Seize ans après ses premières aventures Pandorèsques, James Cameron remet le couvert une troisième fois avec Avatar : Feu et cendre. Malheureusement, bien que le monde des Na’Vi soit toujours aussi magnifique, toujours aussi bien fait et toujours aussi immersif, cet opus souffre malheureusement de n’être pas assez éloigné de son aîné : Avatar : La Voie de l’eau. Ce dernier souffrait principalement du fait de n’être qu’une reprise de l’original et même si ce n’est pas aussi flagrant dans Avatar : Feu et cendre, reste qu’une sensation de déjà vu plane sur tout ce film.
Je me dois tout de même de reconnaitre les qualités évidentes de ce film, tout d’abord le fait de nous proposer une histoire plus sombre que les films précédents où les personnages seront poussés dans leurs derniers retranchements. De plus, comme mentionné plus haut, il a récupéré plusieurs aspects de ses ainés, les nouvelles propositions avancées par Avatar : Feu et cendre sont très intéressantes et plus que bienvenues.

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- Studio : 20th Century Studios, Lightstorm Entertainment
- Réalisateur : James Cameron
- Distribution : Sam Worthington, Zoe Saldaña, Sigourney Weaver, Stephen Lang
- Genre : Science-fiction, Action, Aventure
- Durée : 197 minutes
- Date de sortie : 19 décembre 2025
- Classement : PG-13
- Site officiel
Synopsis
Avatar : Feu et cendre commence lorsque Jake et Neytiri décident de ramener Spider, qui vivait avec eux depuis la fin du dernier film, chez les siens dans une station de recherche menée par des scientifiques humains. Pour ce faire, ils requerront l’aide du clan des Tlalim, des marchants ambulants se déplaçant grâce à d’énormes animaux volants qui tirent des montgolfières. En chemin, il se feront attaquer par le clan des Mangkwan, des Na’vi qui se seraient détournés d’Eywa, la déité veillant sur Pandora. Après avoir été séparés dans l’attaque, les Sullys devront se retrouver en tentant de ne se faire remarquer ni par les humains de la compagnie, ni par les guerriers Mangkwan. Après plusieurs péripéties incluant Jake kidnappé par Quaritch, Spider se faisant Na’vifier de sorte à ce qu’il puisse vivre sans masque sur Pandora et Neytiri adoptant le bébé de sa rivale morte en couche, Jake devra à nouveau chevaucher la dernière ombre et redevenir Toruk Makto afin de repousser l’offensive des humains une nouvelle fois. Mais cela ne sera pas aussi facile que la première fois, car les Na’vi comptent maintenant parmi leurs ennemis, certains de leurs propres congénères.

Analyse
L’une des premières choses qui vous sauterons aux yeux lors de votre visionnage d’Avatar : Feu et cendre est que contrairement aux autres films de la saga, le dernier film de James Cameron ne se démarque pas réellement au niveau technique. En 2009, Cameron avait réussi à proposer des images que nous n’avions jamais vu auparavant et il a réussi à transformer l’essai en 2022 grace à l’écart de temps considérable entre les deux films. Force est de constater que la claque visuelle n’est pas vraiment au rendez-vous cette année, car Feu et cendre ressemble beaucoup trop à La Voie de l’eau d’un point de vue technique, pour le meilleur et pour le pire. Avatar 2 était tous simplement bluffant en son temps, et la même immersion est trouvable dans le 3, mais la technologie du VFR, ou frame rate variable, fait son retour et il aurait peut-être fallu la laisser dans le passé. Effectivement, une sensation de voir le film ramer se ressent très fréquemment lors du visionnement d’Avatar : Feu et cendre. Le problème vient surtout du fait qu’il est très difficile de s’habituer à cet artifice de par sa nature variable, elle nous saute simplement aux yeux après chaque scène d’action.
Un autre point sur lequel je trouverais des choses à redire serait sur le manque d’iconisation attribué à certains nouveaux personnages. Principalement en ce qui concerne Varang, la chef du clan des Mangkwans, qui se contente d’apparaitre à l’écran de façon assez peu inspirée comme si nous la connaissions déjà, alors qu’il s’agit de la première fois dans toute la saga qui nous avons affaire à un sérieux antagoniste Na’vi. De façon générale, le clan des Mangkwans dans sa globalité aurait gagné à être mieux amené que ce à quoi nous avons eu droit. Par exemple, ils auraient pu être mentionnés dans La Voie de l’eau, afin d’éviter la sensation gênante de cet élément cruciale : certains Na’vi sont des ennemis, soit apparus du jour au lendemain dans cet univers qui jusqu’ici avait amené ces différents éléments de façon très fluide.

Pour finir en ce qui concerne les défauts, je dirais qu’il devient de plus en plus difficile de faire de la place pour tout le monde dans le récit étant donné le nombre de personnages et d’antagonistes importants. Chaque personnage semble assez suffisamment étoffé, mais certaines évolutions manquent de fluidité, comme celle de Quaritch, qui décide de suivre le parcours de Jake, mais chez les Mangkwans. De la même façon, certaines ellipses temporelles ne sont pas suffisamment claires, ce qui laisse parfois le public dans le flou quant au nombre de jours, semaines ou mois qui ce sont écoulés depuis la dernière scène. Une version longue pourrait peut-être corriger le tir à ces niveaux-là, Cameron ayant de nombreuse fois prouvé par le passé qu’il a tendance à couper les tourments de ses personnages dans les versions cinéma de ses films, comme dans Aliens ou Terminator 2.
Également, certains passages du scénario semblent venir tout droit de ses ainés, comme l’affrontement final qui n’est ni plus ni moins qu’une fusion des pinacles des histoires des deux films précédents, avec Toruk, l’éclipse ainsi que les humains décidant de chasser les Tulkuns avec le même lieutenant que l’on croyait mort à la fin du dernier film. En bref, malgré plusieurs points originaux au niveau du déroulement de l’action ou du décor, les similarités sont beaucoup trop apparentes pour passer outre.
Tout n’est bien heureusement pas à jeter et là où le film pèche en ce concerne l’iconisation ou certains aspects de la technique ou du scénario, il réussit haut la main avec ses performances d’acteurs. Zoe Saldaña est impeccable en Neytiri depuis le premier film et réussit sans mal à jouer une version abattue voir même brisée d’un personnage que l’on connait tous. Neytiri est reconnaissable, mais son évolution tient la route et ce, principalement grâce au jeu de Saldaña. Sam Worthington campe un Jake Sully toujours aussi borné dans son éducation militaire et dans son obsession de vouloir protéger sa famille et Oona Chaplin est extrêmement divertissante dans le rôle de Varang, mais la meilleure performance du film est à mon avis Stephen Lang dans le rôle de Quaritch. Il est toujours hilarant de pourriture, un salaud qui sait très bien qu’il en est un et qui adore ça. Non seulement il retrouve parfaitement son rôle, mais en plus, il réussit à lui ajouter de la profondeur en le faisant, comme dit plus haut, suivre la même voie que Jake Sully, mais en inversé. Un élément marquant dans ce domaine est lorsque, par dépit, il fait équipe avec Jake et que ce dernier lui dit qu’il pourrait changer, suivre la voie de Na’vi, qu’il n’a qu’à ouvrir les yeux, et que Quaritch commence à s’endormir, en fermant les yeux. Dès cette scène, il est possible de savoir que leurs histoire ne pourra que mal finir. Je tiens également à souligner la scène où Quaritch montre à Varang comment se servir d’un lance-flamme, une référence assumée à la même scène dans Aliens, où Hicks montrait à Ripley comment se servir d’un M41A Pulse Riffle. Le clin d’oeil est bien amené en plus de prendre tout son sens quand on se rend compte que c’est, dans un cas comme dans l’autre, le début d’une romance.

Pour continuer dans la positivité, les nouveaux aspects scénaristiques amenés par Avatar : Feu et cendre sont plutôt intéressants et me donnent grandement envie de voir la suite. Principalement les nouvelles capacités développés par Spider lors de sa rencontre avec Eywa, qui sont à la fois une excellente nouvelle car il pourra à présent être bien plus utile lors de la suite des événements, mais qui pourrait également permettre des avancées sans précédant pour la RDA (la compagnie humaine contre laquelle les Na’vi combattent). En ce qui concerne Eywa, elle est ici beaucoup plus présente et d’une façon bien davantage tangible, car pour la première fois, la caméra suivra les personnages pendant leurs excursions dans le monde des esprits, ce qui signifie que nous pourrons revoir des personnages morts dans les films précédents, mais également que nous voyons enfin vraiment Eywa. Ce qui est un peu dommage, car une démystification aussi importante se doit de porter un rôle très important dans la suite de l’histoire de la saga, cela dit, pour l’instant, rien ne nous pousse à penser que cette révélation n’aboutira pas à quelque chose d’absolument passionnant.
Également, pour la première fois de la saga, nous voyons une scène d’action se dérouler dans un environnement humain, lors de l’évasion de Jake et la scène est vraiment prenante. Ce nouvel environnement dans une saga qui, jusqu’ici, se définissait par la ruralité et la nature est plus que bienvenu. Ce qui nous laisse fantasmer les prochains décors que nous prépare James Cameron pour les suites. Poursuivons dans l’originalité en parlant du ton global de ce troisième opus, beaucoup plus sombre et désespéré. Le couple de Jake et Neytiri souffrant depuis le dernier film de la perte de leur enfant, ils sont tous deux dans de terribles états lorsque nous les retrouvons. Le racisme de Neytiri ainsi que sa haine sous jacente de sa famille de par leur part humaine est surprenant mais logique dans l’évolution de l’histoire des Sullys. De plus, dans une volonté de protéger sa famille à tout prix, Jake sera même prêt à tuer Spider afin d’éviter que les humains puissent répliquer, ce qui lui permet de respirer sur l’exo-lune. Une prise de risque qui fait plaisir surtout dans le contexte d’une saga qui tentait jusqu’à présent de plaire à toute la famille.
Un autre point que je tiens à souligner est le travail sur la musique. Celle du premier film était tout simplement parfaite, car elle permettait de magnifier la beauté de la forêt quand il fallait, rendre les tourments des personnages plus terribles encore et à rendre les antagonistes plus menaçants et veules que possible. Les morceaux présents dans le deuxième opus, bien qu’excellents, étaient simplement les mêmes, ce qui était un problème pour moi car pendant que James Cameron tentait de me rendre triste vis-à-vis le meurtre des Tulkuns, je ne pouvais m’empêcher de penser à la destruction de l’arbre maison du premier film. Cela me sortait du récit constamment dans La Voie de l’eau. Ici, les musiques ressemblent toujours beaucoup aux musiques des autres films Avatar, mais elles possèdent quelques nuances qui permettent à Feu et cendre de se démarquer du premier film, contrairement au précédent. Un exploit d’autant plus impressionnant que James Horner, le compositeur d’Avatar, nous a quittés il y a quelques années et donc, qu’accoucher d’une bande son faisant penser à l’original sans sonner comme une pâle copie n’a pas du être une mince affaire. Je tire donc mon chapeau à Simon Franglen qui s’est beaucoup amélioré depuis La Voie de l’eau.
Finalement, malgré des défauts trop dérangeants pour être ignorés, Avatar : Feu et cendre apporte du nouveau dans une franchise qui risquait très fortement de s’enliser dans une répétition constante de la même histoire sur cinq films jusque là. C’est un film parfait si vous souhaitez une aventure cinématographique avec des performances d’acteurs enivrantes, mais un peu moins si vous souhaitez être mis face à une histoire qui vous surprend de A à Z.
J’aime
- Les acteurs
- Les nouveaux points de scénario
- La musique
J’aime moins
- Le recyclage des films précédents
- Le manque d’iconisation
- La fréquence d’images variable
Avatar : Feu et cendre
Scénario
Réalisation
Performance des acteurs
Effets spéciaux
Musique
Divertissant
Un beau spectacle à voir au cinéma mais peu de chance que vous vous en rappeliez demain.
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