon que lors des péripéties et tous les joueurs, à tour de rôle, raconte la finale de leur super héros. Celui qui a le plus de points d’héroïsme gagne la partie.
Variantes
Ce jeu se veut très polyvalent et peut être modifié à notre guise. On est encouragé à y modifié les règles à notre convenance et certaines variantes sont suggérées pour aider à laisser aller notre imagination. Il s’adresse à la base à un public 3 à 6 joueurs de 8 ans et plus, mais il peut être adapté pour davantage de joueurs et pourrait aussi selon moi être modifié légèrement pour y jouer dès 6 ans. Une partie peut durer entre 30 et 90 minutes.
Bref
On aime
- Un bon jeu pour les amateurs d’improvisation d’histoires farfelues qui aiment les super héros et qui n’ont pas peur du ridicule.
- Les dessins et le côté attrayant de la boîte et des cartes
- Le thème des super héros
- L’originalité : c’est un jeu différent de ce que nous sommes habitués à voir
- Nous sort de notre zone de confort
On aime moins
- Pas assez de jetons Interaction
- Quand on y joue beaucoup, on a rapidement fait le tour des différentes cartes Origine, Superpouvoir, Supervilain et Finale (une extension paraîtra sous peu !)
- Nous sort de notre zone de confort (oui, oui, je sais, j’hésitais entre « c’est un point positif » et « c’est un point négatif », alors voilà…)
Disponible directement sur le site de l’éditeur pour 35$ : Les Productions Katharsis
Dernier Épisode
Qualité des matériaux, design du jeu et graphisme
Originalité, thème et plaisir de jouer
Stratégie, complexité, réflexion et contrôle
Interactivité, convivialité
Logique, réalisme et fluidité
Inspirant
Un jeu d'improvisation à thème de super héros : avoir du plaisir sans trop se prendre au sérieux !