Sorti en 2019, A Plague’s Tale : Innocence a été une des plus belles surprises de cette année-là. Les amateurs de jeux d’aventure et d’histoires médiévales ont mordu à belles dents dans l’épopée d’Amicia et de son petit frère Hugo dans une France décimée par une épidémie de peste et infestée par des millions de rats. On était loin des contes de chevaliers aux armures étincelantes et aux princesses à la chevelure tout droit sortie d’une publicité de Herbal Essence. L’univers de A Plague’s Tale est sale, oppressant et le désespoir est bien plus présent que la joie. Trois ans plus tard, nous avons enfin droit à la suite de leurs aventures dans A Plague’s Tale : Requiem. Ceux qui espéraient que l’avenir allait sourire à nos deux héros seront bien déçus, car le destin va continuer à s’acharner sur eux et sur leur contrée. Ceci n’est pas pour vous décourager, l’expérience de jeu y est fascinante, palpitante et horrifiante. Veuillez noter que cette critique inclura quelques divulgâcheurs du premier jeu.
- Studio de développement : Asobo Studio
- Éditeur : Focus Entertainment
- Plateformes disponibles : PS5, Xbox Series X/S, Nintendo Switch (via le cloud) et PC
- Plateforme de test : Xbox Series X
- Classement ESRB : M
- Prix : 79,99$, inclus dans la Game Pass de Xbox
- Site officiel
- Page Steam
A Plague’s Tale : Requiem se déroule environ six mois après les événements du jeu précédent. Après avoir réussi à fuir l’Inquisition dans leur région natale de Guyenne, Amicia, Hugo, leur mère et son apprenti alchimiste Lucas se sont déplacés vers la Provence, où ils souhaitent reprendre leur vie. Hugo n’a pas eu d’autres épisodes causés par le poison qui coule dans ses veines et qui sert d’appât pour des armées de rats affamés. Tout semble aller pour le mieux, mis à part les rêves étranges qui peuplent ses nuits et qui présagent le retour de la malédiction, ainsi qu’une île où se trouverait une forme de guérison. Ces rêves s’avèreront prémonitoires, car sitôt arrivés dans leur nouvelle maison, la ville est envahie par les rats qui arrivent par millions des profondeurs de la terre. Comme si cela n’était pas suffisant, Amicia et Hugo deviendront la cible à la fois d’une troupe de mercenaires, ainsi que les gardes du comte de Provence qui souhaitent tous mettre la main sur le petit garçon et ses pouvoirs surnaturels. Il reviendra à nouveau à Amicia de servir de protectrice pour son frère et tenter le tout pour le tout pour rejoindre cette île mystérieuse et l’espoir qu’il sera enfin libéré de ce poison.
Les mécaniques du jeu n’ont pas tellement changé de son prédécesseur. A Plague’s Tale se joue à la troisième personne où l’on contrôle Amicia dans une structure d’évolution très linéaire. Le jeu est divisé en une série de chapitres où l’on doit habituellement passer du point A au point B, tout en évitant des ennemis coriaces ou des périls dans l’environnement. Ce dernier est tout simplement magnifique, avec des détails impressionnants et un sentiment que la population agit de façon réaliste. On entend le cri des marchands sur la place centrale qui vantent leurs produits, suivi habituellement de leurs hurlements d’effroi lorsqu’une véritable vague de rats foncent sur eux.
Des puzzles à résoudre autant par vous-même qu’en équipe
Le décor est également le théâtre pour de nombreux puzzles qu’il faudra compléter pour pouvoir progresser. Ceux-ci vont du classique de pousser un chariot afin de pouvoir atteindre une corniche en hauteur, mais la majorité demanderont à Amicia de travailler en équipe avec son accompagnateur du moment. Par exemple, elle pourra demander à Lucas de tenir un levier, tandis qu’elle se rendra un peu plus loin pour dégager un passage verrouillé, ou elle demandera à Hugo de se faufiler dans un boyau étroit afin qu’il puisse ouvrir une porte barrée de l’intérieur. Ces casse-têtes sont habituellement assez faciles à résoudre, malgré que certains risquent de vous demander plusieurs tentatives afin de trouver la solution. Si les niveaux sont linéaires, ils permettent cependant un certain degré d’exploration. Sortir du sentier battu vous fournira des ressources, des objets à collectionner et des pans d’histoire optionnels qui approfondissent les personnages.
Étant une adolescente, Amicia est loin du guerrier puissant et sans peur qu’on a l’habitude d’incarner dans les jeux qui se déroulent à l’époque médiévale. Foncer tête baissée vers une troupe de guerriers en armure se soldera la plupart du temps par une mort très rapide. Il est important pour elle et ses compagnons de rester cachés en utilisant de l’herbe haute ou du mobilier, comme sous une table. Les gardes ont pour habitude de suivre un tracé prédéfini qui est facile à déceler. Cependant, si vous faites trop de bruit ou si vous vous trouvez à découvert trop longtemps, ils seront alertés et viendront investiguer. Si votre cachette est découverte, il vous sera possible de réagir avec votre équipement, comme votre fidèle fronde. Celle-ci peut abattre aisément un garde s’il a oublié son casque à la caserne, mais elle pourra seulement étourdir temporairement un guerrier mieux protégé. Si vous parvenez à leur échapper suffisamment longtemps, ils retourneront à leur patrouille après avoir passé un certain temps à vous chercher. Il semblerait que leur vue soit aussi parfaite que celle d’un rapace, car ils peuvent vous apercevoir en tout temps, tant qu’ils ont une vue non obstruée vers vous.
Des rats par millions, des rats par véritables vagues
L’autre danger majeur qui guette Amicia et sa bande est bien entendu les rats qui sont aussi de retour. Ceux-ci sont toujours aussi voraces, mettre le bout du pied dans une de leurs légions est presque toujours fatal. Ils ont toujours une peur bleue du feu et éviteront toute source de lumière, ce qui ajoute à l’aspect casse-tête du jeu. L’environnement comprendra habituellement des brasiers que l’on peut allumer grâce à notre fronde qui peut être équipée de différents éléments d’alchimie. En plus du feu, on a aussi droit à une poudre de salpêtre qui vient étouffer les flammes, un atout de taille lorsqu’un garde armé d’une torche vous poursuit. Sitôt celle-ci éteinte, il deviendra un festin de choix pour les rats. Plus tard dans le jeu, les pouvoirs de Hugo iront en augmentant, au point où il sera possible de contrôler un petit groupe de rats que l’on pilote à la première personne. Cela servira soit à les enlever du chemin ou, encore plus amusant, comme une arme offensive sur vos pauvres ennemis.
Bien qu’il s’agisse d’un jeu d’aventure, A Plague’s Tale : Requiem contient quelques éléments de jeux de rôle. Amicia a trois habiletés qu’elle pourra améliorer dans son aventure : la furtivité, l’agressivité et l’opportunisme. La façon de jouer définira quelles habiletés seront améliorées. Si vous passez la majorité de votre temps à éviter les gardes en vous faufilant d’une cachette à l’autre, votre furtivité vous permettra de vous déplacer plus silencieusement, ainsi que plus rapidement en position accroupie. Utiliser vos concoctions alchimiques vous donnera une expertise pour façonner vos munitions et les rendront plus efficaces. L’autre aspect de jeux de rôle vient de votre équipement qu’il sera possible d’améliorer avec des ressources et des outils, en autant que l’on a accès à un établi. Améliorer la fronde permettra de lancer deux pierres de suite sans avoir besoin de recharger et ajouter des poches à notre tunique offrira plus d’espace pour des ressources.
Un mode époustouflant autant par sa beauté que son horreur
Comme il a été mentionné plus haut, le mode du jeu est d’une beauté à couper le souffle. Il n’est pas rare de s’arrêter un moment pour admirer la vue du haut des créneaux d’une forteresse et voir à des kilomètres de distance. Le monde regorge de détails qui sont faciles à manquer, comme les différentes pièces de viande sur l’étal d’un boucher, ou un groupe d’enfants qui jouent aux billes dans une ruelle. Si la majorité de ces éléments ne servent que de décorations, certains offrent de l’interaction, comme visiter un enclos de chèvres ou découvrir une fresque préhistorique au fond d’une caverne. Malgré que le jeu soit linéaire, il est recommandé de sortir du tracé dès qu’il est possible afin de découvrir les trésors qui s’y cachent. Il y aura aussi des endroits qui vous donneront froid dans le dos comme patauger dans un ruisseau où s’amoncellent des cadavres à différents degrés de putréfaction.
Le côté audio du jeu n’est pas en reste, avec une trame sonore très efficace qui accompagne parfaitement l’action à l’écran. Certains morceaux sont véritablement joués par des personnages non joueurs, comme le duo d’une flûtiste et d’un batteur que l’on peut simplement écouter. Évidemment, lorsque l’histoire prend un revers dramatique, la musique suit le même cours et fait monter l’adrénaline autant que les images. Les acteurs qui personnifient les différents personnages font tous un travail de qualité. L’actrice qui joue Amicia est à souligner par le degré d’émotions qu’elle met dans sa performance. On la croit lorsqu’elle est terrifiée à l’idée de traverser un plan d’eau rempli de cadavres, ainsi que son énorme soupir de soulagement lorsqu’elle parvient à fuir un danger mortel. Le seul personnage qui m’a personnellement un peu agacé est Hugo, avec sa voix trop aigüe et ses plaintes.
La caméra, un élément qu’il faut parfois combattre autant que ses ennemis
Il est difficile de trouver un défaut au jeu, mais il y en a un qui m’a fait rager à quelques reprises. Amicia est presque tout le temps accompagnée d’un ou plusieurs alliés et ceux-ci ont souvent la fâcheuse tendance à se mettre dans le chemin ou à se placer devant votre personnage. Cela est particulièrement désagréable dans les séquences de furtivité où leurs positions vous cachent soit Amicia ou les ennemis que vous tentez d’éviter. Il arrive également que des personnages non joueurs vous barrent le passage, ce qui vous demande de reculer et d’attendre que l’intelligence artificielle lui ordonne de se déplacer ailleurs. Enfin, la caméra n’est pas toujours coopérative, surtout lorsque votre personnage se trouve dans des endroits exigus. Il est parfois difficile d’obtenir un angle satisfaisant, quand la vue n’est pas tout simplement bloquée car la caméra se retrouve coincée dans un mur.
Malgré ces petits désagréments, l’expérience de jeu de A Plague’s Tale : Requiem est chaudement à recommander. Ne soyez pas surpris si vous vous découvrez une nouvelle phobie des rats !
J’aime
- Les graphismes époustouflants
- La trame sonore magnifique
- Le jeu des acteurs de qualité
- Les puzzles
J’aime moins
- La caméra qui ne coopère pas toujours
- La voix stridente de Hugo
- La tendance des compagnons d’Amicia de se trouver dans le chemin
La copie de A Plague’s Tale : Requiem a été utilisée avec l’abonnement Xbox Game Pass de l’auteur.
A Plague's Tale : Requiem
Scénario
Graphismes
Bande sonore
Jouabilité
Durée de vie
Magnifique et horrifiant
A Plague's Tale : Requiem nous replonge dans un Moyen-Âge où beauté et laideur se côtoient, et où les rats sont légions