Deadpool 2. Le « sequel » du film qui a changé le monde des super-héros tel qu’on le connaissait, conquis les adeptes, et sauvé Ryan Reynolds du suicide professionnel. Autant l’admettre tout de suite, les suites ont rarement la cote, au point que c’en est devenu une loi universelle du cinéma. Les numéros deux sont toujours mauvais.
Même Deadpool le sait. On était à un onze, maintenant il s’agit de faire un cinq. Mais comme Céline Dion elle-même lui répond, ici, on ne fait que des onze.
Quand le extra devient super extra
Et c’est exactement ce qu’est Deadpool 2 : 40 % de références de tout genre, 30 % de gore, 25 % de ralentis de scènes d’action spectaculaires, 10 % d’absurdité et 5 % de génie, pour un total de 110 % de plaisir. Exactement la même recette que le premier film, mais avec toujours plus.
Vous cherchez un film avec un scénario aussi sophistiqué que le MCU, à l’univers aussi profond que la franchise DC The Dark Knight, ou aussi touchant que la trilogie X-Men ? Faites demi-tour, Deadpool 2 n’est pas pour vous. Ce qui est dommage, parce que ce film est fait pour absolument tout le monde, du public à l’équipe même qui l’a créé, et qui s’est clairement éclatée à le faire.
Deadpool 43
Ce film est, à l’image des comics qui l’inspirent, un joyeux bordel sans queue ni tête, aux priorités complètement différentes qu’aucun autre film à gros budget, et au résultat plus près du film Movie 43 que des productions polies et soigneuses auquel Marvel nous a habitués. Pour ceux qui ne connaissent pas, Movie 43 est un recueil de courts métrages interconnectés à l’humour décalé, mettant en scène de nombreuses têtes connues d’Hollywood, uniquement là pour le plaisir d’apparaitre dans le film le plus fou, déjanté, et perturbant de l’année.
Deadpool 2 est exactement pareil. Le film, composés de nombreux épisodes vaguement connectés entre eux, ne commence et ne s’arrête pas dans la salle, mais inclut tous les contenus bonus, teasers, bandes-annonces, clips et entrevues dispersés sur le web depuis des mois.
Résultat, une chasse à l’oeuf interactive où l’on retrouve tout ce que Marvel ne peut nous proposer ailleurs, humour noir, caméos d’acteurs connus se bousculant pour une place dans l’univers dingue et sans limites du héros, et une quantité astronomique de clins d’oeil permettant de voir, revoir, et re-revoir encore ce film sans jamais s’en lasser.
Rire de tout, pleurer pour un rien
Mais cette fois, Deadpool 2 n’est pas uniquement une aventure délirante sur les thèmes du grand amour, du sacrifice, et de l’humour comme arme face aux atrocités d’un monde au bord de l’effondrement. Ici, David Leitch nous présente une autre facette du héros Marvel trop souvent négligée : son sens aigu et viscéral du juste et de la responsabilité individuelle. Si ses actions sont discutables et ses décisions complètement irréfléchies, Wade Wilson (Ryan Reynolds) est connu et réputé pour avoir l’âme droite et le cœur pur.
Et si, lors du premier film, on se moquait un peu du mercenaire au grand cœur sauvant les adolescentes de leurs stalkers, aujourd’hui on le voit se frotter aux horreurs de l’abus physique, émotionnel et sexuel, du deuil, du suicide, et dépasser ses démons et son attitude au premier abord superficielle, pour reprendre contrôle de sa vie, de ses priorités, et remettre son cœur au bon endroit.
À bas la masculinité toxique
Alors on rit, on pleure et on savoure, et contrairement à ce qu’on aurait put penser en entrant dans la salle, on apprend. Parce que Deadpool tue, massacre, et se moque de tout, mais à la différence des héros habituels des films d’actions hyper protéinés, Wade Wilson est un partisan de la tolérance et un fervent défenseur des minorités.
Il n’a aucun problème à assumer sa sexualité flexible, il est féministe jusqu’au bout des ongles, multiplie les messages à peine dissimulés de soutien aux mouvements contre l’appropriation culturelle, les violences raciales policières, bref, il est militant et membre, et fier de l’être. Et ce, jusque dans sa relation avec la superbe Vanessa (Morena Baccarin), parfait modèle d’une relation amoureuse saine et épanouie.
Wade Wilson est un ancien soldat des forces spéciales, un badass avec des super pouvoirs et probablement l’une des pires histoires personnelles de tout l’univers Marvel, et malgré cela, il garde le sourire, le cœur ouvert, et l’esprit clair, nous prouvant une fois encore que tragédie et muscles ne riment pas avec masculinité toxique.
Une comédie familiale
Alors oui, ce film est le numéro deux d’une franchise à gros budget, tellement bourré de références et blagues qu’il reste à peine de place pour le scénario, mais il s’agit aussi du film le plus sain, sincère, et terriblement drôle de la saison. Alors emmenez vos amis, vos enfants, et rejoignez la grande famille de Deadpool sur le chemin de l’amélioration personnelle.
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Deadpool 2
Performance des acteurs
Scénario
Visuel
Bande originale
Stupidement bon !
Vive le dumbstep !