Afin de faire patienter les nombreux amateurs de la série The Witcher qui attendent avec impatience la saison 3, Netflix a concocté une minisérie en quatre épisodes qui se veut être la genèse de la célèbre franchise. Ceux qui ont suivi la série ou lu les romans connaissent bien l’événement capital qui est la Conjonction des Sphères, un phénomène apocalyptique qui a mené à l’apparition des monstres et des humains sur le Continent. On se retrouve à plus de 1200 ans avant les aventures de Geralt, dans un monde bien différent où ce sont les elfes qui sont au pouvoir. La série suit un groupe de sept guerriers qui osent se lever contre un empire tyrannique, un mage qui rêve de manier un pouvoir infini et une jeune impératrice à l’ambition dévorante. Est-ce qu’une série basée sur The Witcher sans Geralt peut capter l’attention ? La réponse est oui, mais avec quelques bémols.
- Créateurs : Lauren Schmidt Hissrich et Declan de Barra
- Distribution : Michelle Yeoh, Mirren Mack, Sophia Brown, Laurence O’Fuarain et Minnie Driver
- Service de diffusion : Netflix
- Nombre d’épisodes : 4
- Site officiel
La série démarre littéralement dans le feu de l’action. On retrouve le barde malchanceux Jaskier (Joey Batey) au beau milieu d’une bataille, mais au moment où il est sur le point d’être empalé, une mystérieuse force le projette bien loin de là. Sa sauveuse est une elfe (Minnie Driver) qui requiert comme seule compensation qu’il mette sur papier la Légende des Sept et les événements qui ont mené à la Conjonction des Sphères. À travers le récit, nous sommes transportés plus d’un millénaire dans le passé, sur un Continent dominé par les elfes. Ces derniers sont divisés en trois royaumes qui mènent une guerre interminable entre eux. Au moment où un des souverains se décide enfin à parler de paix et à convaincre ses adversaires à des pourparlers, l’assemblée est décimée par une créature surnaturelle. Cet assaut est mené par la jeune princesse Merwyn (Mirren Mack), sœur du roi, qui s’empare du pouvoir et se déclare à la tête d’un empire formé de l’union des royaumes déchus. Ce qu’elle ignore est qu’elle n’est en fait qu’un pantin et le pouvoir sera partagé entre les mages et l’armée, représentés par le sage Balor (Lenny Henry) et le général Eredin (Jacob Collins-Levy).
Pendant ce temps, aux confins du monde connu, la barde Éile (Sophia Brown) vit en clandestinité. Elle est la dernière représentante du clan du Corbeau, un groupe de guerriers qui s’étaient opposés à leur roi, le père de Merwyn, et qui avaient été massacrés jusqu’au dernier. Elle y est rejointe par un autre guerrier déchu, Fjall (Laurence O’Fuarain), membre du clan du Chien qui agissait en tant que protecteur de la famille royale. Fjall a été banni suite à sa liaison interdite avec Merwyn. Malgré leurs différents, leurs clans étant ennemis jurés, ils devront faire équipe lorsque tous les deux sont déclarés hors-la-loi et pourchassés par les troupes impériales. Leur périple les mènera à former un groupe de sept combattants disparates, la maîtresse de l’épée Scian (Michelle Yeoh), la naine Meldof (Francesca Mills), le brigand Callan (Huw Novelli) et les mages Syndril (Zach Wyatt) et Zacaré (Lizzie Annis).
Un scénario au rythme effréné, presque essoufflant
Comme c’était le cas pour les Anneaux du Pouvoir, la série Blood Origin ne se base pas sur des écrits déjà existants, mais fonde son intrigue sur des éléments des romans d’Andrzej Sapkowski et des jeux vidéo produits par CD Projekt Red. Les créateurs ont tenté de lever le voile sur les événements qui ont mené à l’arrivée des monstres et des humains sur le Continent, ainsi que la création du premier sorceleur (witcher). Le scénario parvient à expliquer plutôt clairement l’histoire, mais ceux qui ont déjà des connaissances sur l’univers Witcher apprécieront certainement plus, tout en étant probablement plus critiques de certaines libertés que les auteurs ont prises. Un élément qui vient un peu gâcher le scénario est le nombre d’épisodes de la minisérie. Les auteurs ont dû intégrer à la fois la mise en place de l’intrigue, la présentation des personnages et le dénouement dans un court laps de temps, ce qui donne à l’ensemble un sentiment de précipitation. Si on passe un temps relativement long avec certains personnages comme Éile, Fjall et Merwyn, d’autres demeurent flous, comme Callan et Meldof. Ils se joignent à la troupe des héros très rapidement et sans vraiment de raisons valables.
Là où la série se démarque est au niveau des décors et des scènes de combat. La production a été faite en grande partie en Islande et au Royaume-Uni et bénéficie grandement des magnifiques paysages de ces deux pays. Que ce soit les falaises escarpées battues par les vagues ou les plaines vertes qui s’étendent à perte de vue, on se prend à rêver de voyager dans ces contrées fantastiques. Les chorégraphies pour les scènes d’action sont exceptionnelles et utilisent des plans suffisamment éloignés pour qu’on puisse voir ce qui se passe. La comédienne Michelle Yeoh, qui est une habituée des films d’action, nous montre toute l’étendue de son talent dans des combats qui ressemblent presque à une danse. Une danse sanglante où l’hémoglobine jaillit en quantité très généreuse. La série est définitivement pour un public adulte, mais contrairement à Game of Thrones, cela est justifié que par le niveau de violence. Les rares scènes d’intimité sont très pudiques, ce qui est presque rafraîchissant après la surenchère de nudité de la célèbre série basée sur les romans de George R. R. Martin.
Des acteurs de talent, des scènes d’action impressionnantes et des décors fabuleux
La qualité du jeu d’acteurs est très bonne pour la majorité des comédiens. Quelques répliques sont énoncées un peu trop dramatiquement, mais dans l’ensemble, la distribution fait un bon travail. Les comédiens principaux qui incarnent Éile et Fjall sont particulièrement à souligner et on croit que leur relation passe de l’hostilité à la camaraderie, même si la transition est un peu précipitée. Ce qui joue contre eux, encore une fois, est le nombre très limité d’épisodes qui donne à la série son rythme effréné. L’ajout d’un ou deux épisodes de plus aurait permis d’espacer l’intrigue et nous faire mieux connaître les personnages.
En conclusion, The Witcher : Blood Origin offre aux amateurs de la franchise un peu plus de développement sur son univers et donne des réponses à leurs nombreuses questions sur ses origines. On aurait apprécié un rythme un peu moins essoufflant et un plus grand développement au niveau des personnages. La distribution fait un bon travail, les scènes de combat sont impressionnantes et les décors sont spectaculaires. Malgré son scénario décousu et précipité, la série est à recommander aux amateurs à la fois de la franchise et au genre médiéval-fantastique.
The Witcher : Blood Origin
Scénario
Jeu des acteurs
Scènes d'action
Décors et effets spéciaux
Visuellement superbe, mais un rythme essoufflant
La minisérie The Witcher : Blood Origin tente de lever le voile sur la genèse de la franchise, mais avec trop peu d'épisodes.