Disenchantment : la magie de Groening n’opère pas

La bande-annonce de Disenchantment était fort prometteuse : voilà une nouvelle sitcom satirique produite par Matt Groening, le père des immortels Simpson et de Futurama, qui s’attaque cette fois aux univers de cape et d’épée ! Et sur Netflix, qui plus est, de quoi s’attendre à une ode décapante sur notre fascination du médiéval… Malheureusement, les dix premiers épisodes mis en ligne déçoivent.

A priori, l’idée est excellente. À une époque où les histoires de chevaliers captivent encore par millions, de Game of Thrones à The Witcher, en passant par The Elder Scrolls et Outlander, d’aucuns auraient pu croire que les objets de satire et de détournement ne manqueraient pas… Et c’est là que Disenchantment rate complètement la cible.

Une blague d’Hansel et Gretel, quelqu’un ? C’est tellement 1812…

Alors que Les Simpson s’attaquent au mode de vie américain ainsi qu’à ses grandes institutions, et que Futurama fait de même, dans une moindre mesure, en jetant un regard dystopique sur une Amérique du futur toute conquérante jusque dans l’espace, Disenchantment tente de nous replonger dans les contes de notre enfance, en sautant d’un cliché médiéval à un autre, sans jamais parvenir à nous faire éclater de rire.

On suit les mésaventures de la princesse Beany, qui préfère boire jusqu’à plus soif et agir en parfaite petite délinquante, que de voir à ses obligations royales : obéir à son père, le roi sanguinaire et ringard, se marier contre son gré, être respectable, et tout le tralala… La Princesse Astronaute rencontre Jessica Jones, en quelque sorte. Les créateurs parlent d’un hymne au féminisme, mais selon moi, si c’est véridique, il s’avère tout à fait insuffisant.

Bien sûr, comme la tradition le veut dans ce genre de distribution, notre princesse est accompagnée de complices hauts en couleur : Fry avait Bender, le robot toxicomane (Futurama) ; Stan a Roger, l’extraterrestre déjanté et travesti (American Dad) ; Peter a Brian, le chien savant et orgueilleux (Family Guy) ; et Beany, elle, a Luci, son démon personnel (que tout le monde prend pour un chat), ainsi qu’Elfo, un elfe un peu andouille, mais ô combien loyal.

Disenchantment : la magie de Groening n'opère pas
Luci est probablement, avec le roi, le personnage qui vous fera le plus sourire (et non rire, s’entend) dans cette fable fantastique un peu rebelote et hautement prévisible. (Elfo, Beany et Luci) © Netflix

 

Les dix épisodes de cette première saison ont chacun leur thématique – comme on nous a toujours habitués avec ce genre de sitcom – mais ils sont soutenus par une trame narrative, une histoire de fond, qui se terminera par une chute dramatique au dixième épisode, question de nous préparer à la deuxième partie. Le reste ne semble être qu’un prétexte pour faire des blagues sur la mort (omniprésente à l’époque, on comprend !) et la consommation excessive d’alcool. Rien vraiment qui n’a pas déjà été fait mille fois, et en mieux).

Disenchantment, opportunité manquée ?

C’est regrettable, quand on y pense. En passant du petit écran au web, avec toute la liberté que cela lui conférait, Groening avait l’opportunité d’arriver avec un concept encore plus disjoncté et tordu que ce qu’on lui connaissait. Mais avec Disenchantment, aucune limite n’est repoussée et la plupart des gags tombent à plat. On sent l’effort, qui n’est pas toujours victorieux. Même les références culturelles au monde contemporain sont douteuses. Cela dit, il s’agit d’une impression bien personnelle, puisque beaucoup d’autres spectateurs semblent avoir apprécié.

Il reste encore un peu d’espoir. Une première saison sert principalement à introduire et à mettre en place les personnages et l’univers, ce qui peut parfois rendre le scénario un peu lourd, en laissant moins de place aux situations intéressantes. C’est peut-être le cas ici. Et puis, si vous retournez regarder les premières des Simpson, de Family Guy et de South Park, vous trouverez probablement que Disenchantment n’a rien à leur envier.

Sur une note positive, les dessins et l’animation de Matt Groening (sa marque de commerce), sont impeccables, efficaces et tape-à-l’oeil. Aussi, si vous êtes de ceux qui aiment s’attarder aux détails, vous trouverez dans Disenchantment une pléthore de clins d’oeil et de références amusantes dans les arrière-plans, si vous êtes bien attentifs.

Scénario
Humour
Dessin et animation

En attendant la 2e partie...

À propos de Shawn Sirois

Les jeux, le cinéma, la lecture et la musique ont tous un point en commun, ils nous transportent ailleurs. Comme une drogue! Je m'intéresse à tout ce qui fait qu'une expérience est immersive et qu'elle nous permet, le temps d'une dose, de voyager et de vivre des émotions sans bouger de chez soi. Je m'intéresse aussi à la culture en tant que vecteur unique pour l'apprentissage des sciences naturelles et sociales. Comme mode de vulgarisation scientifique, on ne fait pas mieux!

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3 commentaires

  1. En effet la série n’est vraiment pas accrocheuse, après quelques épisodes déjà l’histoire devient lassante, on ne s’attache pas vraiment aux personnages, les gags sont lents, ça pourrait plus plaire à de jeunes enfants qu’à de jeunes adultes à l’esprit aiguisé. Rien à voir avec les simpsons. Je préfère DE LOIN la nouvelle série Final Space sur netflix, beaucoup plus punché et on s’attache vraiment aux personnages!

    • Bonjour Jean-Michel! En effet, en visionnant, j’ai également eu cette réflexion: est-ce que c’est destiné aux enfants? Jusqu’aux blagues de sexe, drogues et rock’n’roll, qui m’ont convaincu du contraire… Je n’ai pas encore eu le temps de m’attaquer à Final Space, c’est sur ma liste! Au plaisir.

  2. Je ne sais pas si la traduction française est simplement mauvaise, mais je trouve qu’en anglais, la série est excellente. J’ai eu plusieurs éclats de rire même si ce n’est pas toujours nouveaux. Il faut évidemment apprécier le cynisme, le sarcasme et la stupidité. Ça accote pas Rick and Morty, mais c’est dans la même idéologie, version médiévale.

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