Popcorn : bag building et placement d’ouvriers sont à l’affiche

J’adore tester un jeu d’un auteur que je ne connais pas. Ainsi, je n’arrive pas avec des idées préconçues ou des attentes. Victor Saumont en est seulement à son deuxième jeu, vous ne serez donc pas surpris d’apprendre que je ne le connaissais pas. Popcorn m’a tout de suite attirée avec sa thématique de gestion de cinéma. Mais, en avait-il assez à présenter pour m’impressionner ? C’est ce que vous allez découvrir dans ma critique.

• Auteur : Victor Saumont
• Illustrateur : Emilien Rotival
• Éditeur : IELLO
• Nombre de joueurs : 2 à 4
• Durée : 60 min
• Année : 2025
• Prix : 54,99$
• Page officielle du jeu
• Page BoardGameGeek

Matériel

Dans la boîte de Popcorn, de taille moyenne, on retrouve :

• 4 cartes Film de départ, 44 cartes Film, 1 carte Dernière séance, 4 cartes Aide de jeu, 26 cartes Label
• 4 plateaux Cinéma, 1 plateau Réclame
• 12 glissières File d′attente (3 par plateau)
• 1 tuile Films de la semaine, 1 tuile Films en avant-première, 28 tuiles Salle
• 1 pion Premier joueur, 60 pions Spectateur (20 blancs, 10 bleus, 10 rouges, 10 jaunes, 10 verts)
• 86 jetons Popcorn, 12 jetons Réclame, 43 jetons Dollar ($)
• 4 pots à Popcorns
• 4 cubes Affluence
• 2 trophées Salle
• 4 sacs en tissu
• 50 feuilles de score

Il n’y a pas un centimètre de trop dans cette boîte, elle est bien remplie et tout est facile à ranger grâce aux compartiments prévus à cet effet.

J’aurais fait un petit changement au niveau du matériel, bien que celui-ci soit vraiment original et de qualité. Ce serait au niveau des cartes Film qui se glissent dans notre plateau cinéma, mais elles passent juste, ce qui pourrait éventuellement les abimer. Je leur aurais donné juste un peu plus d’espace. Mais j’aime beaucoup le concept.

Comment jouer

Dans Popcorn, les joueurs gèrent chacun leur cinéma et rivaliseront pour attirer les spectateurs afin qu’ils viennent visionner leurs films. À chaque tour, vous pouvez vous procurer une salle et un film, en plus d’activer vos jetons Réclame, servant à attirer des spectateurs (des meeples à placer dans votre sac) ou même en voler à vos concurrents. Si vous réussissez à placer les spectateurs dans les bons sièges et les associer aux bons films (selon leurs goûts), vous activerez des pouvoirs spéciaux et gagnerez des bonus de films. Remplissez les objectifs que vous avez pioché (cartes Label), afin de vous assurer un maximum de points en fin de partie.

Mais n’oubliez pas de renouveler votre programmation, car les films à l’affiche deviennent de moins en moins intéressants pour les spectateurs. Assurez-vous d’en ajouter de plus récents pour faire plaisir aux spectateurs et ainsi récolter plus de points. Je vous montre un exemple de film ci-dessous, mais rassurez-vous. Le texte sur les cartes est en français. Vous vous amuserez à découvrir de quels films les cartes sont inspirées. Ce n’est pas toujours aussi facile, je vous le garantis !

Mécaniques et thématique

Ah, le bag building ! Une belle mécanique, moins utilisée dans les jeux que celle de deck building. On retrouve entre autres le bag building dans Orléans, qui a d’ailleurs inspiré Victor Saumont, l’auteur de Popcorn, comme on peut le lire dans son carnet d’auteur.

La mécanique de placement d’ouvriers, une de mes préférées, est bien utilisée. Le fait de changer sa programmation de films change les actions possibles au courant de la partie, ce n’est donc jamais redondant. C’est un aspect du jeu qui est grandement positif !

Côté thématique, je crois qu’elle a vraiment été maximisée dans le choix du matériel. Les points sont des grains de popcorn de différentes couleurs, selon le nombre de points (1, 3 ou 5). On les accumule dans notre pot à popcorn ; très original !

Mais attention ! Il y a aussi du popcorn sur les jetons Dollar. Comme au cinéma, il y a du popcorn partout !

Le vieillissement des films a été intégré de manière très crédible et très intéressante au jeu : une glissière File d’attente est posée sur ceux-ci et recouvre progressivement les actions disponibles.

Les films disponibles à l’achat sont disposés en deux rangées, représentées par deux tuiles : les Films en avant-première et les Films de la semaine. Lorsqu’on renouvelle l’offre, les Films de la semaine sont retirés pour être remplacés par les Films en avant-première, qui eux, sont remplacés par de nouvelles cartes Film.

Un rafraîchissement des tuiles Salle aurait été appréciable, particulièrement à deux joueurs. En effet, si on n’achète pas de tuiles Salle, on n’en révèle pas de nouvelles. Quelqu’un qui ne verrait pas à sa disposition de sièges d’une couleur précise pourrait se voir forcé d’acheter pour faire bouger l’offre de salles en sa faveur, ou tout simplement laisser tomber cette couleur de film pour l’instant.

Il s’agit d’un jeu où il est possible d’aller à la pêche aux objectifs, soit maximiser les actions permettant d’aller chercher des cartes Label. En effet, cela pourrait vous permettre d’aller chercher une carte, qui, en fin de partie, vous rapportera par exemple 8 points sans que vous n’ayez rien à faire, comme il m’est arrivé. Ce qui est important dans le jeu, c’est de construire sa machine à points de la façon la plus efficace possible.

Plaisir

Dans Popcorn, on n’est jamais bloqués, peu importe la couleur de Spectateurs que l’on pioche, grâce aux actions de Siège et de Film. Le risque pourrait être de manquer d’argent, il faudra donc bien planifier nos achats afin qu’ils nous rapportent de l’argent lors de nos tours subséquents. Particulièrement à trois ou quatre joueurs, car il n’y a pas plus de choix de cartes même s’il y a plus de joueurs : il y a toujours six films disponibles à l’achat. Si on est le quatrième joueur à choisir, les choix sont plus limités, il pourrait donc ne plus rester de film gratuit, et si l’on n’a plus d’argent et aucune action qui nous en rapporte, cela pourrait s’avérer problématique. Toutefois, le quatrième joueur commence la partie avec 8 dollars plutôt que 5 dollars pour le premier joueur. Aussi, les sièges de départ imprimés sur son plateau joueur fournissent de l’argent, il faudrait donc les avoir recouvert par d’autres sièges pour ne plus y avoir accès. Il est donc assez facile d’éviter de se retrouver sans le sou.

Toutefois, il est moins facile de gérer son sac en fonction de piger les Spectateurs des bonnes couleurs au bon moment. Il faudra utiliser ses jetons Réclame à un moment bien choisi, comme celui où notre sac est vide ou presque vide. Mais cela fait la beauté de la mécanique !

Le fait que les points soient cachés, autant ceux amassés en cours de partie que ceux sur les cartes Label, ajoute du suspense à la partie et fera du dévoilement des points un moment tant attendu.

Durée et rejouabilité

Popcorn pourrait perdre rapidement du plaisir de la découverte par le fait qu’on verra passer la quasi-totalité des cartes lors d’une partie. En effet, la fin de la partie est déclenchée par le dévoilement de la carte Dernière séance, soit lorsque la pioche est presque épuisée. Mais, le renouveau apporté par la construction de son sac, les combinaisons d’actions et les cartes Label est suffisant pour nous garder sur le bout de notre siège.

Dans Popcorn, la phase 2 d’un tour peut se réaliser simultanément pour tous les joueurs. C’est la phase où on effectue ses actions, on peut donc la réaliser dans l’ordre du tour si on préfère observer les actions faites par les autres joueurs.

En conclusion

Popcorn a rassasié mon envie de nouveauté. En effet, il est assez unique en son genre pour gagner sa place dans ma bibliothèque ludique. J’ai a-do-ré découvrir ses cartes de films et m’amuser à deviner quels films elles parodiaient. Cela créait assurément une interaction agréable entre les joueurs. La mécanique de bag building, elle, se prêtait totalement bien à la thématique. Il est intéressant d’avoir le contrôle sur le contenu de son sac (et parfois même sur celui de ses adversaires) au moyen de certaines actions permettant d’y ajouter des Spectateurs.

La copie de Popcorn a été fournie par IELLO.