Le Marvel Cinematic Universe (MCU) continue d’étendre sa domination telle les tentacules du sinistre groupe Hydra. Le dernier film en liste est le prochain chapitre très attendu mettant en vedette la personne de Dr Stephen Strange. Chirurgien brillant et maître des forces occultes, ce dernier devra faire usage de tous ses pouvoirs afin de ne pas seulement sauver notre univers, mais également tous les univers qui forment le multivers. Cette nouvelle aventure est rocambolesque, avec une histoire parfois décousue, mais avec un bon mélange d’humour, d’action et, une première pour le MCU, d’horreur. Les amateurs seront probablement ravis du résultat final, mais il est important d’avoir au préalable une solide connaissance de plusieurs titres précédents du MCU pour s’y retrouver.
- Réalisateur : Sam Raimi
- Scénario : Michael Waldron
- Distribution : Benedict Cumberbatch, Elizabeth Olsen, Chiwetel Ejiofor, Benedict Wong et Xochitl Gomez
- Durée : 2 heures 6 minutes
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Le film débute littéralement sur le chapeau des roues alors que l’on retrouve un Dr Strange (Benedict Cumberbatch) provenant d’un autre univers en compagnie d’une jeune fille, America Chavez (Xochitl Gomez). Celle-ci dispose d’un pouvoir jusque-là jamais vu dans le MCU, celui de pouvoir passer d’un univers à un autre. Le problème est qu’elle n’arrive pas à le contrôler et y fait appel uniquement par accident lorsqu’elle est effrayée. Elle et Strange tentent de mettre la main sur un grimoire de légendes qui donnerait des pouvoirs exceptionnels au magicien qui mettra la main dessus. Malheureusement, une entité démoniaque les poursuit et parvient à éliminer Strange. Chavez, terrifiée, brise les barrières entre les différents univers et aboutit dans le nôtre. Elle devra alors faire équipe avec le Dr Strange de notre univers afin de recréer les frontières entre les univers et prévenir une catastrophe.
De son côté, Wenda (Elizabeth Olsen), une ancienne Avengers, se languit du bonheur qu’elle s’était créée artificiellement avec son amoureux, Vision, ainsi que leurs enfants. Laissant libre cours à son chagrin et sa colère, elle utilise un autre grimoire magique, celui-ci interdit, et adopte complètement sa nouvelle identité de la Sorcière Écarlate. Disposant de pouvoirs exceptionnels, elle voit en le pouvoir de America le moyen d’accéder à un univers où elle vit heureuse avec sa famille. Sachant que le multivers court un grand danger si Wanda met la main sur le pouvoir de Chavez, Dr Strange et Wong, maintenant le Sorcier Suprême, feront tout en leur pouvoir pour lui barrer le chemin.
Une histoire aussi disjonctée que le multivers !
Tel que mentionné plus tôt, il est nécessaire d’avoir vu plusieurs des titres précédents du MCU, en particulier la série Wanda-Vision disponible sur Disney+. Ceux qui ne l’auront pas fait risquent d’être très confus devant les changements apportés au personnage de Wenda/Sorcière Écarlate. Il est aussi nécessaire d’être passablement à jour dans la chronologie du MCU, une tâche qui devient de plus en plus lourde vu le nombre toujours grandissant de projets se déroulant dans cet univers. L’histoire du film devient vite décousue, ce qui n’en fait pas nécessairement une faiblesse étant donné le sujet de voyager entre différents univers. En plus des différents environnements qui meublent tous ces univers, ceux-ci sont également peuplés avec des versions alternatives de chacun des personnages, ce qui ajoute encore à la confusion. Le rythme du film demeure assez constant, à l’exception d’une section aux environs du milieu du film où l’histoire s’étire un peu.
Le réalisateur du film, Sam Raimi, est un vétéran de l’univers Marvel, ayant réalisé la trilogie des films Spider-Man avec l’acteur Tobey Maguire. Il revient à la barre d’un film de la compagnie après une absence de presque quinze ans et on perçoit rapidement son influence sur la saveur du film. Il a encore une fois fait appel au populaire comédien Bruce Campbell dans une apparition surprise courte mais hilarante. Aussi, il injecte au film une solide dose d’horreur, une facette jusqu’alors très peu explorée dans le MCU. Certaines scènes pourraient être effrayantes pour un public plus jeune et ceux qui n’aiment pas faire le saut devraient s’armer de courage car le film inclut quelques moments de suspense suivi d’un instant effrayant. Aussi, plusieurs apparitions surprises sont fort bien intégrées à l’intrigue et l’on revoit avec bonheur plusieurs visages familiers, dont nous tairons l’identité, bien entendu.
Un titre du MCU qui bénéficie d’une distribution exceptionnelle
Toute la distribution est encore une fois au sommet de sa forme. Benedict Cumberbatch a su si bien endosser le costume et la cape du célèbre magicien et son sens de la répartie est égal à ses prouesses physiques. Elizabeth Olsen est exceptionnelle dans le rôle d’une femme déchirée par le chagrin et qui est prête à tout pour retrouver son bonheur auprès de ses enfants. Elle parvient à rendre la Sorcière Écarlate sympathique malgré les atrocités qu’elle causera sur son chemin vers son but ultime. La jeune Xochitl Gomez est surprenante dans un rôle pas évident à jouer. On croit sincèrement à sa confusion et son manque de confiance envers les personnages de notre univers après avoir été utilisée par d’autres versions de ces derniers. Avant la sortie du film, plusieurs publications ont fait mention que son personnage faisait partie de la communauté LGBTQ+, mais à l’exception d’une épinglette aux couleurs du drapeau de la fierté gaie et d’un flashback où l’on apprend qu’elle a été élevée par deux femmes, le film n’y fait à peu près aucune mention. Le reste de la distribution font tous un excellent travail et il est agréable de retrouver certains acteurs dans des versions alternatives des rôles qui les ont rendus célèbres.
Les séquences d’action font encore une fois un usage presque abusif des images de synthèse par ordinateur, mais ici le bât ne blesse pas autant car l’environnement est souvent modifié par le passage d’un univers à un autre. Aussi, pratiquement tous les personnages du film font usage de pouvoirs surnaturels qui ne seraient pas possibles sans la technologie d’aujourd’hui. Malgré cela, quelques séquences poussent celle-ci un peu trop loin et le film ressemble à une cinématique de jeu vidéo. Par contre, la séquence où la Sorcière Écarlate attaque le monastère où les acolytes apprennent les arts de la magie est tout simplement spectaculaire. La musique du film est composée par Danny Elfman, celui qui nous avait donné les thèmes inoubliables des Batman de Tim Burton. On y retrouve son style où il mélange la musique de foire avec des notes discordantes qui rajoutent à l’aspect disjoncté du film. On aurait difficilement imaginé un autre compositeur que Elfman pour donner vie à cet univers débridé.
Dr Strange in the Multiverse of Madness est une entrée appréciable dans le MCU, dont les forces sont définitivement supérieures à ses faiblesses. Malgré cela, le film ne représente pas à notre avis un des meilleurs titres du MCU, mais il représente tout de même un divertissement appréciable et les séquences d’action et d’effets spéciaux valent de le voir en salles de cinéma. Comme toujours, restez bien assis lorsque le générique commence car le film maintient la tradition d’avoir des scènes d’épilogue qui donne un très bref aperçu d’un des projets futurs de Marvel.
Cette critique a été écrite suite à un visionnement spécial sur invitation de Disney et Marvel Studios.
Dr Strange in the Multiverse of Madness
Scénario
Performance des acteurs
Bande sonore
Effets spéciaux
Décoiffant, désorientant, décousu
La distribution exceptionnelle permet d'élever le film au-dessus de son scénario quelque peu décousu.