Wake Up Dead Man – L’inattendu attendu

Ryan Johnson aura finalement réussi à construire une trilogie qualitative et cohérente, que ce soit au niveau thématique ou scénaristique. Wake Up Dead Man est le troisième volet de la saga Knives Out, qui compte aujourd’hui trois volets, Knives Out sorti en 2019, Glass Onion sorti en 2022 et donc, Wake Up Dead Man sorti au cinéma dernièrement et qui est arrivé sur Netflix le 12 décembre 2025. Ce qui est certain, c’est que ce dernier n’a rien à envier à ses ainés en se permettant parfois de les supplanter en terme de qualité et de mise en scène !

Restant fidèle à lui même ainsi qu’à sa trilogie « Agatha Christèsque  », Ryan Johnson nous propose un mystère prenant et passionnant qui sait jongler avec le comique comme avec le dramatique, la satire sociale et l’humour de situation. Reste que, si vous avez vu les deux autres opus de la trilogie, voir si vous avez vu ne serait-ce que Star Wars : The Last Jedi, vous saurez exactement quelle genre d’expérience de narration vous êtes sur le point de vivre en rentrant dans la salle de cinéma. Vous ne devinerez certes pas le scénario ou les différents rebondissements, mais vous pourrez sans problème savoir à l’avance comment vous vous sentirez face au film.

Wake Up Dead Man : convenu, mais bienvenu

• • Studio : Netflix
  • Réalisateur : Ryan Johnson
  • Distribution : Daniel Craig, Josh O’Connor, Josh Brolin, Glenn Close
  • Genre : Mystère, Thriller, Film Noir, Comédie
  • Durée : 145 minutes
  • Date de sortie : 6 septembre 2025
  • Classement : PG-13
  • Site officiel

Synopsis

Wake Up Dead Man raconte à nouveau l’une des aventures du plus célèbre détective britannique du sud des États-Unis : Benoit Blanc. Cette fois, Blanc devra aider le père Jud Duplenticy à prouver son innocence du meurtre de monseigneur Jefferson Wicks, dont il est le principal suspect. Duplenticy étant arrivé récemment dans la petite ville de Chimney Rock et Wicks s’apparentant plus au leader charismatique de secte, très peu de gens font confiance au jeune Jud. Grâce à l’aide de Blanc, de la police locale et de certains membres de la commune, Duplenticy réussira à prouver son innocence, à trouver le meurtrier et à apporter une conclusion à un traumatisme qui rongeait la ville depuis des décennies.

Mes impressions

Il se pourrait bien que ce film soit le meilleur de la trilogie qu’il conclut. Il me faudrait un deuxième visionnement pour que mon avis soit tranché, mais le simple fait que j’en ai l’impression démontre déjà que ce film est spécial ! Après avoir vécu une semi déception avec Glass Onion, je suis très heureux de dire que j’ai passé un bien meilleur moment devant Wake Up Dead Man que devant son ainé de 2022. En effet, plusieurs des défauts présents dans Glass Onion sont ici évités, voir diminués, alors que la majorité des qualités de Knives Out sont toujours présents.

Glass Onion était parfois plutôt laid avec des fonds verts apparents et des décors peu inspirés ? Wake Up Dead Man se permet des décors réellement magnifiques, tant en intérieur qu’en extérieur et en évitant l’esthétique classique d’un « film Netflix », des couleurs ternes et des plans fixes se limitants au champ/contrechamp. Glass Onion nous offrait un dénouement qui se limitait à dire qu’en fait, l’hypothèse la plus évidente était la bonne ? Son cadet se permet plusieurs épaississement de l’intrigue afin que nous ayons régulièrement des nouveaux éléments mystérieux qui nous triturent le cerveau. De plus, le dénouement est plutôt ingénieux, non pas que le coupable était hors de tout soupçon, mais nous n’avons pas le sentiment désagréable d’avoir été dupé comme lors des révélations finales de Glass Onion. De ce côté, nous sommes bien plus proche de Knives Out avec de nouveaux éléments révélés à la toute fin de l’histoire et nous faisant changer de point de vue sur toute l’affaire.

Pour reparler des décors, ils ne sont pas seulement beaux, ils sont également sublimés par une gestion de l’éclairage absolument magistrale qui se présente comme un descripteur de l’évolution des relations entre les personnages. Le meilleur exemple de cet usage de la lumière est la première rencontre entre Blanc et Duplenticy, où la présence chaude du soleil laisse peu à peu sa place à une lumière plus froide et moins réconfortante, alors que Benoit énumère toute ses raisons d’haïr l’église. Pour finalement revenir en force lorsque que le détective et le prêtre auront trouvé un terrain d’entente.

Les décors et l’éclairage n’ont heureusement pas à porter tout le mérite du film, car les performances des acteurs ne sont pas en reste. Ils sont tous très bons ! Josh Brolin est parfait en leader de culte charismatique se servant de la foi comme d’une arme afin de radicaliser ses fidèles au lieu de les tourner vers l’amour de leurs prochains. Glenn Close est excellente dans le rôle de la fière dame ayant dédié sa vie au Christ, absolument persuadée de la vertu de ses choix. Et tout cela en se permettant un certain comique de situation rappelant parfois The Office avec une gestion de la gêne très adroite.

Daniel Craig est toujours à l’aise dans le rôle de Benoit Blanc et il fait plaisir de le voir pour la première fois totalement en contrôle, dans son élément et pas autant pris de cours par l’enquête qui l’incombe, comme c’était le cas dans les deux films précédents. De son côté, Josh O’Connor n’a aucun mal à rentrer dans les chaussures d’un homme convaincu que sa vie n’a pas de sens ou de valeur s’il ne la passe pas à aider et à servir les autres à travers la croix. Je pourrais tous les nommer tellement ils sont tous parfaits à leur manière, mais je m’arrêterais à une mention spéciale pour Kerry Washington qui est hilarante en femme qui a vu toutes les opportunités de sa vie volées et détournées au profit de son beau-frère, mais qui tente tout de même de garder le sourire malgré l’injustice de sa situation.

Évidemment, aucun film n’est sans défauts et il est temps de parler de ceux-ci. Ils sont cependant peu nombreux et ne portent pas énormément d’importance dans l’appréciation de Wake Up Dead Man. Tout d’abord, je dois admettre que malgré des performance d’acteur très divertissantes et une réalisation des plus stimulante, je ne crois pas qu’un deuxième visionnement me plairait autant que le premier. C’est un défaut commun à beaucoup de « Kilafè ? » donc il serait un peu de mauvaise foi de qualifier cela comme un point faible de ce film, néanmoins, il n’en reste pas moins que c’est présent.

De plus, bien que cela reste cohérent avec le ton des deux autres films de la saga, la nuance idéologique n’étouffe pas Wake Up Dead Man. En effet, après la guerre contre les vieilles fortunes convaincus que leurs richesses viennent de leur dur labeur et contre les milliardaires faussement géniales, Ryan Johnson nous offre un film à charge contre l’évangélisme américain et la militarisation du christianisme que l’on peut observer depuis quelques années. Monseigneur Wicks tient absolument qu’on ne l’appelle que de la sorte et tous les fidèles convaincus par ces sermons ont un moment du film qui leur est dédié afin de les tourner en ridicule.

Le problème est que, par moment, l’on peut sentir que ce film est en guerre, non pas seulement contre l’évangélisme, mais contre le christianisme dans son ensemble, ce qui pourrait s’avérer gênant pour certains membres du public. Cependant, en termes de nuances, bien qu’assez avare, Wake Up Dead Man est plus généreux que ses ainés simplement par le fait d’avoir fait de l’acolyte de Blanc dans ce film, un prêtre. Certes, un prêtre dont les croyances sont parfois tournées en ridicule par Blanc, mais un prêtre tout de même et jamais montré comme en tord par Johnson. Heureusement, ces deux défauts ne sont pas assez importants pour entacher mon appréciation de ce film.

En bref, si vous cherchez un « Kilafè ? » drôle avec une mise en scène saisissante, des performances d’acteurs plus que convaincantes et hilarantes par moment et surtout, que la trilogie Poirot de Kenneth Branagh vous a, vous aussi, laissé sur votre faim, ne cherchez pas plus loin. Reste à espérer que Craig et Johnson remettent le couvert une nouvelle fois pour une aventure de plus. A moins qu’il vaille mieux rester sur une réussite ? L’avenir nous le dira, en attendant, nous aurons toujours un bon film sandwiché entre deux excellents.