Disturbing Ultimatum : le jeu où il faut choisir le moindre mal

Quelques jeux dans la lignée de Would you rather sont récemment sortis sur internet et en jeux pour mobile.  Cela se joue ainsi : une personne donne deux choix à une autre ; préférerais-tu manger un pot de mayonnaise ou te retrouver en caleçon devant la classe ? La victime choisit le moindre mal, tout le monde rit.  Ce jeu vieux comme le monde et qui réveille le philosophe en nous est la base essentielle du jeu Disturbing Ultimatum. Les joueurs ont sept cartes dans les mains. Ils choisissent deux cartes parmi celles-ci et forcent un autre joueur à prendre une décision pour déterminer la carte avec la situation qu’il considère la moins grave. L’originalité du jeu est que les joueurs doivent ajouter détails et saveurs aux cartes pigées (fortement conseillé dans les règlements et pour rendre le jeu plus agréable). Et donc, manger un pot de mayonnaise peut devenir un pot laissé sur le comptoir vieux de trois jours, par exemple. Ce qui rend la carte bien mieux (ou pire selon le point de vue).

Couleurs attrayantes et bien mises pour attirer le regard, des petits dessins humoristiques qui font bien rire, une boite facile à transporter et pas besoin de table pour jouer ; bref, un excellent jeu pour les longs trajets routier. Côté technique toutefois, on retrouve quelques regrettables défauts, mais aussi de charmantes originalités.

Bien entendu, avec la contrainte : le joueur ajoute des détails, le jeu change et dépend beaucoup des joueurs. On ne peut donc pas jouer avec tout le monde (au risque d’une partie ennuyante ou, du moins, bien moins intéressante qu’avec un groupe imaginatif). Bien entendu, il est plus plaisant de jouer avec des gens qui ajoutent des détails intenses que des gens qui ne font que lire les cartes sans rien y ajouter. Les personnes qui décideront d’aider le groupe de Disturbing Ultimatum à financer le projet sur Kickstarter recevront des cartes avec des images. Cela enrichit le jeu et il est très dommage que le créateur ait dû se limiter dans le nombre d’images.

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Les différentes versions du jeu sont plus drôles et plus originales que le jeu de base. Il est donc plus agréable de regarder les différences proposées par le créateur dans le manuel de jeu. Une version où tous choisissent une carte pour compléter celle de départ (piochée au hasard) ; une autre version où tous doivent deviner ce que choisira la personne qui doit prendre une décision. La version où l’on doit deviner est encore plus comique du fait que le livret propose une version à boire. Cela pimente beaucoup la chose.

Il y a trop de cartes qui viennent en duo ou qui se répondent l’une et l’autre (par exemple, la carte ne pas avoir d’amis et ne pas avoir de famille). Quand un joueur pige le tandem, le jeu devient intéressant et drôle, car, bien sûr, elles vont ensemble. Par contre, seules, ces mêmes cartes peuvent avoir le défaut de perdre leur pertinence ou encore simplement d’être ennuyantes. Toutefois, certaines cartes posent de vrais dilemmes : par exemple mixer la carte passer une nuit complète dans un lit simple avec un cadavre avec la carte Être capturé par ISIS, sont de bons dilemmes qui amènent à réfléchir (d’autant plus qu’elles peuvent être prises séparément). D’autres cartes sont tellement ridicules que de les nommer seules fait pouffer de rire. D’autres sont comiques (et aussi un peu dégoûtantes) : manger un tampon sale pour ne nommer qu’une seule.  D’autres sont inutiles et ennuyantes : Avoir une fille nerd ? Être fan de Donjon et Dragon ? Cela n’est ni drôle ni pertinent et il faut que les autres joueurs ajoutent vraiment beaucoup de détails pour faire de la carte un vrai dilemme. On voit ici une certaine maladresse du créateur. Il est facile de comprendre les préjugés et les mauvais aspects sociaux que l’on donne aux nerds ou aux adeptes de Dongeons et les stéréotypes liés à ses éléments, mais justement les principaux joueurs et amateurs de jeux de société sont ces fameux geeks ou nerds. Et à défaut d’insulter (après tout ce ne sont pas des coeurs sensibles qui peuvent jouer à ce jeu), les cartes deviennent sans intérêt et se concluent en regard déçus venant de la personne qui les a pigées et la personne qui doit choisir. Le créateur semble avoir un public précis en tête avec ce jeu, mais qui n’est peut-être pas le genre de public qui achète le plus souvent des jeux de société.

Disturbing Ultimatum

On dit que pour bien écrire, il faut lire. Je crois que le créateur gagnerait à jouer à plus de jeux du genre pour s’inspirer des points forts (et faibles) d’autres jeux. Même avec le cerveau intoxiqué par l’alcool, ce n’est pas un jeu à passer des heures à jouer. Au bout d’une heure, tout le monde en avait assez. Comme Cards Against Humanity (une des inspirations du créateur), il y a des cartes plus fortes que d’autres. Parfois (ou souvent), il y avait différents sujets ou références qui sont inconnus de certaines personnes ou groupes. Un bon joueur peut ajouter de la sauce au jeu, faire une bonne mise en contexte pour rendre le choix vraiment difficile ; bien entendu, mais le jeu repose trop sur les joueurs et pas assez sur le contenu des cartes lui-même. Un jeu devrait reposer davantage sur la façon de jouer pour rendre le tout divertissant et non se fier aux joueurs pour rendre le jeu meilleur. Bien sûr, le groupe aide toujours à passer une bonne soirée de jeu de table, mais un bon jeu ne devrait pas dépendre du groupe pour être amusant. Cela donne l’impression que le jeu n’est malheureusement pas à son plein potentiel, ce qui est dommage puisque l’idée est excellente.

Les jeux du genre sont habituellement plus drôles et intéressants avec un grand nombre de joueurs, ce qui n’est pas le cas pour Disturbing Ultimatum. S’il y a trop de membres, le tour peut prendre tellement de temps à venir que le choix des autres joueurs doit être exceptionnellement bon pour garder l’attention. Ce qui (comme pour tous les jeux) n’arrive pas à chaque tour. Sur cet élément, la version du jeu où tous jouent en même temps apporte beaucoup à la jouabilité. D’ailleurs, le jeu n’explique pas qui est le prochain joueur, donc il a fallu inventer à qui venait le tour par nous-mêmes. Le jeu est aussi beaucoup plus drôle en état d’ébriété ce qui, je crois, était un objectif du créateur.

En résumé, le jeu Disturbing Ultimatum est une excellente idée, mais qui n’est pas exploitée à son plein potentiel. Les versions alternatives sont plus amusantes que le jeu de base, mais dépendant du groupe, le jeu peut être beaucoup plus drôle d’une partie à l’autre. Le jeu est agréable à l’œil, mais contient trop de cartes impertinentes (par l’image ou ce qui y est écrit). Cela reste un jeu très drôle à jouer, mais gagnerait à être revu et améliorer en conséquence de son public.

Plus de détails sur la page Facebook ou le site web officiel.

À propos de Kim Couture

Diplômée (bac) en écriture de scénario Geek depuis la plus tendre enfance Mon premier emploi de rêve était d'être Tortue Ninja, Malheureusement, il n'y avait plus de place libre!

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