crédit photo Tiphaine Monsaingeon
Comic Con France à La Grande Halle de la Villette, Paris, le samedi 27 octobre 2018 - crédit photo Tiphaine Monsaingeon

Comic Con Paris 2018 : bons baisers de France

Ce weekend, c’était la quatrième édition du Comic Con Paris, dans la grande Halle de la Villette. J’ai eu l’opportunité et l’immense privilège de m’y rendre pour vous, lecteurs, et me revoilà derrière votre écran, pour vous faire un compte-rendu de tout ce que j’y a vu, vécu, adoré, détesté, et tout le reste.

Vendredi

Nous sommes le vendredi 26 octobre 2018, 18h et des poussières, et je profite de ma dernière heure comme journaliste officielle à la quatrième édition du Comic Con Paris 2018 pour écrire mes premières impressions.

J’avoue ne pas avoir vu grand chose de l’esplanade centrale de la Villette aujourd’hui, mais c’est parce que j’ai prévu d’y revenir demain en touriste, avec une amie. Le shopping devra attendre. Aujourd’hui, j’ai sauté de conférences en conférences, harcelé tous les cosplayeurs que je voyais, et secoué mon bracelet magique à qui mieux mieux, avec une fierté et une suffisance que je ne me connaissais pas.

J’ai fais la queue, arpenté les lieux, piétiné, tourné en rond, et tout ça pour quoi ? Pour une quatrième convention toujours aussi décevante. Quoique différemment décevante, je le reconnais tout à fait. Il y a quatre ans, c’était trop bricolé, il y a trois ans trop japonais, il y a deux ans, c’était trop commercial, et cette année…

crédit photo Tiphaine Monsaingeon
Passe média du vendredi – crédit photo Tiphaine Monsaingeon

Le bon, le mauvais, et l’entre deux

Oh il y a de bonnes choses, de très bonnes choses. Le programme était alléchant, entre politique, actualité, création artistique et rencontres entre créateurs et fans, avec cette année, tellement plus d’invités de marque que les années précédentes. Après quatre éditions, le Comic Con Paris commence enfin à être reconnu, apprécie, et de fait, attrayant autant pour son public que pour les exposants.

Des bulles partout

Cette année était vraiment placée sous le signe de la nouvelle graphique. Oui, je sais, dans Comic Con, il y a « comic », mais pour une fois, l’appellation fut prise au pied de la lettre. Toutes les plus grandes éditions françaises avaient des stands, Glénat, Bliss Comics, Panini Comics, Hachette Heroes, Urban Comics, plus quelques petits nouveaux à la convention, tels que Bubble Comics, Snorguleux Comics, ou Central Comics.

Sur la mezzanine, on retrouvait Delcourt, ainsi qu’une multitude de boutiques spécialisées, et l’allée des artistes accueillait comme chaque année des créateurs de tous horizons. Des fans, beaucoup de fans, des quatre coins du monde, mais aussi des artistes français, beaucoup proposant leurs propres héros, et petite pépite à peine dissimulée, Lee Garbett, un illustrateur familier de DC, Marvel, et particulièrement reconnu en ce moment pour son travail sur Lucifer et Loki : Agent of Asgard.

Coups de coeur

Vu l’absence de monde vendredi, j’ai eu l’immense chance et honneur de pouvoir m’asseoir à côté de lui et de discuter du comic qu’il venait représenter. Entre deux dédicaces pour des fans ayant acheté des comics illustrés de sa main, trouvés dans d’autres kiosques, il me présente son projet le plus récent. Avec un scénario et des personnages complètement originaux, Skyward est une petite perle qui mérite d’être découverte et soutenue. On y suit les aventures de Willa, fille d’un scientifique, sur une Terre au bord de l’implosion, où la gravité a soudainement disparu. Attachant, brillant, inattendu, c’est mon premier coup de cœur de la saison.

Couverture de la compilation des cinq premiers tomes de « Skyward », dédicacée par son illustrateur Lee Garrett – crédit photo Tiphaine Monsaingeon

Mon deuxième coup de cœur vient de Bliss Comics, qui traduit un petit chef d’oeuvre initié par Marc Andreyka et l’éditeur américain IDW Publishing, avec l’aide de DC Comics. Il s’agit d’un recueil composés par plusieurs dizaines de créateurs, intitulé Love is Love, en réponse aux événements atroces de l’attentat du 12 juin 2016 à Orlando. On y a de tout, et de toutes les couleurs, cris de douleur et d’espoir, fierté, tendresse et solidarité, venant de partout, tous animé par le même désir de rendre hommage aux victimes et de lutter avec eux contre l’homophobie et les atrocités qu’elle enclenche.

Le mauvais

Que j’étais heureuse de découvrir ces odes à la différence, qu’elle soit ethnique, du genre, ou due au handicap. Entre ça et le choix délibéré de la convention de rendre hommage aux femmes du genre en les mettant en avant comme visuel de cette édition, c’était pleine d’espoir que je planifiais de me rendre à des conférences comme La diversité dans les comics ou La lutte contre le harcèlement dans le dessin animé.

Tournons autour du pot en chantant la capucine

Bon. Je crois que vous avez déjà une petite idée de ce que je vais vous dire. C’était nul. Pas uniquement décevant ou mal fichu, juste nul. Sans aucune substance. Les vrais sujets de fond qui auraient dû être discutés ont sans doute été vaguement évoqués, mais au final, à chaque fois, s’est répété le même discours démagogique et approximatif, ce qui était d’autant plus déplorable que les intervenants étaient sans aucun doute des personnes compétentes.

J’ai commencé par me dire que le format de 45 minutes devait y être pour quelque chose, empêchant un travail de profondeur, mais il ne me fallut pas longtemps pour me rendre compte que ce n’était vraiment pas le problème. En fait, je soupçonne même les organisateurs d’avoir délibérément choisit d’accorder un temps aussi ridiculement court à des sujets aussi graves, afin de limiter les vagues, et de faciliter la vie des intervenants. Toutes mes questions furent soigneusement, mais sans aucune pudeur, ignorées ou détournées, et ce alors que j’étais une des (très) rares à oser prendre le micro.

Entre patriotisme, nationalisme et « je-m’en-foutisme »

Frustrée, mais décidée à en faire quelque chose de productif, j’enchaîne avec une conférence appelée Les super-héros français. Autant être honnête, je m’attendais déjà à une catastrophe. Mais connaissant l’importance de la francophonie au Québec, et intriguée malgré moi, je me suis rendue dans la gueule du loup. Et quarante-cinq minutes plus tard, je sentais enfin le poids du nationalisme de cette édition du Comic Con Paris.

"Le Garde Républicain" de Thierry Mornet
Cosplay du héros « Le Garde Républicain » de Thierry Mornet – crédit photo Tiphaine Monsaingeon

Je vous épargne tous les détails, mais pour faire court, un panel de quatre hommes blancs d’une quarantaine d’années, en auto édition, ne pouvait que mal tourner. Entre le Garde Républicain de Therry Mornet et sa croix de Lorraine, et Fox boy de Laurent Lefeuvre, un sale gosse antipathique coincé à Rennes, il s’agissait plus d’un concours de pisse qu’une réflexion réelle sur ce que le héros français devrait et pourrait être. En conclusion, tous se sont accordés à dire qu’ils n’écrivaient que pour le plaisir de créer des personnages et des histoires, qu’importe les codes, la nationalité, ou l’avis du public.

J’ai bien tenté d’évoquer la populaire Lady Bug (Miraculous : Ladybug) comme exemple, mais fut gentiment remise à ma place. C’est en sortant du panel, exaspérée, que je me suis rendue compte que le problème ne s’arrêtait pas dans cette salle. La plupart des intervenants avaient des kiosques permanents, la majorité des kiosques étaient des kiosques d’entreprises françaises, tout comme la majorité des artistes, ce qui me semblait plutôt positif, mais malheureusement, tous plus français que geeks ou fans.

Trop, c’est trop

Et au final, c’est l’extrême dans lequel cette édition du Comic Con Paris est tombée. Cette année, elle était trop professionnelle. Elle manquait de passions, de fans, de fandoms, il lui manquait la diversité et hétérogénéité des années précédentes. Et il y avait beaucoup trop de professionnels. Le résultat en a été que la culture japonaise était pratiquement inexistante, en dehors de quelques étalages de mauvais goût, que les kiosques de goodies se disputaient le public avec des créateurs faméliques présents en dédicaces, et qu’il manquait cruellement quoi que ce soit d’autre que du comic pur et dur.

Oui, il y avait un certain nombre d’avant-premières, et la présence honnêtement très appréciable de Frank Miller et Andy Kubert, mais même eux étaient là pour annoncer leur prochaine collaboration dans un nouveau comic. Il n’y avait presque rien concernant les séries et films, malgré la présence de plusieurs personnalités, de Jenna Coleman (Doctor Who), que je ne vous présente pas, à Eulyn Colette Hufkie, costumière de séries dont The Revenant et The Walking Dead.

Enfin, je sais bien que l’équilibre délicat entre les genres qu’est une convention ne s’atteint pas en quelques années à peine, et je ne perds pas espoir. Voir à quel point le Comic Con Paris a évolué durant ces dernières années me donne hâte de voir l’édition suivante, et la suivante, et de nous voir nous rapprocher toujours plus de ce qu’une convention sur la culture pop actuelle devrait être.

Idéalement, avec un peu plus d’espace à la réflexion au milieu de la consommation.

Samedi

La Grande Halle de la Villette est bondée. Il n’est pas possible de faire trois pas sans rentrer dans quelqu’un. Et pas possible d’en faire cinq sans voir un nouveau déguisement. Ce soir aura lieu la compétition de cosplay, la French Championship’s of Cosplay by MCM, avec à la clef, un billet vers Chicago pour représenter la France lors de la finale internationale.

Les gens sont venus de partout, et la frénésie est contagieuse. Je raccroche ma casquette de journaliste et savoure enfin ce pour quoi je suis venue. Je porte mon propre costume, je suis avec une amie, et je découvre enfin les kiosques du showroom. Enfin, pas tout à fait tous. Voyez-vous, trop occupée que j’étais à vous faire part de mes impressions, questions, et remarques, j’en ai oublié le meilleur.

Par exemple, comment, lors de la rencontre avec messieurs Miller et Kubert, j’ai sauvé la vie d’un fan arrivant à négocier une dédicace en lui lançant le stylo que j’utilisais pour prendre des notes. Le sourire complice que j’ai échangé avec Lee Garbett samedi, alors que le pauvre admettait être complètement dépassé par les demandes sans fins de ses fans. La discussion enflammée que j’ai eu avec une fan travaillant dans le milieu de l’animation, à la sortie de la conférence sur le harcèlement animée par Cartoon Network, après avoir provoqué des remous avec mes questions.

Et mieux encore, comment j’ai rencontré Josh Herdman, l’acteur de Goyle dans la saga Harry Potter. C’était sans doute la chose la plus inattendue du weekend. Je n’avais pas pris de place pour rencontrer une des nombreuses célébrités ayant répondu présente cette année, plus par manque de moyens financiers que par désintérêt, mais je le regrettais un peu. Une photo avec un visage connu est toujours un plus dans un article !

Glousser comme une ado

Harry Potter et les Reliques de la Mort part 2
Photo dédicacée par Josh Herdman, alias Goyle (franchise Harry Potter) – crédit photo Warner Bros.

C’était sans compter sur L’Armoire Geek, la première boutique dédiée au « fan goods » de France, qui, miraculeusement, avait réussi à inviter non seulement Adrian Rawlings, qui jouait James Potter, mais aussi Josh Herdman, absolument méconnaissable sans son uniforme, et avec ses tatouages et son sourire charmeur. Sautant sur l’occasion, j’ai découvert un mec terriblement sympathique, à l’opposé de son personnage, et vraiment craquant.

crédit photo Tiphaine Monsaingeon
Josh Herdman à la Comic Con de Paris – crédit photo Tiphaine Monsaingeon

Après avoir prit une photo et longuement discuté avec lui vendredi, je le recroise samedi, à l’exact même endroit, seulement cette fois c’est noyé dans la foule, avec une queue sans fin pour s’approcher de lui. Heureusement, il semble encore loin de la prédiction que je lui avais fait la veille, m’alarmant pour lui qu’il ait décidé d’être là les trois jours. Il avait l’air plutôt en forme quand il me reconnu et me serra la main, me rassurant, certes, mais faisant aussi fondre mon cœur.

Fichtre, je ne vais plus jamais être capable de regarder ces films de la même façon.

Un bref détour par une compétition de cosplay au résultat décevant malgré un jury d’exception, et nous avons enfin fini.

Dimanche

Ça y est, c’est fini. Je ne fais pas la journée d’aujourd’hui, je suis trop fatiguée. J’ai des ampoules aux pieds, des idées plein la tête, et le cerveau dans les chaussettes. Merci d’avoir lu mon article, merci de m’avoir suivi dans cette aventure palpitante.

Merci à tous les gens que j’ai croisé, en particulier ceux qui ont bien voulu poser pour moi, merci aux organisateurs et à leur équipe presse qui m’a rendu foi en l’humanité, et merci à tous les intervenants et autres professionnels présents, même si nous nous quittons avec des différents.

Rendez-vous l’année prochaine !

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Comic Con de Paris 2018 – crédit photo Tiphaine Monsaingeon

P.S. : Merci aussi à mon « cat-sitter » sans qui, rien de tout cela n’aurait été possible. Tu es mon héros.

À propos de Tiphaine Monsaingeon

Autrice, artiste, illustratrice, j'ai la langue bien pendue et la plume facile. J'aime parler de tout et j'ai une opinion sur tout. Ne vous inquiétez pas, elles sont basées sur des heures de recherches par pure curiosité!

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