Rien ne présageait en 2008, à la sortie du Cloverfield de Drew Goddard (The Cabin in the Woods, Alias) au scénario et Matt Reeves (War for the Planet of the Apes, The Batman) à la réalisation, qu’on parlerait non pas de trilogie avec cette apparition surprise sur Netflix, post-Super Bowl, de The Cloverfield Paradox, mais de franchise. Car oui, 2018 amènera non seulement une crainte de guerre nucléaire incessante, mais un 4e film. Reste à décider ce qui fera le plus mal.
En fait, 10, Cloverfield Lane, une surprise apparue sur les écrans en 2016, se voulait un excessivement décent et totalement respectable huis clos, notamment grâce à une distribution solide (John Goodman, Mary Elizabeth Winstead, etc.).
Avec The Cloverfield Paradox, on se retrouve cette fois perdu dans l’espace, dans un film mi-assumé qui semble être à la croisée des chemins de 2010, Event Horizon et le Sunshine de Danny Boyle. Qu’avaient donc à ajouter à la saga le directeur Julius Onah (The Girl is in Trouble) et le scénariste Oren Uziel (22 Jump Street) ?
Nous sommes dans un futur rapproché, 2028. La planète vit une crise énergétique sans précédent (bonjour, Dans une galaxie près de chez vous), et le seul moyen de sauver 7 milliards de tat… de Terriens est d’envoyer en orbite une équipe internationale – petits drapeaux à l’appui – afin de tenter d’y faire fonctionner un accélérateur de particules qui, sans trop d’explications, résoudra le problème. Mais les essais s’avèrent infructueux et le temps passent, les mois, les années. Il ne reste bientôt presque plus assez d’énergie à bord pour faire fonctionner la chose.
Ce qui semblait être un essai enfin réussi se transforme en énorme surcharge qui provoque des changements à bord… à commencer par des hurlements de douleur et de terreur provenant d’un panneau du vaisseau. On y retrouve, entremêlée et empalée dans les câbles, une femme qui reconnaît l’une des membres d’équipage qui, elle ne semble la connaître ni d’Ève ni d’Adam. Elle ne sera pas là en vain, mais chut !
On se rend rapidement compte que bien des choses ont changé à bord, à commencer par la présence de notre planète bleue qui… manque à l’appel. Non seulement ne répond-t-elle plus, on ne la voit plus. Que s’est-il donc passé ?
N’en disons pas plus, mais rajoutons qu’en plus de souffrir d’un criant manque d’élaboration de personnages – campés notamment par des Daniel Brühl, Gugu Mbatha-Raw, John Ortiz et consorts, donc on est loin de sous-acteurs – la mise en scène est totalement précipitée, ne laissant aucune place aux nuances. Jamais un individu ayant perdu un bras (sans douleur, le veinard) ne s’en sera rétabli aussi rapidement, allant même jusqu’à en tirer des blagues. Eh bien dis donc. S’ensuit une course contre la montre qui, à moins que ce soit votre premier film du genre, vous laissera un arrière-goût de grande déception dans la bouche.
Mais où sont les monstres alors ? Soyez patients.
Même l’émérite producteur J.J. Abrams a avoué que le film souffrait d’un grave problème, dès le moment où le brouillon de départ a été modifié pour l’intégrer dans l’univers Cloverfield. Comme quoi, on ne fait pas de la bonne soupe à partir de n’importe quel bouillon.
Bref, la véritable surprise était vraiment lors du Super Bowl, pas après.