En 1992, le genre de jeu « survie et horreur » voyait le jour avec Alone in the Dark. Dans ce jeu à la troisième personne, on y incarnait un personnage qui explore une vaste demeure supposément hantée. Ce classique a introduit plusieurs innovations comme des personnages en 3D faits de polygones qui se déplacent dans leur environnement à l’aide d’une caméra fixe (les célèbres tank controls). Malgré son succès, la série n’a jamais su se remettre sur pied et les suites devenaient de plus en plus décevantes. Maintenant, plus de trente ans plus tard, nous avons droit à une refonte complète du jeu original, avec les technologies modernes. Est-ce que le jeu a su survivre aux affres du temps ? La réponse est à la fois oui et non.
- Studio de développement : Pieces Interactive
- Éditeur : THQ Nordic
- Plateformes disponibles : PS5, Xbox Series X/S et PC
- Plateforme de test : PS5
- Classement ESRB : M
- Prix : 59,99$
- Site officiel
- Page Steam
Derceto est une ancienne plantation située près de la Nouvelle-Orléans. Cette demeure au passé trouble a servi récemment de lieu de repos et de soins en santé mentale, mais elle est supposée avoir été abandonnée il y a quelques temps. Il semblerait que les rumeurs étaient fausses lorsque Emily Hartwood reçoit une lettre de détresse de son oncle qui proviendrait de cet endroit. Accompagnée d’un détective privé, Edward Carnby, Emily se rend sur place afin de s’assurer que son oncle va bien. C’est un immeuble en ruines, recouvert de la végétation du bayou qui accueille le duo et un assortiment de patients et de membres du personnel qui leur offrent un accueil glacial. Faisant fi des avertissements, Emily et Edward décident de s’aventurer dans Derceto et de percer ses nombreux mystères.
Tout comme c’était le cas avec le jeu original, Alone in the Dark nous donne le choix d’incarner l’un ou l’autre des personnages principaux. Contrairement au jeu précédent, où chacun des personnages explorait la plantation dans sa propre aventure, cette nouvelle mouture place les deux héros ensemble. Cependant, ils passeront la majorité du temps séparés, soit par des événements surnaturels ou simplement par leur choix. Le jeu offre donc deux aventures où l’issue de l’histoire est la même, mais où l’aventure qui y mène est différente.
On y joue à la troisième personne avec vue au-dessus de l’épaule, ce qui est le standard pour ce genre de jeu depuis le classique Resident Evil 4. La majorité du temps est voué à l’exploration du manoir Derceto. Chaque pièce contient des objets à découvrir, des puzzles à résoudre ou des ennemis à combattre. On peut y trouver des écrits laissés par les habitants qui contiennent des indices pour résoudre une énigme ou qui donnent des détails sur l’histoire du manoir et les raisons pour lesquelles chacun des patients y a été accueilli. Cette portion du jeu est la plus intéressante, on a un vrai plaisir à visiter les différentes pièces du manoir et mettre la main sur des objets de collection. Pour compléter le lot, il est nécessaire de jouer avec les deux personnages, certains objets n’étant accessibles que par l’un des deux.
Le manoir est une représentation de l’esprit fracturé de l’oncle d’Emily, il arrive donc à l’occasion que notre personnage se retrouve projeté dans un environnement qui ne fait aucun sens comparé au reste de l’immeuble. On peut par exemple grimper les marches d’un escalier, pensant nous rendre dans le hall d’entrée pour finalement se retrouver au milieu d’un cimetière jonché de végétation. Il sera alors nécessaire de compléter une série d’épreuves afin de pouvoir retourner dans la réalité, le plus souvent avec un nouvel objet qui permet d’accéder à une nouvelle section de la demeure. Ces sections du jeu varient en durée, mais sont habituellement plutôt courtes.
Si l’exploration est agréable, il n’en est toutefois pas de même pour le système de combat. Les ennemis dans le jeu sont des être grotesques qui semblent venir tout droit de l’Enfer. Si leur apparence est repoussante, ils ne sont toutefois pas très effrayants. Ce qu’ils sont, par contre, est frustrant et désorientant. Une grande partie du jeu se déroule dans l’obscurité (comme son nom l’indique) et le faisceau de votre lampe de poche est très limité. Les ennemis ont la fâcheuse tendance à surgir au moment où le joueur fait un pas de trop et se jette littéralement sur lui. Pour se défendre, le joueur peut faire usage d’un pistolet ou d’une arme de mêlée comme une hache ou une pelle qui permet un certain nombre d’attaques avant de se briser.
Le problème majeur des combats est qu’à chaque fois qu’un ennemi parvient à blesser le joueur, les mouvements du personnage font en sorte que le faisceau de la lampe part dans tous les sens, ce qui ne permet pas de riposter. De plus, les ennemis attaquent souvent en groupe, ce qui fait que l’on reçoit une pluie de coups sans pouvoir réagir et on finit par lâcher la manette dans l’attente du message que l’on est mort. On doit alors repartir du dernier point de sauvegarde et essayer de nouveau. Je n’ai pas honte de dire que j’ai opté pour le niveau de difficulté Facile et malgré tout, certaines séquences m’ont pris une dizaine de fois avant de réussir.
Visuellement, Alone in the Dark séduit par son apparence inspirée de la Louisiane des années 20 avec sa végétation luxuriante et ses habitations typiques. Les personnages sont tous vêtus à la mode de l’époque. Les animations lors des cinématiques sont attrayantes, même si parfois leurs mouvements sont exagérés, un peu à la manière d’un film muet. Le choix de couleurs laisse cependant à désirer, on navigue surtout dans des tons de bruns. Le jeu contient également une bonne quantité de bogues au niveau des graphismes, avec des personnages qui restent pris dans des éléments du décor, ou une partie de l’environnement qui devient un paquet de pixels si on la regarde d’un certain angle.
La publicité du jeu misait fort sur les acteurs qui incarnent les personnages principaux, à savoir Jodie Comer, que l’on a vu dans Killing Eve et Free Guy, et David Harbour, vedette de la série Stranger Things et du film Black Widow. Tous deux font un très bon travail, même si le scénario ne leur donne pas énormément à dire. Les dialogues proviennent en majorité de la narration lorsque l’on découvre un document important. Le jeu contient peu de musique, mais ce qu’il inclut a la sonorité classique de cette époque. Une ombre du côté de l’audio est les grognements des monstres qui sont très répétitifs.
En conclusion, Alone in the Dark est un bel hommage au jeu original, avec une histoire qui intrigue, mais des mécaniques de combat boiteuses et frustrantes. Le jeu est recommandé pour ceux qui sont nostalgiques des jeux des années 90 (la version de luxe du jeu inclus même une option pour changer l’apparence des personnages pour celle de l’original), mais les amateurs de jeu de survie et d’horreur peuvent facilement trouver mieux ailleurs.
J’aime
- L’exploration intrigante du manoir ;
- La performance des acteurs ;
- Le côté visuel réussi.
J’aime moins
- Les combats frustrants ;
- La palette de couleurs limitée ;
- La mécanique du déplacement dans l’obscurité.
La copie de Alone in the Dark utilisée pour cette critique a été fournie par THQ Nordic.
Alone in the Dark
Scénario
Graphismes
Bande sonore
Jouabilité
Durée de vie
Intrigant et frustrant
Explorer le manoir Derceto dans Alone in the Dark est agréable, mais le système de combat vous laissera frustré.