Naoki Maeda est un compositeur et producteur japonais. Il travaille pour Konami depuis 1996. C’est à lui que l’on doit la franchise Dance Dance Revolution pour laquelle il compose la plupart des chansons.
Jeudi 13 octobre avait lieu le lancement de Dance Dance Revolution II (DDR II) à l’hôtel W au centre-ville de Montréal. Quatre compères de Geekbecois nous y sommes retrouvés. Au programme : une entrevue avec Naoki Maeda san.
Jean-François et moi attendons Samia et Bruno-Pierre dans le lobby de l’hôtel W. L’ambiance est très feutrée : des fauteuils et coussins éparpillés, des comptoirs d’accueil éclairés avec des néons orange. Le cadre est idéal pour rencontrer une icône du jeu japonais, on se sent comme des personnages de Lost in Translation.
C’est alors que je m’exclame : « C’est lui ! »
Jean-François : « Bruno-Pierre ? »
La personne qui nous est passée devant est Naoki : Asiatique, une cinquantaine d’années. Bruno-Pierre est juste tout le contraire. Jean-François abandonne tes plans d’agent secret pour le KGB, c’est mort.
Bruno-Pierre (le vrai) nous rejoint. Les questions sont prêtes et on a bien pris soin de les rédiger en Anglais, ça serait dommage de devoir faire une traduction instantanée « on the spot » hein ! On se met d’accord : Bruno-Pierre conduit l’entrevue, je m’occupe de la prise de notes, Jean-François et Samia se chargeront d’immortaliser ce moment.
On suit les panneaux Konami qui nous mènent à la mezzanine. Claude, l’organisatrice, nous invite à aller à la rencontre de Naoki qui nous attend en haut des escaliers dans un petit coin salon. Là je me dis qu’une ambiance lounge c’est bien, mais qu’un peu plus de lumière dans les escaliers c’est pratique aussi, manquerait pu qu’on se ramasse devant Naoki, la honte quand même.
Le traducteur nous demande en quelle langue on veut faire l’entrevue, il peut la faire en anglais ou en français ! Excellent ! Va pour le français, la retranscription en sera simplifiée. Bruno-Pierre change de couleur : rédiger les questions en anglais c’était finalement pas très brillant.
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(entrevue retranscrite d’après le discours du traducteur)
Geekbecois : Quelles sont les nouveautés de DDRII, qu’est-ce qui fait la différence avec le numéro précédent ?
Naoki : Pourquoi numéroter ? Je considère le premier numéro comme une introduction. Ce nouveau numéro est une simple démarcation. DDRII est un back to basics avec l’utilisation du matelas. Les morceaux, au lieu de durer 2 minutes, sont joués dans leur intégralité.
Geekbecois : Le jeu supporte jusqu’à quatre joueurs, pensez-vous que DDRII doit être désormais considéré comme un jeu familial ?
Naoki : Le mode chorégraphie était déjà disponible dans DDR I, mais les éléments préliminaires ont été développés. Familial ou hardcore ? Les deux directions sont possibles. Je veux que le jeu soit aimé par les deux mondes. C’est le défis que l’on doit relever.
Geekbecois : Voyez-vous DDRII comme un bon entrainement physique ?
Naoki : Le principe du jeu en lui-même est très simple. On est probablement arrivés à la limite. Notre défi est maintenant d’ajouter de la qualité.
Geekbecois : Comment voyez-vous les jeux concurrents tels que The Groove qui attirent des joueurs plus « hardcores » et plus… sportifs ? Certains joueurs pensent qu’ils sont moins amusants que DDR.
Naoki : On a jamais été conscient de In the Groove, le jeu n’était pas vendu au Japon. Mais nous savons que les joueurs hardcores aimeraient qu’il y ait les scores les plus hauts possible !
Geekbecois : Comment choisissez-vous les chansons de vos jeux ?
Naoki : C’est la base. Il faut avant tout que cela soit amusant.
Geekbecois : Est-ce que vous mixez toujours autant pour DDR ? Invitez-vous de nouveaux artistes internationaux ?
Naoki : Oui j’y ai pensé, j’y pense toujours. C’est mondial comme pensée. Peu importe le pays, il y a des éléments culturels propices. On est japonais, de culture japonaise et on aime que cette culture soit transmise dans un jeu.
Geekbecois : DDR est arrivé à l’apogée des jeux d’arcade en Amérique du Nord. Ici le marché est presque inexistant, mais toujours très fort au Japon. Comment cela affecte-t-il le marché mondial au niveau de la franchise ?
Naoki : Vous savez que l’histoire évolue. Je suis conscient de ça. Nos mots-clés sont évolution et innovation. Ce sont les mots-clés pour répondre aux besoins de l’époque. Évolution et innovation devront être transmises par l’entremise de notre travail.
Geekbecois : Pensez-vous que l’arcade va faire un retour en Amérique du Nord ?
Naoki : Peu importe. Tout ne peut pas disparaitre. Même si c’est un petit marché, si l’on peut l’occuper au complet c’est bien, pour répondre aux besoins de chaque personne. C’est comme ça qu’on veut avancer.
Geekbecois : Arigato Monsieur Maeda.
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Une belle entrevue de 20 minutes environ.
On notera que la tablette de Bruno-Pierre était dans une phase facétieuse et trouvait toujours le moyen de se mettre en veille au moment de lire la prochaine question.
On notera aussi que dans une salle très sombre, quand tu prends des notes, le flash est ton pire ennemi : persistence rétinienne for the win.
À la suite de l’entrevue nous avons retrouvé la crème de la scène geek montréalaise. Allo @FTTank, @leTechnophile, @mcbernard et @marieluneHB ! ! !