The Running Man – Un film de Richard Bachman

Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’héritage du cinéma d’Arnold Schwarzenegger de 1987 a le vent en poupe cette année ! Après deux films se présentant comme des suites à Predator, c’est au tour d’Edgar Wright (Hot FuzzBaby Driver) de nous proposer une relecture de The Running Man plus proche du livre de Stephen King dont le film de ’87 était lui aussi adapté.

Malheureusement, il se pourrait bien que cela se soit fait au détriment de ce qui rendait le cinéma d’Edgar Wright spécial. En effet, si vous souhaitiez voir ce film en espérant y retrouver ce qui a attiré le public vers la Trilogie Cornetto, vous risquez d’être déçus. Par contre, si vous êtes un amateur du roman éponyme de King et que vous désespériez de voir un jour une adaptation cinématographique plus fidèle de ce dernier que le film de Monsieur Univers, vous êtes bien tombé.

The Running Man : un film de Richard Bachman

The Running Man
Affiche de The Running Man 2025
  • Studio : Paramount Pictures
  • Réalisateur : Edgar Wright
  • Distribution : Glenn Powell, Josh Brolin, Emilia Jones
  • Genre : Action, Science-Fiction Anticipative, Comédie
  • Durée : 133 minutes
  • Date de sortie : 5 novembre 2025
  • Classement : R

Synopsis

The Running Man nous transporte vers un future proche dans lequel Ben Richards participe à « The Running Man », un jeu télévisé ultra-violent. Une décision qu’il prend afin de pouvoir récolter de l’argent de le but de payer des médicaments pour soigner sa fille grippée. En effet, quiconque gagne le jeu se voit offrir la somme d’un milliard de nouveaux dollars. Cependant, pour y arriver, il faudra survivre 30 jours alors même que le pays entier tente de vous tuer. À cela s’ajoute les chasseurs, un groupe de cinq individus entrainés, possédant des fonds illimités et vivant uniquement pour tuer les participants du jeu. Bien heureusement, lors de ce mois, Richards aura la chance d’être aidé par plusieurs citoyens ne portant pas le Réseau, l’entité commercial possédant plus ou moins tout, dans leurs cœurs. Tout cela sera propice à beaucoup de scènes d’action viscérales à la violence décomplexée, mais avares en inventivité cinématographique.

Analyse – Quelles attentes devriez-vous avoir ?

Bien que Wright nous ait habitué dans ses films précédents à des scènes nerveuses en tout temps, même dans la représentation des actes les plus quotidiens, force est de constater que cette caractéristique est absente de The Running Man. Les scènes d’actions et de fusillades, bien qu’efficaces, sont ici plus convenues en terme de mise en scène. Le seul instant où j’ai eu l’impression de retrouver la patte d’Egdar Wright est dans une scène de combat se déroulant dans le cockpit d’un avion, vers la fin du film. C’est presque uniquement là que j’ai retrouvé la réalisation nerveuse et au cœur de l’action qui m’avait tant plu dans Hot Fuzz. Cela n’est pas non plus aidé par des effets spéciaux peu convaincants par moment, ce qui est une première pour le réalisateur britannique. 

Également, je trouve la fin un peu expédiée : elle passe d’une situation très difficile pour Richards à ce dernier en position de force, un peu trop aisément, à mon avis. Le film aurait gagné à avoir 10 minutes supplémentaire afin d’instaurer une fin plus satisfaisante qu’un bris littéral du quatrième mur où un personnage rencontré au début du jeu nous explique comment Ben s’en est sorti. Bizarrement, ce n’est pas la première fois qu’une adaptation de King voit sa fin changée pour une autre plus joyeuse. Malheureusement, là où la conclusion de Cujo (1983) aurait apparemment été améliorée par rapport à sa version écrite, ce n’est malheureusement pas le cas ici. Cependant, la fin du roman ressemblant un peu trop aux attentats du World Trade Center, je comprend parfaitement pourquoi il était nécessaire de la changer, ne serait-ce que pour une question de bon goût. Ou peut-être serait-ce le studio, refroidit par une fin si gênante, qui aurait demandé de modifier la fin ? Je ne saurais dire.

The Running Man scène d'action
Une scène d’action un peu convenue.

Heureusement, le film maintient un propos qui ne semble pas avoir tant évolué depuis les années 80, mais qui reste désespérément d’actualité : la critique des médias et de l’industrie du divertissement. Hier, c’était la télévision, aujourd’hui, ce sont les réseaux sociaux, mais dans les deux cas, les métrages en profitaient pour également dénoncer l’instrumentalisation du public. Une masse malléable et inhumaine prête à haïr un parfait inconnu, sous prétexte qu’un homme à la télévision ou au téléphone lui a dit. Les nombreuses scènes où Richards se fait assaillir par des inconnus tentant de le filmer avec leurs téléphones intelligents rétro-futuristes ainsi que celle où il hurle en implorant qu’on arrête de le filmer sont riches de sens à ce sujet, d’ailleurs. Le film en profite même pour démontrer avec quelle aisance le deepfake peut servir un argumentaire fallacieux. Certes, cet aspect était déjà présent dans le film de ’87 ainsi que dans le livre, mais il voit son sens décuplé aujourd’hui de par les avancées technologiques auxquelles nous avons eu droit dernièrement.

Donc, malgré le fait que le film ne fut pas ce que je souhaitais qu’il soit, ce à quoi j’ai eu droit ne m’a pas nécessairement déplu. Je me dois de reconnaitre que l’absence des motifs de réalisation de Wright ne font pas de The Running Man un mauvais film. En effet, le métrage m’a mis sans difficulté dans la peau de son protagoniste, car tout le long du visionnement, je me suis senti stressé, anxieux, sur le qui-vive et prêt à prendre mes jambes à mon cou. Une ambiance de traque plane sur ce film et ce, avant même que Richards ne participe au jeu. Nous sentons que sa vie est un combat constant, une course sans fin où les possibilités de survie ne sont pas prévues par les infrastructures sensées les offrir. Ben est obligé de faire de la lèche à son ancien patron afin de se faire réembaucher, sa femme est forcée de travailler vingt heures par jours afin de subvenir à leurs besoins et les seuls médicaments qu’ils peuvent offrir à leur fille afin de calmer sa fièvre sont achetés sur le marché noir.

Également, comme énoncé plus haut, le seul crime des scènes d’action de ce film est qu’elles ne « font » pas Edgar Wright, mais si un réalisateur moins prestigieux, comme David Ayer, nous avait offert ce film, le monde aurait crié au génie. Car en effet, efficace est peut-être un faible mot pour chanter les louanges de quelque chose, reste qu’aucune scène d’action ne m’a laissée sur ma faim. Elles ont du rythme, des chorégraphies inventives et se permettent parfois très peu de coupes inutiles. Elles manquent simplement un peu de folie.

Tout cela est sublimé par le jeu de l’interprète de Ben Richards. Effectivement, Glenn Powell est parfait dans son rôle d’animal extrêmement violent, car pris dans un piège. Parfois même jusqu’au ridicule comme lorsqu’il est qualifié par une sous-fifre du réseau comme l’homme le plus en colère qu’ils n’aient jamais analysé en termes purement quantitatifs. Fort heureusement, le film sait bien gérer la situation en parant Powell d’un sourire forcé presque caricatural et en lui donnant la réplique la plus drôle du film, que je vous laisse découvrir. L’expressivité faciale de Powell est pour moi le meilleur aspect de son jeu.

Seulement voilà, mis à part le fait que le film soit une comédie d’action possédant quelques scènes de castagne ponctuées par de la musique, rien ne pourra faire deviner à qui que ce soit que ce film est du même réalisateur que la Trilogie Cornetto. Il est de mon avis que de penser à ce film comme un film d’Edgar Wright est le desservir, dans le sens où c’est mettre trop d’attente à son égard.

Alors quoi ? Comment le voir ? Comme un remake du film de 1987 ? Cela est probablement une mauvaise idée également. Certes, le film auquel nous avons eu droit en ce mois de novembre pioche quelques éléments chez son aïeul, tel que le traitement de Richards qui est ici un héros, alors qu’il est plutôt pathétique dans le bouquin. Néanmoins, il faut admettre que si elles portaient des noms différents, il serait difficile d’établir un lien de parenté entre les deux oeuvres. S’il fallait trouver un jumeau cinématographique au film de 2025, il vaudrait mieux se tourner vers Le Prix du Danger d’Yves Boisset sorti en 1983, bien que le traitement du concept soit, encore une fois, très différent entre les deux oeuvres.

The Running Man référence
Petite référence à Arnold Schwarzenegger.

Comme une adaptation de Stephen King alors ? L’on pourrait bien, après tout The Running Man 2025 se vend comme une version plus proche du livre d’origine que son homologue des années 80. Le livre ayant été écrit par King, le cataloguer de la sorte semble être une évidence. Mais ce serait oublier que le livre a été écrit sous le nom de plume « Richard Bachman » que King utilisait afin de vérifier si le public serait toujours au rendez-vous s’il écrivait dans un style différent et sans l’aspect vendeur que son nom avait déjà obtenu à l’époque. Ce qui veut dire que cette histoire n’est typiquement pas ce que l’on peut attendre d’une histoire née de l’imagination de King. Le fantastique, l’horreur, les monstres et les démons sont ici restés à la porte. En réalité, le livre The Running Man fait moins penser à du King qu’à du K. Dick.

Au final, s’il fallait cataloguer ce film en fonction de sa parenté, la meilleure des choses serait de le définir comme un film adapté d’un Stephen King tentant de s’éloigner de ce qui fait de lui Stephen King dans l’oeil du public. Un film certes très divertissant et toujours bon en ce qui concerne l’ambiance tendue, malgré quelques lacunes au niveau de la fin, mais pas un film d’Edgar Wright. Un film qui aurait pu être réalisé par un artisan compétent, mais impersonnel. Un film, de Richard Bachman.

J’aime

  • Glenn Powell
  • La tension
  • L’action

J’aime moins

  • La fin
  • Le muselage d’Edgar Wright
  • Certains effets spéciaux

The Running Man

Scénario
Réalisation
Performance des acteurs
Effets spéciaux
Musique

Plutôt bon

Un divertissement honnête et généreux si on le prends pour ce qu'il est et pas ce qu'il aurait pu être.

À propos de Ambroise Marthet

Je suis un geek cinéphile, amateur de science-fiction, de fantasy, d’horreur et de nombreux autres genres mineurs. Mon film préféré est Alien de Ridley Scott, et est la raison pour laquelle j’ai entrepris un parcours universitaire en cinéma. Je suis également fan de comics, de jeux vidéo et musicien à mes heures perdues. Néanmoins, le cinéma est de loin le médium par lequel je consomme le plus de culture geek.

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