MecurySteam, le développeur basé en Espagne de Blades of Fire, possède dans son portfolio des titres intéressants. Pensons aux deux plus récents opus de Metroid pour les consoles de Nintendo ou encore le travail sur les remake de Castlevania pour l’éditeur Konami. Ils ont donc le potentiel pour produire des jeux d’une certaine envergure et il faut saluer le courage de tenter de produire un titre original qui n’est pas une suite ou un remake, mais bien une création inédite. Cette témérité soulignée, peut-on dire que Blades of Fire saura réchauffer nos cœurs de geeks ?
- Studio de développement : MercurySteam
- Éditeur : 505 Games
- Plateformes disponibles : PC, PlayStation 5, Xbox Series
- Plateforme de test : PC
- Date de sortie : 22 mai 2025
- Classement : M pour Mature (Violence intense, sang et carnage ainsi que langage vulgaire)
- Prix : 75,99 $
- Page Epic Games du jeu

Blades of Fire est un jeu d’action et d’aventure à la troisième personne que l’on pourrait associer à la tangente des jeux Soulslike. Il s’agit d’un jeu uniquement en solo et dont le narratif est relativement linéaire, donc il ne faut pas s’attendre à un monde ouvert. Le concept du jeu est que notre personnage, Aran, détient, grâce à un marteau de forgeron divin, le pouvoir de créer les armes nécessaires afin de triompher des ennemis. Il se mettra en quête de venger son ami et d’éliminer ses adversaires, dont la reine du royaume. Au fur et à mesure qu’il progresse dans l’histoire et qu’il affronte les sbires de la reine, il apprend des nouvelles recettes lui permettant de forger de nouvelles armes.
À la forge
On peut dire avec une certaine confiance qu’un aspect central de Blades of Fire est relié à la forge mystique et à la fabrication d’armes. Au fur et à mesure qu’Aran explore le monde et trucide les laquais de la reine, il apprendra de nouvelles « recettes » pour fabriquer des armes. Il devra alors se téléporter à une forge divine pour concevoir ses nouveaux outils de destruction. Parce qu’effectivement, le marteau de forgeron magique, acquis dans les premières minutes de cinématique, permet à notre personnage de se déplacer dans un univers alternatif où il aura accès à une forge divine permettant de créer des armes avec les ingrédients à sa disposition.

On aurait apprécié en apprendre davantage, dès le départ, sur le monde fantastique qui permet à un homme de se dissoudre en cendres pour ensuite être reconstitué dans une forge flottante au milieu d’un plan d’intervention divine, mais le jeu offre peu de précisions. Qu’à cela ne tienne, ce n’est pas la première fois qu’un jeu vidéo nous impose une mécanique parce que « c’est comme cela ».
La forge d’armes en soi est une sorte de mini-jeu dans lequel on doit frapper l’arme à différents endroits dans l’espoir d’aligner les multiples barres avec la ligne directrice. Si certains perfectionnistes auront sans doute un certain plaisir à tenter de créer la composition, j’ai pour ma part trouvé cette étape fastidieuse et monotone. Ce qui devrait être central à la proposition de Blades of Fire m’a semblé une rupture avec le rythme de la partie et des batailles.

Heureusement, cette étape est tout à fait optionnelle après la première « forge » puisque l’on peut simplement en un clic refaire le précédent item, nous évitant tout ce processus. Les meilleurs forgerons qui auront créé les armes de meilleure qualité n’auront pas à répéter leur exploit : un clic et la même qualité est reproduite sans se tracasser. Au moins ça de pratique.
Baston !
Nous voici donc maintenant finement équipé pour l’aventure. Au départ, une grosse massue à deux mains fera office d’arme de guerre. Mais Blades of Fire propose 35 armes différentes qu’il est possible de personnaliser non seulement avec nos compétences de forgeron virtuel, mais également avec les matériaux que nous trouvons lors de nos aventures. Par exemple, les premiers larbins que nous affrontons nous offriront les plans pour faire une épée.
Ce qui est plutôt important, puisque certains ennemis sont résistants à certaines armes et vulnérables à d’autres. Il sera donc pertinent de tenir un arsenal varié sur sa personne pour être en mesure de s’adapter aux différents obstacles. Le jeu promet également de pouvoir diriger nos coups (vers le haut, le bas, la droite, la gauche, etc.) en fonction des boutons appuyés, ce qui nous permettra d’exploiter encore davantage les faiblesses des adversaires.

Mais soyons sérieux quelques instants. Dans les faits, il suffit généralement simplement de « varger » sur son opposant pour qu’il s’écroule, que ce soit dans une zone vulnérable ou pas. Mention spéciale aux boutons assignés par défaut de manière tout à fait ridicule. Cliquer avec le centre de la molette de la souris pour un coup de base ? Est-ce que les développeurs ont déjà joué avec clavier et souris, sont-ils au courant qu’un clavier standard compte une centaine de touches, dont plus d’une vingtaine à portée de la main gauche pour effectuer ce genre de manœuvre ? Aberrant. Je comprends les jeux « qui sont optimisés pour utilisation d’une manette » ou encore ces portages paresseux entre la console et le PC, mais quand même. Préparez-vous quelques instants pour configurer les touches un minimum pour que cela fasse du sens.
Et encore, au final, les combats du jeu offrent peu de stratégie ni de réflexion. Les zones sont relativement linéaires. On fonce et on trucide ce qu’il y a dans le chemin en écrasant les boutons (dont la molette de la souris, pour une raison obscure) sans grande réflexion ni adrénaline, puis on rince, et on répète. Ce qui devrait être le point central du jeu nous laisse carrément sur notre faim. Notons aussi tristement la répétition des animations ; comment est-il possible qu’une décapitation au marteau de guerre à deux mains soit aussi nette qu’avec un duo de haches ? On aurait apprécié davantage de variété.

Qui a donc écrit ces dialogues ?
Bon, donc il y a un système d’artisanat céleste pas particulièrement palpitant au centre de l’offre de Blades of Fire, qu’il est possible de sauter en un seul clic. Les combats sont relativement monotones et la prise en main est aussi agréable qu’une séance d’ajustement lombaire. Par chance, le scénario et les dialogues vont venir sauver la mise, n’est-ce pas ?
Malheureusement, pas vraiment. Nous avons devant nous un monde fantastique dans lequel le métal est rare et où la profession de forgeron est élevée au rang divin. L’apparence des territoires est au confluent de l’Europe médiévale et de l’Asie féodale. Les personnages semblent avoir un lourd passé et des interactions méconnues entre eux. Et pourtant, le joueur n’en saisit que des bribes.

Mais pire, les dialogues. On aurait dit qu’un enfant de huit ans les a composés. Par exemple, après que l’ami d’Aran et le mentor d’Adso (ce jeune érudit qui guidera Aran dans ses aventures grâce à son savoir encyclopédique) décède, le jeune Adso cherchera à en savoir plus sur les liens entre son professeur et Aran, cet étrange forgeron céleste. Or, Aran n’aura qu’à lui répondre « il est tard, tu es fatigué, va au lit » pour qu’Adso – qui ne connaît Aran que depuis quelques instants – obéisse, mettant fin à la cinématique, sans autre question. Et le lendemain ? Ils sont maintenant copain-copain, s’envoyant des blagues comme un vieux couple qui parcourt le monde depuis toujours. Ridicule.
Il y a pourtant beaucoup de potentiel : qui est cette reine méchante ? Qui sont ces sbires ? Pourquoi le métal a-t-il disparu ? Pourquoi notre héros est-il un forgeron magicien ? On reste sur notre faim et si, oui, certains détails sont dévoilés plus tard, il faudra persévérer dans ce jeu qui n’a pas su accrocher les joueurs dès le début.

Verdict
Sincèrement, il n’y a pas que du négatif à Blades of Fire. Les environnements sont magnifiques à l’oeil. La trame sonore supporte bien l’action et l’ambiance. Il y a beaucoup de mystère dans le narratif et donnons au studio MercurySteam une accolade pour avoir le courage d’essayer de créer une nouvelle franchise de toutes pièces, dans un monde différent avec des ennemis inédits plutôt que de recycler les vieilles recettes mille fois revisitées.
C’est probablement pour cela que les limites de la proposition apparaissent si négativement. Dans une proposition médiévale fantastique « ordinaire », on verrait deux gobelins échanger des phrases grivoises en argot britannique et on hausserait des épaules : classiques gobbos. Mais les défaillances en terme de narratif et de dialogue dans une proposition comme Blades of Fire qui a tout à construire font deux fois plus mal.
Notons toutefois que pour le joueur bourrin, du type « smash »les boutons sans se poser de question, Blades of Fire sera tout à fait correct. On s’accommodera du système de forge redondant et des ennemis sans saveur ; on les fracassera avec la régularité d’un marteau pilon. Ces cinquante heures (environ) de contenu sauront meubler quelques après-midi pluvieux. Mais pour plus de profondeur, d’agilité et de réalisme, on passera rapidement à un autre titre.

J’aime
- La qualité des graphismes et l’apparence des environnements
- Les options d’armes
- La trame sonore qui supporte bien l’action
- Une proposition inédite et originale, nouvelle
J’aime moins
- Le système de forge répétitif
- Les combats bourrins
- Une mauvaise optimisation du duo clavier-souris
- L’histoire qui mériterait d’être davantage développée
- Les dialogue… à réécrire
La copie de Blades of Fire a été fournie par 505 Games.
Blades of Fire
Scénario
Graphisme
Bande sonore
Jouabilité
Durée de vie
Forger son destin
Blades of Fire est une proposition originale, crée par le studio MercurySteam pour l’occasion, qui offre aux joueurs un narratif et un environnement unique à découvrir et à apprécier. Malheureusement, les combats monotones, des contrôles déficients, un narratif qui tombe à plat et des dialogues ridicules viennent plomber sévèrement l’expérience. Pour les joueurs bourrins qui apprécient exploser des adversaires sans trop se questionner, il y aura du potentiel. Pour ceux qui souhaitent un univers riche et foisonnant d’intrigues, on repassera.
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