Metal Gear Solid V The Phantom Pain

Metal Gear Solid V : Une oeuvre inachevée

Après avoir investi plus de 100 heures de jeu en seulement deux semaines sur Metal Gear Solid V : The Phantom Pain, je suis prêt à rendre mon verdict. Ne tournons pas autour du pot, Metal Gear Solid V : The Phantom Pain est un excellent jeu, et il doit absolument être dans la conversation lorsque viendra le temps de choisir un Jeu de l’année. Oui, c’est bon à ce point-là… Et malgré tout, je suis déçu par l’épisode ultime de la série créée par Hideo Kojima. MGS V est un excellent jeu vidéo, mais un mauvais Metal Gear Solid. Voyez pourquoi dans le test qui suit (sans spoilers, évidemment !).

Le FOX Engine en met plein la vue

Quand on sait qu’il s’agit peut-être du dernier titre majeur à utiliser le FOX Engine, moteur graphique développé par Kojima Production, il y a de quoi crier à l’injustice. MGS V est parfois très beau, parfois sublime graphiquement. Même si les décors sont peu variés tout au long de l’aventure, on remarque des qualités indéniables aux graphismes du jeu, particulièrement pour la modélisation et pour les effets d’éclairage. La portée du champ de vision est également digne de mention, et vous ne verrez que très rarement des textures apparaître, fait remarquable pour un jeu open world de l’envergure de MGS V.

metal gear solid v graphismes
Le moteur FOX Engine nous montre ce qu’il a dans le ventre.

Le cycle jour/nuit et les conditions météo sont également bien gérés par le FOX Engine, même si l’Afghanistan et l’Afrique présentent leurs plus beaux attributs sous un soleil de plomb.

Les cinématiques produites à même le moteur FOX Engine, bien que moins nombreuses que dans les précédents Metal Gear Solid, en mettent plein la gueule, et on reconnait la touche d’Hideo Kojima, qui n’a jamais caché sa passion pour le cinéma.

Bref, très peu de points négatifs à amener en ce qui concerne les graphismes et l’esthétique du jeu. Quelques flous ici et là, mais rien pour miner l’immersion (le jeu a été testé sur PS4 et a affiché de très bonnes performances stables en 1080p à 60fps).

Une bande sonore riche qui se découvre petit à petit

Les jeux Metal Gear ont toujours été agrémentés d’une bonne trame sonore, et The Phantom Pain ne fait pas exception à la règle. Le thème principal, Sins of the Father, interprété magistralement par Donna Burke, restera gravé dans votre tête longtemps ! Le thème de Quiet est également très touchant, et très bien interprété par Stefanie Joosten, l’actrice qui interprète l’énigmatique sniper.

cassette metal gear solid v
Préparer le mixtape ultime des 80s, une mission secondaire prioritaire pour Snake !

Ce qu’on retient surtout de la bande sonore de MGS V, c’est les nombreuses cassettes qu’on découvre tout au long de l’aventure, et qui peuvent être écoutées à l’aide du bon vieux iDroid, ou encore être utilisées avec votre hélicoptère. Quoi de plus épique que de s’enfuir d’un champ de bataille à bord d’un hélicoptère qui pousse «The Man who sold the World» de David Bowie dans le tapis ? Comme le jeu se déroule en 1984, la bande sonore est composée exclusivement, à l’exception des chansons originales, de hits du début des années 80. Les mélomanes en ont à se mettre sous la dent avec The Phantom Pain, et trouver la totalité des cassettes deviendra rapidement un défi prioritaire.

Kiefer Sutherland, qui interprète Snake, en compagnie d'Hideo Kojima lors d'une séance de Motion Capture.
Kiefer Sutherland, qui interprète Snake, en compagnie d’Hideo Kojima lors d’une séance de Motion Capture

Parlons voice acting maintenant. Si vous êtes fan de la série comme moi, vous n’êtes pas sans savoir que David Hayter, voix de Snake depuis Metal Gear Solid (1998), a été laissé de côté pour ce volet. Une décision vivement critiquée par les fans, même si son remplaçant n’est nul autre que Kiefer Sutherland, aka Jack Bauer. Alors, comment se débrouille-t-il, le Kiefer ? En général, il fait un boulot correct. Il faut dire que Big Boss/Snake ne parle pas beaucoup dans MGS V… Ceux qui aimait les dialogues interminables sur Codec des précédents Metal Gear seront déçus.

Troy Baker ocelot mgs v
Troy Baker n’est pas mauvais dans le rôle d’Ocelot, c’est son personnage qui est sous-utilisé.

Je dois admettre que je ne comprends toujours pas la décision de Kojima, surtout que Kiefer Sutherland doit coûter plus cher en honoraires que David Hayter. Le changement n’est toutefois pas assez significatif pour influencer mon appréciation globale de MGS V, et Kiefer Sutherland est crédible en Big Boss. Troy Baker, qui commence à être connu dans le milieu du doublage, se débrouille bien dans le rôle d’Ocelot, même chose pour Robin Atkin Dawnes, qui interprète Kazuhira Miller.

Une durée de vie monstrueuse

Si les jeux Metal Gear (mis à part Peace Walker) ont toujours été linéaires et relativement cours (entre 10h et 20h de durée de vie), The Phantom Pain se démarque avec une durée de vie monstrueuse. Comme je l’ai mentionné en ouverture, après plus de 100 heures de jeux, je suis loin d’avoir complété le jeu à 100 %, et comme c’est une merveille de jouabilité (plus d’information sur ce point plus loin dans le test), on y retourne et on ne voit pas le temps passer. Et ici, je parle seulement de l’aventure solo de MGS V. J’ai à peine touché au mode FOB, qui vous permet d’envahir la base de quelqu’un ou de défendre la vôtre. Ajoutez à cela MG Online, qui sera disponible en octobre, et vous obtenez une durée de vie quasi illimitée.

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Le développement de la Motherbase, un travail de longue haleine.

Si vous passerez le plus clair de votre temps sur le terrain en mission, une portion considérable de vos heures de jeu seront investies en gestion et organisation de votre Motherbase. Grâce au Fulton Recovery System, vous pourrez kidnapper des soldats ennemis sur le champ de bataille et les rallier à votre cause. La capture de soldats apporte donc un aspect «Pokemon Attrapez-les tous» fort intéressant et addictif, et mettre la main sur un prospect avec de bons attributs a un impact palpable sur le développement de la base et/ou de nouveaux items. Vous pouvez par la suite attribuer vos recrues à la plateforme qui répond le mieux à leurs aptitudes. Un scientifique ira assurément sur la plateforme Recherche et Développement, alors qu’un soldat pur et dur ira sur la plateforme Combat. Vous voyez le portrait. Plus vous recrutez, plus le niveau de vos plateformes augmente, et plus vous pouvez développer des trucs cools.

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Oui, vous pouvez vous construire un zoo sur la Motherbase grâce au Fulton…

Le développement des diverses plateformes de votre base vous permet de développer de nouveaux outils à ajouter à l’arsenal de Snake, et la progression, bien que lente, se fait bien sentir. Aussi, vous pouvez envoyer vos soldats au combat dans des missions qui vous apporteront des ressources importantes.

Bref, entre les séquences de jeu à proprement parler et la gestion de la base, la durée de vie est phénoménale et n’a rien à envier aux Witcher 3 et autres GTA 5 de ce monde. Surprenant pour un Metal Gear !

Une jouabilité sans failles

C’est bien beau, des centaines d’heures de jeu, mais encore faut-il que le tout soit amusant. Rassurez-vous, la jouabilité est sans failles. Jamais contrôler Snake n’aura été aussi jouissif que dans The Phantom Pain. Si la série MGS s’était à un certain moment fait dépasser par Splinter Cell en matière de jouabilité pour un jeu action/infiltration, MGS V replace la série sur la première marche du podium, et de loin. Une pure merveille qui deviendra une référence pour les développeurs.

Big Boss n'a jamais été aussi mobile que dans The Phantom Pain
Big Boss n’a jamais été aussi mobile que dans The Phantom Pain.

L’arsenal mis à la disposition de Snake est très varié, et vous aurez à utiliser toute votre créativité pour remplir certains objectifs. Ce que j’aime le plus à propos de MGS V, c’est que presque à chaque fois où je me demande si une telle chose est possible à faire, elle l’est. Le jeu met entre vos mains certaines mécaniques, de nombreux outils et un terrain de jeu, et vous en faites ce que vous voulez. Remarquable ! Si vous êtes tannés des jeux qui vous prennent par la main, vous ne serez pas déçu pas MGS V. Le jeu récompense l’intelligence et la créativité du joueur comme peu savent le faire, et ça fait du bien, à une époque où les tutoriels ne finissent plus et où on se fait constamment imposer une façon de jouer.

MGS V boites de carton
Les boîtes de carton sont de retour, et vous pouvez maintenant les décorer pour distraire l’ennemi.

À lui seul, le système de Buddy du jeu, qui vous permet d’amener un compagnon sur le terrain, offre une grande variété au niveau de la jouabilité. Une mission avec Quiet à vos côtés ne se déroulera pas de la même manière que si vous utilisez D-Dog, par exemple.

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Quiet deviendra rapidement votre alliée préférée… pour diverses raisons !

Quand on combine tous les facteurs, c’est une mer de possibilités qui s’offre à vous dans The Phantom Pain. La jouabilité n’a de limite que celle de votre imagination, et ça, c’est vraiment le plus gros point fort de MGS V.

Un scénario qui en laissera plusieurs sur leur faim

J’ai parlé de déception en introduction. Et bien , nous y voici. Qui aurait cru que le seul aspect décevant de MGS V serait au niveau du scénario ? Certainement pas moi ! C’est qu’Hideo Kojima nous a habitué à l’excellence par le passé. Bien que compliquée pour les néophytes, la trame scénaristique de la série représente pour plusieurs le pain et le beurre de Metal Gear Solid. Avec The Phantom Pain, l’histoire prend un pas de recul. Soyons clairs cependant : le scénario de MGS V est mieux que 95 % de ce qu’on retrouve sur le marché du jeu vidéo. C’est vraiment en le comparant aux standards définis par la série Metal Gear qu’on remarque à quel point le scénario de Metal Gear Solid V est faible. On pourrait blâmer l’aspect Open World du jeu, qui brise un peu le rythme de la progression. Ou peut-être pourrait-on blâmer le choix de séparer le jeu en épisodes, un peu à l’instar d’une série télé. Cela serait de se duper. Le véritable problème, c’est au niveau du rythme, mais surtout au niveau de la conclusion, si conclusion il y a.

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Le personnage de Skullface ne passera pas à l’histoire…

Spéculations : Hideo voulait tellement réaliser l’épisode ultime parfait qu’il a brûlé tout le budget sur le FOX Engine et sur des détails. Quand est venu le temps de demander plus de fonds, Konami avait déjà amorcé sa restructuration interne (rappelons que la compagnie japonaise souhaite s’écarter des jeux AAA pour développer plus sur mobile). Ils ont alors refusé de payer la note, puisque le jeu avait déjà couté environ 80 millions à la compagnie, et ils se sont séparés de Kojima. Malheureusement, la rupture se fait sentir dans The Phantom Pain, particulièrement dans la deuxième moitié… Les fans de Metal Gear qui souhaitaient que MGS V soit le chaînon manquant de la série seront déçus au possible.

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Le scénario a ses moments, mais on est loin des standards de qualité qui font la renommée de la série.

C’est donc un chef d’œuvre inachevé qu’on se fait mettre entre les mains avec MGS V. Ironique, quand on considère la longueur de The Phantom Pain… Le rythme de la trame scénaristique est tellement mauvais, et la fin arrive si soudainement qu’on reste sur notre appétit. Sans entrer dans les détails pour éviter les spoilers, certaines trames scénaristiques n’ont tout simplement pas de conclusion, et c’est frustrant.  Pire encore, Metal Gear Solid V ne répond pas aux promesses de Kojima. On était supposé vivre la descente aux enfers de Big Boss, sa transformation en vilain, la création d’Outer Heaven qui mène au tout premier Metal Gear. On se fait plutôt servir un scénario incomplet à la ramasse, une première pour la série, qui est reconnue pour sa narration hors pair. Qui est à blâmer pour ce fiasco narratif ? Hideo Kojima, son égo et son trop grand souci du détail ? Konami et leur réorganisation ? Personnellement, j’aime mieux blâmer l’industrie contemporaine du jeu vidéo, une business à forte compétition qui mise davantage sur les efforts marketing que sur la qualité du produit. D’après moi, Konami a forcé la main de Kojima pour une sortie en 2015, alors que le jeu aurait pu bénéficier d’au moins un an de développement supplémentaire, ne serait-ce que pour étoffer la trame scénaristique. Je ne serais pas surpris de voir atterrir la véritable conclusion de Metal Gear Solid V sous forme de DLC. Après tout, c’est maintenant une pratique courante de l’industrie de couper volontairement du contenu pour le vendre par la suite. Cela semble à première vue peu probable, compte tenu des relations difficiles entre Hideo Kojima et Konami, mais sait-on jamais…

Confessions du rédacteur

Je suis un fan fini de Metal Gear depuis l’adolescence, plus précisément depuis MGS sur PSOne (1998). Chaque jour de sortie d’un nouvel épisode de la série est un happening pour moi. J’attendais donc Metal Gear Solid V avec beaucoup d’appréhension, surtout depuis qu’on a eu la confirmation qu’il s’agissait du dernier épisode d’Hideo Kojima, licencié par Konami. Dans ma tête de fanboy, je refusais de croire que Kojima pouvait manquer son coup. Après tout, jamais il ne m’avait déçu en 15 ans. Je dois maintenant admettre qu’Hideo, mon idole, a échappé la balle avec le scénario de Metal Gear Solid V. Manque de budget ? Développement chaotique ? Conditions de travail inacceptables chez Konami ? Le fan s’en fout de tout ça… Ce qu’il voulait, le fan, c’est une conclusion qui boucle la boucle, une finale digne de la mention « A Hideo Kojima game ». Cette finale, le fan va devoir se l’imaginer, parce qu’il ne l’a pas eue avec The Phantom Pain. Quelle déception !

Verdict final

Metal Gear Solid V The Phantom Pain est un jeu difficile à noter, particulièrement pour un fan de la série. Si on ne peut nier les qualités exceptionnelles du titre, ses défauts sont d’autant plus frustrants. Je vais tenter de demeurer neutre dans l’attribution de la note. Ce que nous livrent Kojima et Konami avec The Phantom Pain, c’est un jeu terriblement amusant, beau à en pleurer, avec quand même plusieurs moments qui resteront gravés dans nos mémoires. Il serait malhonnête de ma part de laisser ma déception de fanboy faire ombrage sur mon verdict, parce que le jeu mérite d’être joué par tout le monde, ne serait-ce que pour la satisfaction que son gameplay procure. De plus, ceux qui n’ont jamais touché à un Metal Gear dans le passé pourront apprécier Metal Gear Solid V à sa juste valeur. Je donne donc à Metal Gear Solid V : The Phantom Pain une grosse note, un peu à contrecœur. Je n’ai pas le choix, le jeu est juste trop bon… Imaginez s’il avait été complet !

Les plus :

  • Des graphismes soignés et somptueux
  • Une jouabilité permissive quasi parfaite qui encourage la créativité
  • Une durée de vie phénoménale pour un jeu action/infiltration
  • Une bande sonore mémorable
  • La Motherbase, qui ajoute un aspect de gestion intéressant au jeu

Les moins :

  • Un scénario inachevé qui ne répond pas aux attentes des fans
  • Un manque de variété au niveau des environnements, mais aussi des missions
| Site web officiel |

Metal Gear Solid V

Graphismes
Bande sonore
Jouabilité
Durée de vie
Scénario

Incontournable

Ceux qui n'ont jamais touché à un Metal Gear dans le passé pourront apprécier Metal Gear Solid V à sa juste valeur. Je donne donc à Metal Gear Solid V : The Phantom Pain une grosse note, un peu à contrecœur. Je n’ai pas le choix, le jeu est juste trop bon… Imaginez s’il avait été complet !

À propos de Jean-Philippe Bouchard

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