Silo : une trilogie de science-fiction à lire… ou à visionner

Peut-être que j’enfonce des portes ouvertes, peut-être pas. Silo, vous connaissez ? « Oui c’est un lieu de stockage pour le grain ou d’autres matières… » Eh bien non, je vous parle de la trilogie Silo, écrite par Hugh Howey entre 2013 et 2014.

Il s’agit d’une pépite du genre science-fiction, un absolu à lire si vous êtes fan de Fallout et/ou Game of Thrones, oui, vous avez bien lu, l’auteur est parvenu à nous pondre une anthologie qui baigne selon moi dans l’inspiration de ces deux licences cultes. Étant un amateur de Fallout et Game of Thrones, je ne m’explique pas comment je suis passé à côté de cette trilogie jusqu’à maintenant, mais avec la sortie de la deuxième saison de l’adaptation en série produite par Apple TV, j’ai enfin découvert ce bijou de littérature.

Une idée d'à quoi pourrait ressembler l'escalier du silo.

Synopsis

Imaginez un futur où l’humanité survit dans un immense silo souterrain. Personne ne sait pourquoi on vit là, ni ce qu’il y a dehors. La vie est réglée par des lois strictes, et ceux qui les transgressent (criminels ou simples habitants qui demandent à sortir) sont condamnés à l’exil. Avant de mourir dans le monde extérieur, ils doivent nettoyer les capteurs qui retransmettent, sur un écran géant situé au sommet du silo, l’image de ce qu’il reste de la surface. Ce rituel macabre rythme l’existence de ceux qui restent, et nourrit autant l’angoisse que les questions.

Critique

Avant Silo, aucun livre ne m’avait autant captivé depuis des années. Il m’a même fait reprendre une vieille habitude de mes trajets d’ado : lire en marchant dans la rue. Oui, le type qui avance le nez dans son livre en esquivant tant bien que mal les poteaux et les passants, c’était moi.

À l’époque, c’était pour passer le temps pendant mes 40 minutes de trajet à pied après les cours. J’avais laissé tomber cette manie en obtenant ma voiture… mais Silo m’y a replongé. Au point que j’ai fini par délaisser la voiture pour retrouver le bus, le métro et la marche, juste histoire de gagner plus de temps de lecture. Chaque occasion devenait bonne pour sortir mon Kindle et replonger sous terre, dans l’univers du silo.

Qu’est-ce qui m’a temps happé ? Silo est un livre dont on prend l’histoire « en cours », elle ne débute pas pour nous, on partage directement les interrogations des personnages, et chaque chapitre est un pas de plus vers la vérité, ou du moins, une vérité… De plus, les personnages ne bénéficient pas du bouclier/de l’armure scénaristique, ce qui rend la lecture beaucoup plus tendue et crédible.

On espère, on a peur, on fait notre deuil, on crie vengeance et tout ça en continuant de se demander ce qu’on fait là, pourquoi on est enfermé, qu’est-ce qu’il y a dehors et enfin pourquoi on ne peut pas en parler.

L'obscurité angoissante régnant dans un silo souterrain.

L’adaptation en série télé

Aimant beaucoup lire, je ne compte plus les adaptations qui ont saccagé mes œuvres préférées : Eragon, L’Épouvanteur, Percy Jackson, The Witcher… et maintenant, malheureusement, je dois ajouter Silo à la liste.
Pourtant, le premier épisode m’avait vraiment agréablement surpris : la série y développe avec justesse certains passages restés flous dans les romans — et qui auront pourtant un vrai poids plus tard — tout en ajoutant quelques éléments bien trouvés. De quoi me donner de l’espoir pour la suite.

Espoir vite douché. Car dès les épisodes suivants, la pente est glissante : un personnage principal vidé de ses qualités pour n’être défini que par l’amour, des fins d’épisodes à suspense posées comme des pièges à clics, un bouclier scénaristique qui protège tout le monde ou presque, des nuances morales balayées et, parfois, une logique narrative qui fait franchement défaut.

Je vais tâcher de développer mes arguments pour m’assurer d’être bien compris.

L’amour

Excellent moteur, rien à dire, mais pourquoi supprimer le reste ? Dans le livre, on parle d’une femme intelligente, intègre, charismatique, au mental d’acier et débrouillarde au possible. Dans la série ? Une nobody qui soupçonne que son amant a été assassiné. Voilà, c’est tout, le personnage n’aura rien de plus. Ah si, elle fait la gueule à tout le monde, Apple TV devait quand même essayer d’adapter un trait de caractère du personnage original. Donc, c’est une femme forte ? OK, elle fera la gueule et parlera mal à tous les inconnus qu’elle rencontrera.

Je répète donc : pourquoi la priver du reste ? Je vois presque l’équipe de communication d’Apple TV rejeter l’idée parce que c’est « trop compliqué à mettre en scène », « le public ne comprendrait pas ou n’est pas prêt ». Comme si un personnage principale féminin ne pouvait avoir qu’un but compréhensible pour le grand public : l’amour. Honnêtement, je n’arrive pas à me l’expliquer…

Les fins à suspense

J’adore, mais quand c’est bien utilisé. Si c’est pour désamorcer la situation impossible et catastrophique dans les deux premières minutes de l’épisode suivant, sans que ça ait une quelconque conséquence pour la suite, c’est juste un appât, un artifice facile pour nous pousser à lancer l’épisode suivant.

Le bouclier scénaristique

Je dis pas qu’il n’y a que les oeuvres qui osent tuer des personnages important qui sont bien, mais quand une oeuvre se le permet et le fait de manière efficace, pourquoi l’en priver dans l’adaptation ? Ce sont des évènements, des épreuves, qui forgent les personnages survivants, je pense qu’on l’a tous vu avec Game of Thrones et je trouve ça fou que les productions soient toujours frileuses à l’idée de tuer un personnage important quand c’est déjà le cas dans l’oeuvre originale, Silo, et que celle-ci a déjà rencontré le succès.

Dans le cas présent, ils se retrouvent à devoir écrire de nouveaux évènements pour les personnages qu’ils n’ont pas osé tuer, évènements qu’ils devront ensuite raccorder à ceux de l’oeuvre originale tant bien que mal. Personnages qui d’ailleurs, à mon avis, ne seront jamais tués vu l’importance qu’ils leur ont donné, supprimant par la même occasion toute crainte lors des scènes où ils sont en danger. Vraiment, ne vous inquiétez pas pour eux, aucun personnage principal n’est en danger, seul les rôles secondaires font partie des communs des mortels et sont donc à la merci de la mort.

Les nuances morales

On n’en retrouve qu’un semblant, tout le monde veut le bien du silo et agit en ce sens, mais au final, il n’y a bien que deux camps distincts : les gentils et les méchants. Eh oui, de nouveau, trop compliqué de montrer à l’écran un univers réaliste où chacun a ses valeurs, ses objectifs, ses contraintes, tout ce qui fait la complexité d’une personne. Non ici on oublie tout ça, on aura ceux qui se battent pour la vérité et ceux qui se battent pour contrôler. Fin. Pas de nuances, pas de remises en question.

L’absence de logique

En vrai, on est relativement habitués, mais quand même. Lorsqu’un personnage se retrouve avec un bras dont la peau est quasi liquide à cause d’une infection grave, qu’on découvre littéralement ce fait dans les cinq dernières minutes de l’épisode, afin qu’il puisse se terminer par la perte de connaissance du personnage, on n’accepte pas, normalement, que ce même personnage se retrouve tout feu tout flamme après une nuit de repos et une prise d’antibiotiques. Cet exemple rejoint en plus le problème des fins à suspense, le personnage frôle la mort à la fin de l’épisode, et dans le suivant on le retrouve soigné, on ne voit même pas comment il est sauvé, on nous le raconte et c’est tout, on doit l’accepter.

Autre exemple, on ne peut se déplacer dans les étages du silo que par un escalier central, il s’agit donc d’un point stratégique ultra important si un conflit nait et c’est évidemment ce qui ce produit. On assiste donc à un moment de la série à une démonstration d’un complot de méchants déjoué par les gentils, dans une scène d’exposition sympa, du même genre que dans La maison de papier. Cet évènement mène à la destruction d’une portion de l’escalier entre cinq niveaux, pour éviter de divulgâcher on dira qu’il s’agit des niveaux 30 à 35. Les gentils et les méchants se retrouvent donc bloqués chacun de leur côté du gouffre ainsi créé, on est bien d’accord ?
Eh bien non, dans les cinq minutes qui suivent la révélation du contre plan, donc l’explosion de l’escalier, les gentils passent outre le gouffre pour prendre le contrôle de la zone des méchants, sans explication de comment ils ont fait, oh après tout on s’en moque, c’est « stylé » comme retournement de situation !
Accablant…

Je terminerais comme ceci : Apple TV a obtenu les droits pour adapter une oeuvre qui jonglait très bien entre dystopie post-apocalyptique (=Fallout), manigances politiques, avec actions et conséquence conduisant à de vraies craintes pour les personnages (=Game of Thrones) et même lutte des classes, et l’ont transformé en une pâle copie/adaptation du Transperceneige (je parle du film, je n’ai pas regardé la série), où ne reste que la lutte des classes et où on use et abuse de suspense amené à la va-vite en fin d’épisode pour soutenir l’attention du public, le tout sans aucune considération pour la suite du scénario. Vraiment, je ne pense pas que l’équipe à la réalisation a lu les livres ou alors, ils ont été muselés par la production.

En conclusion

Si, comme moi, cela fait des années que vous n’avez plus été captivé par un livre de science-fiction, Silo est pour vous, c’est carrément un incontournable.

Par contre, la série… si vous voulez un truc facile à regarder d’une traite, allez-y, ça passera vite et ce ne sera pas désagréable, un peu comme passer d’un bon restaurant quasi gastronomique (le livre) à un McDonald’s (la série), c’est bon sans plus, sans être nourrissant pour un sou.

Série Silo en livres papier | Série Silo sur Apple TV+

À propos de Hippolyte Malgaud

Je suis un geek passionné de jeux vidéo, de mangas et de cinéma. Mon aventure a commencé très tôt, à coups de codes de triche pour GTA 3 sur le vieux PC familial (armes infinies, un droit fondamental). Depuis, je touche à tout : Zelda, Metroid Prime, Outer Wilds, Death Stranding… et j’ai toujours un jeu solo en cours. Côté manga, je suis un enfant de la « Triforce » Shueisha : One Piece, Bleach et Naruto, avec une mention spéciale pour Death Note. Pour les films, je m’intéresse à tout, mais j’ai un faible pour les pépites du studio A24. Disons que je me suis un peu lassé des blockbusters hollywoodiens et de leurs remakes à outrance (oui, j’ai osé !).

Aussi à voir...

The Running Man – Un film de Richard Bachman

Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’héritage du cinéma d’Arnold Schwarzenegger de 1987 …

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

For security, use of Google's reCAPTCHA service is required which is subject to the Google Privacy Policy and Terms of Use.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.