[Critique] Google Nexus Q

Il est de ces créations qu’on ne sait trop à quoi elles servent, à quel besoin elles répondent, ou qu’on se demande bien quelle mouche a bien pu piquer les créateurs de la chose. Tel est le cas d’une curiosité lancée – puis malheureusement retirée – par Google à la grand-messe qu’était le I/O 2012. On sait tous que les ingénieurs et ingénieux chez l’innovatrice compagnie sont des génies, mais encore aujourd’hui, beaucoup se posent la question à laquelle, après un mois et demie d’utilisation, je tenterai tout de même de répondre une bonne fois pour toutes :

À quoi diable les ingénieurs chez Google ont-ils bien pu penser en construisant la Nexus Q ?

L’appareil

Google Nexus QLes amateurs de mobilité auront probablement un sentiment de déjà-vu en lisant ces lignes, mais c’est tout-à-fair normal, car la plate-forme Steelhead, nom de code de la Q, est en fait fortement basée sur maguro, la base matérielle du Galaxy Nexus. La Q est une simple balle de plastique métalliquement alourdie et avec un système de roulis, renfermant en elle-même un système-puce TI OMAP4460 alliant un processeur 1ghz à une puce vidéo SGX PowerVR 540, tous deux accompagnés d’un acceptable gigaoctet de mémoire vive, d’un circuit Wifi/Bluetooth ainsi que d’une puce NFC. Du reste, vu que la Q se veut un appareil de salon, nous avons droit à une sortie microHDMI, une sortie audi optique, un port réseau ethernet, et 4 prises pré-amplifiées pour alimenter deux enceintes sans nécessiter d’amplificateur. Ce qui nous emmène au prochaon point, déjà, parce que pour une Nexus, cette connectique est curieuse, totalement nouvelle et doit s’expliquer.

Le But

Google Nexus QCette Nexus n’est décidément pas comme les autres. Là où la Nexus 7 et les Nexus One, S et Galaxy sont des appareils de communication avec écran et circuit tactile, vous offrant le choix de rouler de multiples applications, de naviguer l’internet, de clavarder, bref d’opérer comme avec un ordinateur, la Nexus Q est un simple dispositif de salon qui ajoute aux fonctionnalités d’appareils Android réguliers, tout simplement. Mûe par une version modifiée du système, la Q possède une interface pour ainsi dire totalement absente : sans dispositif de contrôle pour l’utiliser, la boule ne fait qu’éclairer joliment votre salon, et si vous la tournez, car elle est faite en deux parties, vous affecterez le son… Mais c’est tout ! Le logiciel interne de la Q est désespérément simpliste, et c’est une décision consciente de Google : la Q lit du contenu multimédia vers votre salon, mais est conçue pour ne faire que la lecture du multimédia… et rien d’autre. Les sources de contenu sont limitées aux comptes Google Play Musique et Google Play TV & Films de l’utilisateur, ainsi que tous les vidéos publics ou accessibles mais non-listés sur YouTube, les privés étant pour l’instant hors-limite.

Mais là je crois que je dis un gros mensonge. Ce n’est pas limité au compte de l’utilisateur… mais aux comptes des utilisateurs ! En effet, la Q, loin de se vouloir un système classique à la Sonos, est en fait un lecteur multimédia à dimension sociale ajoutée. Simplement résumé, n’importe qui avec les applications de contrôle (Google Play Musique, Google Play TV & Films et YouTube) sur un appareil Android peut lancer la lecture d’un quelconque morceau ou vidéo, pour peu qu’il soit relié à son compte.

À l’utilisation

Étonnamment simple et d’une simplicité égalée par son look épuré, la Q remplit sa [très brève] mission avec brio, si ce n’est du fait qu’elle ne fait pas grand chose. Ceci étant dit, illustrons la multi-utilisation soulignée un peu plus haut : imaginez un groupe de 10 personnes, chacune avec un compte Google Musique différent. Nous sommes chez A, et C veut faire jouer un morceau qu’il a sur son compte Music. Il n’a tout simplement qu’à se connecter au réseau sur lequel la Q est branchée, aller dans son Play Musique, activer le mode « lecture distante », et cliquer sur le morceau… Et il commence à jouer ! Mais disons que la musique de C ne plaît pas à E. E peut faire la même chose et partir son propre morceau tout bonnement, facilement, avec son appareil à lui. Le plus beau dans tout ça est que la liste, si affichée sur les appareils de tout ce beau monde, indique qui a ajouté quoi. Comme ça, I peut dire « eille, j’aimais ce morceau ! », aller le chercher dans la liste de lecture, et le refaire jouer même s’il n’est pas dans sa banque musicale, car la liste de lecture est accessible à tous !

Mais pourquoi ?

Google Nexus QHonnêtement, cette question reste l’insolvable de l’équation, et même Google a décidé de prendre son temps pour y répondre : le 1er août, ils ont décidé de continuer le développement de la Q à l’interne, car tous ceux qui l’avaient essayé, tout en disant qu’elle était efficace, jugeaient que la sphère faisait bien trop peu pour le prix demandé, et avait tellement de potentiel non-utilisé qu’il était ridicule de la garder en pré-commande. Ceci étant dit, je me dois de rappeler à tout le monde les mots de Google lors de l’introduction de la Q [traduit, bien entendu] :

Ce périphérique est fait pour être modifié.

En gros, Google a tout simplement lancé la boule dans les mains des développeurs, avec un logiciel interne de base et un chargeur de démarrage débarrable, et a dit à tout le monde de s’en donner à coeur joie. Ce qui fait que des développeurs de tous azimuts ont mis la main à la pâte, comme +Jason Parker, qui a tout simplement décidé de faire rouler l’intégrale et de compiler CyanogenMOD 9, une distribution communautaire en vogue d’Android, sur la balle. Voyez plutôt :

Bref, présentement, la Nexus Q est autant intéressante pour ce qu’elle fait que ce qu’elle peut faire.

Au final

La Q n’est pas un produit fini, mais un projet avec un potentiel de développement extrêmement intéressant, une connectique différente et différenciante, et des fonctionnalités de base déjà amusantes pour ceux qui s’en satisferaient. Mais, pour l’instant, elle vaut difficilement le prix originellement demandé, même si on a une sensation de qualité et une impression de présence matérielle.

Verdict : Tout simplement un jouet génial pour ceux qui sont très intégrés à l’écosystème Google. À acheter si vous êtes un convaincu et que vous pensez que la balle en vaut le prix.

Geekbecois remercie au passage le développeur Mathieu Lemay, qui a participé au Google I/O 2012, de s’être prêté au jeu en confiant sa Q à votre humble serviteur pour une période prolongée.

À propos de Renaud Lepage

Bachelier en éternelle quête de nouvelles technologies qui attireront son attention, Renaud est un passionné du monde mobile et essaie, tant bien que mal, de transmettre son savoir à tous ceux qui en ont besoin.

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Un commentaire

  1. Nexus One sold 20,000 handsets in its first week. Droid sold 250,000 units in its opnenig week. The iPhone 3GS sold 1.6 million units in week one. It’s true that Google is looking long term and hence they won’t loose a lot of sleep on opnenig week sales, but this does underscore the fact that despite all the hype (Google splashed the Nexus One ads on it’s home page, which is accessed by a gazillion people), Nexus One is off to a bumpy start.

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